Les Gaois sont massivement sortis dans la matinée du mercredi 27 janvier 2021 pour dénoncer de la manière la plus pacifique l’insécurité dans la région de Gao à l’initiative de la Fédération des organisations de la résistance civile de Gao (FORC-G). Une mobilisation sanctionnée par la Déclaration de la Fédération des organisations de résistance civile de la Cité des Askia dont une copie a été remise au gouverneur, Général de Brigade, Moussa Traoré.
Situé au Quartier Château, un espace Orange-Money a été attaqué par 4 hommes armés non identifiés aux environs de 12 heures le mardi 26 janvier 2021. Arrivés à bord d’un véhicule, les bandits sont repartis avec une importante somme d’argent. Loin d’être un cas isolé, ce genre d’attaque plane sur la tête des opérateurs économiques et des populations de la Cité des Askia à tout moment, sans distinction de nuit ou de jour.
Et cela malgré une forte présence militaire dans cette ville, dont les forces armées maliennes et les mouvements armés. Les actes de banditisme y sont monnaie courante dans la ville et les auteurs sont rarement inquiétés. Pour crier son ras-le bol, la population est massivement sortie mercredi dernier (27 janvier 2021) pour dénoncer cette situation à l’appel de la Fédération des organisations de la résistance civile de Gao (FORC-G).
Bien encadrée par les forces de l’ordre (la police nationale et la garde nationale), cette manifestation a pris le départ au rond-point des Martyrs pour se terminer devant le gouvernorat où le gouverneur de la région de Gao a reçu les leaders de la FORC-G. Le porte-parole de l’organisation, Soumana Amadou, a lu une déclaration devant le chef de l’exécutif régional, Général de brigade Moussa Traoré.
Par sa voix, les manifestants ont donc revendiqué la représentation de la FORC-G dans toutes les commissions de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR), l’intégration des 187 éléments de la FORC-G promis par l’État dans le cadre du DDR, l’accélération du grand DDR, une enquête indépendante sur les tueries perpétrées sur les jeunes manifestants à Gao le 12 juillet 2016… Dans la déclaration lue, il est aussi question d’élargissement des autorités intérimaires régionales aux jeunes et femmes des mouvements de résistance civile de Gao et de leur implication dans les activités du ministère en charge de la Réconciliation nationale.
Les manifestants ont également exigé le retour immédiat des services financiers de l’État à Gao, l’activation des Comités de veille et d’alerte, le contrôle des véhicules et motos à l’entrée de la ville, la revue des tranchées autour de la ville, le retrait du poste de contrôle à l’entrée du pont de Wabaria et le maintien du poste militaire, le redéploiement des forces étrangères de la Minusma et Barkhane dans les zones de Bourem, Bamba, Labbezanga, N’delimane, Tessit et Ouatagouna en coordination avec les FAMa, la sécurisation immédiate des axes routiers et des agglomérations…
Ces organisations de la société civile ont aussi réclamé l’intégration de la jeunesse résistante de Gao dans les Forces armées et de sécurité avec les grades dus à leur statut et au prorata des 25.012 armes de guerre remises à l’Opération Serval et aux FAMa. Ils demandent également la construction de la route Gao-Sévaré.
Une copie de la déclaration a été remise au Général Moussa Traoré, le gouverneur de la région qui a promis de la transmettre à qui de droit. La FORC-G a également appelé la communauté internationale, la Minusma et la force Barkhane à «prendre acte» de cette déclaration. Quand aux autorités maliennes, elle leur a accordé «un délai raisonnable» pour trouver une solution à ces différentes revendications.
Ces préoccupations doivent bénéficier de tout l’intérêt des autorités de la transition pour être traitées avec diligence d’autant plus que les populations de Gao n’ont jamais cessé de se battre pour renforcer l’état central. Elles méritent donc en retour la reconnaissance et la considération de la nation !
Kader Toé