Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder depuis son bureau de directeur de Cabinet du Chef de file de l’Opposition, M. Ibrahima, non moins 2ème vice-président de l’URD se prononce sur les questions brulantes de l’heure. Il réagit entre autres sur les missions de son Cabinet, des membres qui le composent, leurs conditions de travail et quelques actions menées jusqu’ici. Il nous parle aussi de ce que l’Opposition reproche le plus à la gestion du régime actuel d’IBK. Notre interlocuteur répond également sans détours à la question de savoir si l’Opposition pourrait réaliser l’alternance tant souhaitée en 2018, sur le processus de paix en cours au Mali et fait des propositions concrètes pour la résolution de certaines graves crises de l’heure comme l’Ecole, la Santé, la Sécurité et la cherté de la vie. Actualité oblige, M. N’Diaye s’est exprimé enfin sur l’élection présidentielle française, qui a vu l’arrivée à la tête du pays du plus jeune président français de l’histoire de la République, Emmanuel Macron à 39 ans, avec son mouvement En Marche.
Infosept : Bonjour M. Ibrahima N’Diaye, le cabinet du Chef de file de l’Opposition a été constitué il y a de cela quelques mois. Peut-on connaitre avec vous les missions de ce Cabinet, sa composition, vos conditions de travail et les actions menées jusqu’ici ?
Ibrahima N’Diaye : Merci pour votre question qui vient à son heure, dans la mesure où le Cabinet est là depuis février 2017. Par définition, nous savons qu’un Cabinet est créé pour appuyer et accompagner un responsable dans l’accomplissement de ses missions. Dans le cas d’espèce, il s’agit ici du Cabinet du Chef de File de l’Opposition dont le premier responsable est l’honorable Soumaïla Cissé. Le Cabinet est un service administratif qui est essentiellement animé par des conseillers dans tous les domaines. Cela ne veut pas dire que les conseillers ont l’expertise en tout. Mais, ils savent aller chercher l’expertise pour la mettre à la disposition de celui pour lequel ils sont présents dans le Cabinet. Nous sommes cinq conseillers et, le Chef de File, a souhaité que ces conseillers viennent de différents partis composant l’Opposition républicaine et démocratique. Je puis dire que dans ce Cabinet, on a le PDES, le PARENA, le PRVM-FASOKO et l’URD qui y sont représentés. C’est ce que nous avons, le nombre de poste étant limité. Alors, le plus important est que le Cabinet soit en place, et depuis l’assistance qu’il est censé apportée au Chef de File n’a pas fait défaut.
Parlant des actions, je puis vous dire que nous tenons nos réunions et activités pour le Chef de File que nous accompagnons sur plusieurs plans. Il importe de souligner que le Chef de File de l’Opposition est là pour représenter l’ensemble des partis politiques de l’Opposition, ce qui implique qu’on ait énormément de réunions et autres activités préparées par le Cabinet. Au début, on tenait les réunions de façon rotative en passant au siège de chaque parti membre de l’Opposition, mais, aujourd’hui, le Cabinet est devenu le siège de toute l’Opposition et de toutes ses réunions. Voilà en deux mots ce que je pouvais dire concernant cette question. Mais, il y a eu énormément d’autres activités.
Infosept : Dans une Démocratie, le rôle de l’Opposition est surtout de critiquer et de proposer des alternatives, on voit bien que vous êtes bien à l’œuvre depuis, avec des dénonciations et des révélations de scandales documentées. Concrètement, de nos jours, qu’est-ce que vous reprochez le plus au régime actuel ?
Ibrahima N’Diaye : Nous reprochons beaucoup de choses au régime actuel et des choses extrêmement graves qui touchent à la vie de la Nation, entravent le progrès et le développement du Mali. Nous avons un régime qui a déjà fait quatre années sur cinq de son mandat. Nous savons que nous sommes un pays pauvre qui a beaucoup de problèmes et surtout que le régime hérite de beaucoup d’autres choses. Ayons l’honnêteté intellectuelle de le reconnaitre. Mais, partons seulement sur la base des promesses faites par le candidat IBK. Quand vous mettez en balance ce qui a été promis et ce qui a été réalisé, c’est comme le jour et la nuit. On se rend compte que là où le régime a été performant, c’est bien dans la tromperie : dire avec tant d’assurance des choses qui ne sont pas vraies et qui ne peuvent à la limite pas être réalisées. Aussi, le semblant l’a emporté sur le réel et les gens y ont adhéré souvent sans discernement. Les responsables de ce régime ont exploité l’angoisse et la misère du Peuple en essayant de convaincre sur du faux. Et cela n’a pas tardé à être connu des Maliens. Lorsque ce régime est venu aux affaires, l’année 2014 a été particulièrement décrétée, année de lutte contre la corruption. Mais, il n’y a jamais eu de bilan, et 2014 est finalement devenue l’année de tous les records en vols et en détournements de deniers publics.
