Au moment où les enseignants défraient la chronique parce qu’ayant pris en otage l’école au point d’hypothéquer l’avenir de millions d’enfants, certains continuent malgré tout à donner le meilleur d’eux-mêmes afin de réduire l’impact de cette situation. Ancien footballeur, ex-journaliste sportif et aujourd’hui directeur du second cycle de l’Ecole fondamentale «Sibiry Coulibaly» de Lassa (commune IV du District de Bamako), Issa Traoré occupe une place honorable dans ce lot. Il se bat comme un beau diable pour que les élèves de la seule classe d’examen qui est sous sa responsabilité puissent continuer à apprendre afin de mieux préparer le DEF. Et parallèlement, son centre de football de Djicoroni Para offre aux enfants le cadre idéal d’assouvir leur passion et rêver de la plus brillante des carrières sportives.
«Je passe seul la journée à l’école depuis un mois. C’est la désolation totale au niveau de la direction et des parents. Les enfants viennent et repartent. Tu ne sais même plus quoi leur dire» ! C’est ce que M. Issa Traoré nous a confié lors d’un reportage (en février 2020) sur l’impact de la grève des enseignants à Lassa, en commune IV du district de Bamako. Il y est directeur du second cycle de l’Ecole fondamentale «Sibiry Coulibaly». Un établissement qui compte un effectif de 276 élèves et où enseignent six professeurs tous en grève. Sa préoccupation n’était pas feinte. Tout comme sa crainte de se retrouver dans le même scénario catastrophique que l’année scolaire 2018-2019.
«A cause des perturbations de l’année scolaire passée, nous n’avons pu réaliser que 17 % de réussite au DEF contre 98 % la précédente année», a-t-il déploré lors de notre reportage. Et de préciser avec beaucoup d’amertume, «les grèves ont commencé à la veille des congés de Noël (décembre). Nous avons néanmoins pu organiser l’examen du premier trimestre. Malheureusement les résultats n’ont pas pu être encore proclamés car les enseignants grévistes détiennent les copies corrigées».
C’est pourquoi, il a pris ses responsabilités en dispensant lui-même des cours (français, anglais, histoire et géographie) aux élèves de la 9e année fondamentale. Prendre ses responsabilités ! Une chose à laquelle Issa est habitué car, en plus d’être enseignant, il a aussi été footballeur. Reconversion ?
«Non ! Je ne me suis pas reconverti car je suis enseignant de formation. Je suis diplômé du DER Anglais de l’Ecole normale supérieure (ENSUP)», explique le professeur d’anglais. Et de préciser, avec une légitime fierté, «je suis de la même promotion que les Kodji Siby (ORTM) et Alioune Ifra Ndiaye (entrepreneur culturel et promoteur de Blonba)… de 1991 à 1996».
Une ambition contrariée par des ennuis de santé
Et c’est sans doute la passion du foot qui a conduit au journalisme. «C’est étant enseignant que j’ai subi une courte formation par correspondance avec Educatel-France sur la presse sportive», indique Issa. Après un stage au Les Échos, il a été chef du desk sport à la radio «Dambé» en 2001. Le journaliste sportif a aussi servi à la radio «Benkan».
Fils d’administrateur militaire, qui a servi comme chef d’arrondissement dans presque toutes les régions du pays, Issa a eu une enfance très mouvementée. «Je n’ai pu me fixer qu’après l’obtention du DEF. J’ai alors été orienté au lycée Prosper Kamara en Octobre 1988», nous rappelle-t-il. C’est à cette époque qu’il a pu réellement se consacrer à sa passion : le football !
«En ce moment, Jules avait en charge le centre du Stade Malien où j’ai évolué avant l’arrivée de Salif Kéita dit Domingo en 1993-94. Je suis allé pour le test au Centre Salif Kéita et j’ai été admis en devenant du coup l’un des tous premiers Centristes», raconte Issa. Malheureusement pour le virevoltant ailier, le bail n’a duré que deux saisons à cause des ennuis de santé. «En 1995, j’ai eu un mal gastrique qui ne me permettait plus de pratiquer le sport intensif. Ce fut la fin de ma carrière de joueur, mais le début d’une aventure d’entraîneur», se rappelle l’ex «Domingo Boy».