vendredi 22 novembre 2024
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IMMIGRATION CLANDESTINE : Quand l’Algérie récidive en commettant un crime d’Etat

La mer méditerranée, sous ses eaux d’un bleu turquoise sublime, est devenue un véritable cimetière aquatique pour nombre de jeunes africains subsahariens. Hélas, le décompte macabre continue. Selon l’Organisation internationale pour les migrants (OIM), rien qu’en 2018, plus de 655 décès sont à déplorer en méditerranée. En 2017, ils étaient 3100, morts ou disparus. Cependant, à nos portes, dans le grand désert, beaucoup de migrants trouvent la mort dans des conditions atroces. Le coupable désigné, selon l’agence de presse américaine Associted Press (AP), un pays voisin qu’on dit frère : l’Algérie.
Pourtant, les expulsions inhumaines commises par l’Algérie, sont bien connues de tous. De nombreux migrants subsahariens de retour au pays ont livré des témoignages sur les conditions atroces de rapatriement aux frontières malienne et nigérienne. Systématiquement, le gouvernement algérien rapatrie les migrants à ces deux frontières, sans aucune vérification préalable de leurs pays d’origine. Comme si tous ces malheureux étaient originaires, soit du Mali ou du Niger. En fait, il s’agit tout simplement des deux pays de l’Afrique subsaharienne qui partage des frontières avec l’Algérie. Une attitude qui indigne, à tel point que le ministre de l’intérieur du Niger, Mohamed Bazoum, a demandé, en février 2018, au gouvernement algérien de cesser de rapatrier des non-nigériens au frontière de ce pays.
Selon AP, les expulsions de l’Algérie ont repris depuis octobre 2014. On en dénombre aujourd’hui plus de 13 000 migrants au cours des 14 derniers mois. Une récidive des expulsions qui coïncide avec les pressions de l’Union Européenne sur les pays d’Afrique du nord afin d’empêcher l’arrivée massive des migrants sur ses côtes. De son côté, l’UE s’en lave les mains et argue que les pays souverains ont le droit d’expulser les migrants tant qu’ils respectent la loi internationale. Mais alors, où est le respect du droit internationale, quand des migrants sont transportés comme des troupeaux de moutons à bord de camions benne et livrer dans le désert, sans aucun recours ni secours ?
En l’absence total de chiffres de la part du pays de Bouteflika, AP a mené son enquête auprès des l’OIM. Ainsi, « le nombre de migrants arrivant à pied au Niger n’a cessé d’augmenter », depuis mai 2017, lorsque « 135 personnes ont été abandonnées à la frontière », a indiqué AP selon laquelle le chiffre a atteint les 2888 en avril de cette année pour porter le total de migrants ayant « survécu à la marche » à 11 276 hommes, femmes et enfants, selon l’IOM. « Au moins 2500 autres migrants ont été obligés à une marche similaire cette année à travers le Sahara vers le Mali voisin avec un nombre inconnu de personnes ayant succombé en cours de route », selon AP.
L’agence de presse américaine livre d’autres détails. Les migrants, rassemblés par centaines, sont rapatriés dans une zone, appelé le point zéro. Par la suite, on leur montre la direction de la frontière du Niger et sont sommés de marcher vers la destination, souvent sous la menace d’une arme. Et il arrive même qu’ils soient relâchés avant d’atteindre ce point zéro. Citant l’OIM, AP raconte qu’ « au début du mois de juin, 217 hommes, femmes et enfants ont été lâchés bien avant d’atteindre le point zéro, à 30 kilomètres de la source d’eau la plus proche ». Malheureusement, sur le chemin du retour, beaucoup meurent. Constater l’ampleur du drame dans la Sahara sahélien est extrêmement difficile : « le Sahara est un tueur rapide qui laisse peu de preuves. La chaleur aride détruit les corps et le sable qui souffle recouvre les restes » a renchéri l’agence.
De nombreux ONG dénoncent l’attitude inadmissible de l’Algérie. En octobre 2017, Amnesty International accuse le pays de procéder à des profilages ethniques avant l’expulsion des migrants. En mai 2018, le Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme a appelé l’Algérie « à cesser les expulsions collectives de migrants, notamment originaires d’Afrique subsaharienne ».
De son côté, le gouvernement algérien botte en touche. Selon le ministère des Affaires Etrangères de l’Algérie, il s’agit, ni plus ni moins, d’ « une campagne malveillante » visant à nuire au gouvernement algérien. Mais toujours, l’Etat malien demeure incapable de maitriser le flux de ses migrants. Un drame qui s’ajoute à un autre.
Ahmed M. Thiam
thiam@journalinfosept.com

Djibril Coulibaly

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