Sur la gouvernance de manière générale, nous constatons que tout se fait sur du faux. «Le Mali d’Abord» a laissé place à « Ma Famille d’Abord ». Je suis au regret de le dire malgré les relations que j’ai eues avec le Président de la République. Si on ne dénonce pas ces comportements, on n’a pas dit la vérité. En outre, ce que nous reprochons, c’est l’insouciance. Nous en voulons pour preuve tous ses voyages au moment où le pays est dans un chaos indescriptible et où les soldats se font tuer au front. Ce qui est à déplorer encore est que pendant que d’autres Chefs d’Etat restent chez eux parce qu’il y a des choses à régler, notre Président ne rate aucun Sommet, aucune rencontre internationale, comme si tout allait pour le mieux au Mali. Pour rappel, nous avons eu des périodes beaucoup plus calmes, mais on n’a jamais vu un Président malien voyager autant. Avec ce régime, il n’y a eu que des promesses non réalisées. Qui ne se rappelle pas de l’annonce de 6000 milliards de F CFA faite par le président IBK après sa visite en Chine ? Le point d’orgue du quinquennat est la problématique sécuritaire. Les résultats sont désastreux et aucun malien ne dit cela avec plaisir. On aurait souhaité qu’IBK fasse mieux. Ce n’est pas la richesse du pouvoir qui est la plus importante, pour les partis que nous représentons. Nous avons préféré être dans l’Opposition et subir toutes les affres que cela suppose. Comme on le dit dans notre tradition, « payez votre ennemi pour qu’il vous dise la vérité si vos amis ne vous la disent pas ». Cela est culturel et l’Opposition est une nécessité, un besoin. Il faudrait qu’on l’explique suffisamment. Le budget alloué à l’Opposition n’est ni de l’aumône, encore moins une faveur particulière du régime. Mais, c’est ce que dit la loi. Aujourd’hui, ce qu’on voit au avec le RPM, c’est que le pays avec toutes ses ressources devient la propriété privée de ce parti et de ce pouvoir. C’est vraiment scandaleux, cette gestion patrimoniale et clanique. Quand on donne tel chèque aux femmes et telles autres sommes à d’autres, on dit que c’est IBK. Mais NON, ce n’est pas IBK, mais le pays. Nous Opposition, sommes là pour critiquer et proposer. Pour clore ce chapitre, je dirai que le pouvoir a à sa disposition les médias d’Etat qui ne sont pas accessibles à l’Opposition de la manière qu’il se doit. Et les médias privés, le pouvoir, avec les moyens dont il dispose, peut les influencer ou créer d’autres. Et s’il n’y a pas d’Opposition, ce qui est mauvais et maladroit ne seront jamais connus. Les populations ont besoin de savoir et de comprendre pour qu’au moment où elles votent puissent le faire en connaissance de cause. Le pouvoir ne se critiquera jamais lui-même. C’est pourquoi la démocratie a comme pilier l’Opposition. Tout le monde parle du financement des 500 millions de F CFA. Cette somme, il faut le reconnaitre est importante, surtout quand c’est l’argent du contribuable malien, mais à comparer à l’immense travail abattu par l’Opposition, elle peut paraitre dérisoire face à un pouvoir qui a fait sien tous les moyens de l’Etat. Mais Dieu merci, avec cette somme nous participons à informer et mettre à la disposition de la population des éléments objectifs d’appréciation. Il revient désormais au peuple d’analyser et d’apprécier ce que fait l’Opposition pour qu’au moment des choix, elle propose d’autres alternatives. Nous en sommes déjà conscients et nous n’allons pas partir les bras croisés face aux populations pour dire « VOTER POUR NOUS » alors que nous n’avons pas de propositions. Cela serait suicidaire pour nous-mêmes.
