Le centre du pays continue de subir le diktat des hommes sans loi ni foi. Jour après jour, de nombreux villages tombent sous la coupole des présumés djihadistes dans le centre du pays. Alors que les localités de Bouyaguiweré, B Zanacoro et Mokon viennent rallonger la liste des villages occupés dans la région de Ségou, on annonce encore que 46 personnes ont été enlevées par des assaillants le samedi dernier dans le village de Kango. Une situation inquiétante dont font face les autorités locales. Car elle est susceptible de provoquer à la fois, des déplacés, mais aussi, de graves menaces sur la sécurité alimentaire dans la région.
L’insécurité va crescendo dans le cercle de Ségou et la situation, malgré le temps, n’est guère reluisante pour les différentes localités qui souffrent le martyre et vivent quotidiennement dans la peur. Le samedi 25 septembre 2021 aux environs de 6 heures du matin, des hommes armés ont fait irruption dans le village de Kango, commune de N’Koumandougou (cercle de Ségou) et ont emmené avec eux de force 46 hommes, a rapporté le président de la jeunesse de ladite localité. Les assaillants ont également emporté plus de 29 charrettes, conduit plus de 400 têtes de bétail dans leurs sillages comprenant des vaches, des chèvres, des moutons. L’alerte serait donnée par un villageois sous le choc et presque en pleurs, qui affirme être peiné par cette désespérante situation.
Pendant ce temps, les djihadistes sèment la terreur dans les localités de Bouyaguiweré, B Zanacoro, et Mokon. Un habitant d’une de ces localités occupées, selon Studiotamani.com, rapporte que les populations abandonnent massivement leurs villages. Dans la panique et le désespoir, certains partent pour des destinations inconnues, explique-t-il. « Le désespoir a fini par gagner tout le monde, et aucune intervention militaire n’a été faite malgré nos cris de cœur ; c’est pourquoi on a quitté le village pour ne pas périr. On a tout laissé derrière nous et à présent on fait face à la pauvreté et à la précarité», rapporte le site d’information.
La famine guette les populations
Certains responsables des services de l’agriculture ayant requis l’anonymat estiment que ces déplacements massifs des populations ont sérieusement impacté le secteur agricole. Ils craignent une insécurité alimentaire qui, selon eux, laisse déjà apparaître ses prémices. «Les besoins se font déjà sentir. Cette année, il n’y aura pas de récolte, et la famine va vite s’installer », affirme ce responsable de l’agriculture. Il signale que certaines autorités communales ont été alertées. « Le maire de la commune de Pogo ainsi que le maire de Séribala ont tous été informés de la situation. Ils ont fait remonter l’information au niveau de Niono pour que Bamako soit alerté».
Il faut rappeler que, depuis quelque temps, les villages du centre sont de nouveau envahis par les groupes armés de tous genres. Les avis sont partagés sur la démarche pour le retour de la paix. Pour certains, il faut une intervention militaire pour stopper le phénomène, d’autres, par contre, estiment qu’il faut aller vers une négociation avec les acteurs impliqués.
Bourama Keïta LE COMBAT