Infosept : Pensez-vous que l’Opposition pourrait réaliser l’alternance tant souhaitée en 2018, avec en son sein autant de poids lourds comme Zoumana Sacko, Modibo Sidibé, Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé et autres ?
Ibrahima N’Diaye : Je le crois profondément. Parce que ce qui a été servi aux populations maliennes a été de la mauvaise marchandise. Les populations de tout bord disent aujourd’hui « qu’on a marqué un but contre notre camp ». Il y a tellement d’amertume et de déception que ce serait miraculeux pour ce pouvoir d’être réélu. Il pourrait se faire réélire avec la fraude, la manipulation, le chantage, l’achat de conscience et la corruption. Mais, si c’est le cas, je serais certain qu’on va exposer le Mali à tous les dangers inimaginables. Et c’est ce qu’il faut éviter. C’est pourquoi en Afrique il y a trop de conflits postélectoraux. Le peuple est mécontent et n’a pas été servi comme il se doit. Dans des cas comme cela, il ne faut pas être surpris que les populations refusent ce pouvoir dont elles ne veulent pas. Alors, nous faisons de la prévention pour que les gens comprennent et qu’on anticipe, car le Mali n’a pas besoin d’autres conflits.
Infosept : Alors, quel est votre ressenti sur le processus de paix en cours au Mali ? L’Administration IBK a-t-elle su, selon vous, amorcer une véritable sortie de crise ?
Ibrahima N’Diaye : Il faut dire que le problème qui est là, IBK en a hérité. Ce problème est récurrent, pratiquement depuis l’indépendance. Et, il y a des raisons profondes qui ne sont pas liées au régime actuel. Mais, lorsque vous arrivez au pouvoir, vous cherchez à apporter des améliorations. Quand vous venez à un moment extrêmement difficile, comme un Zorro pour pouvoir régler tout, en niant tout, la tâche devient difficile. IBK n’a pas su faire ceux que ses prédécesseurs ont pu accomplir comme minimum. Certes, ils n’ont pas résolus le problème, mais je puis vous dire qu’après les événements de 1991 et la signature du Pacte national jusqu’en 2006, il n’y a pas eu de rébellions. Cette accalmie n’était pas le fruit du hasard mais d’une politique qui a été menée. Mais, c’est au moment où on parle du prétendu Accord pour la Paix et la Réconciliation, qui n’aurait pas son précédent, qui serait le meilleur du monde, qu’on a tous ces problèmes. A l’Opposition, on savait que le contenu ne reflétait pas la réalité. Elle a dit en son temps que cet accord est mauvais et portait les germes de la partition du pays. Comme tout le monde voulait la paix, les gens ont cru naturellement en IBK et en son accord qui est aujourd’hui en train de donner des résultats qui ne satisfont personne. L’insécurité, les conflits armés sont à l’origine des crimes au quotidien aujourd’hui au centre et au sud du pays. Au constat, on voit que cela ne marche pas. Comme ce n’est pas le Coran ni la Bible, alors essayons de voir ce qui ne marche pas et dans une gestion ordinaire, on fait une évaluation d’étape. Cela est contenu dans l’accord mais n’a jamais été fait. C’est une nécessité aujourd’hui que les gens se retrouvent pour corriger ce qui n’est pas bon. Cet accord, si on ne prend pas garde risque de nous amener à l’irréparable. Que Dieu nous en garde.
Infosept : La critique est aisée mais l’art est difficile, dit un adage. Alors, que feriez-vous à la place du régime IBK pour résoudre les différentes crises de l’heure comme l’Ecole, la Santé, la Sécurité et la cherté de la vie ?
Ibrahima N’Diaye : Je vous assure, comme acteur de Mars 1991, qu’au lendemain de la Révolution, il y a eu des changements et des profondes réformes et les impacts étaient visibles partout. Tout était loin d’être parfait. Ceux qui sont à féliciter et encourager sont ceux qui reconnaissent leurs fautes et erreurs et qui s’engagent à rectifier le tir, à s’améliorer et à tirer les enseignements du passé. C’est ce qui n’a pas été fait. Alors, nous disons aujourd’hui que sur toute la ligne, il y a des politiques alternatives qu’on peut mener. Si vous prenez le domaine de l’éducation, tout vient de là. Si vous régler cela, tout ira. Dans le domaine de la gouvernance, le problème, c’est la corruption qui est aujourd’hui à ciel ouvert. Qui peut nous amener aujourd’hui à pouvoir indiquer la voie à suivre ? Alors que la première des choses, c’est l’exemple qu’on donne. Malgré la crise, nous avons vu le budget de l’Assemblée Nationale multiplié par 1,5 et celui de la Présidence par 2. Voyez seulement le train de vie de l’Etat et celui des ministres. Si on ne donne pas l’exemple soi-même, qui va vous suivre ? Il faut commencer d’abord par donner l’exemple qui est une pédagogie qui doit faire partie des premières règles établies. Et pour la bonne gouvernance, il faut faire appel aux compétences, pas seulement aux fidèles parmi les fidèles qui sont là simplement pour avoir leur part du gâteau et qui n’ont aucune compétence pour justifier leur choix et leur maintien. Il y a aussi la question de l’emploi où il doit y avoir un traitement social. Il faut de profondes réformes dans le domaine de l’éducation pour une adéquation formation-emploi et l’adaptation de notre cursus scolaire aux besoins réels. Quant à la question clé de la création des emplois, il faut rappeler que ce n’est ni l’ANPE, ni l’APEJ, ni le FAPFA, encore moins le ministère en charge de l’Emploi qui les créent mais seules les entreprises. Il y a trop de confusion et tout cela est à revoir. Sur tous ces points, nous avons des propositions concrètes à faire et cela dans le cadre du programme que nous allons proposer au Peuple Malien. Mais, il faut qu’on ait le sens de la pédagogie et que le programme que nous allons élaborer soit diffusé dans nos langues nationales. Comment peut-on imaginer développer le pays si les entreprises ne sont pas au cœur des politiques mises en place. Elles sont dans quel état aujourd’hui ? Sont-elles les priorités de nos autorités ? Alors, j’invite les gens à être de simples bons observateurs, pour analyser et juger ceux qu’on leur sert.
Infosept : Par ailleurs, la France vient d’élire un Président qui n’est pas issu des grands partis politiques français. Cela vous donne-t-il des idées pour 2018 ? Ou encore, ne redoutez-vous pas l’effet contagion à la française avec l’élection surprise à la tête du pays d’un jeune au Mali ?
Ibrahima N’Diaye : Je dis simplement bravo ! Voilà une société qui est pour nous la référence et qui sait se remettre elle-même en cause. Quand j’entends les gens parler de « Gauche » et de « Droite », je dirais que ce n’est pas notre priorité aujourd’hui au Mali. On peut coller des étiquettes aux partis et aux acteurs, mais en réalité les politiques menées au Mali sont à l’antipode de ces étiquettes qu’on colle aux gens. Sinon, c’est des partis de gauche qui sont au pouvoir aujourd’hui au Mali. L’ADEMA et le RPM ont quoi de Gauche ? Avant d’être de Gauche ou de Droite, soyons d’abord respectueux des biens des populations et de l’Etat. Des cadres patriotes et intègres, capables de renoncer aux privilèges et autres avantages. Mettons notre égo au second plan, quand il s’agit de sauver le pays et c’est ce qui est demandé aujourd’hui aux uns et aux autres. L’exemple que la France vient de donner, un jeune de 39 ans au pouvoir, est extrêmement intéressant à plus d’un titre.
Les jeunes, lors de la dernière présidentielle au Mali, ont émis le souhait de voir un des leurs au pouvoir. Mais, 90% de ceux-ci ont voté pour les deux plus vieux de tous les candidats. Une des premières caractéristiques de la Jeunesse, c’est l’audace et Emmanuel Macron en a. C’est pourquoi, je dis des fois vous avez des jeunes qui sont des vieillards. Ils ont cela dans la bouche, alors que la jeunesse n’est pas un mérite mais une étape de la vie. On voit qu’il y a des vieillards qui sont plus jeunes que des jeunes de 18 ans. Je pense qu’il faut applaudir et saluer les performances du nouveau Président mais également le peuple français parce que c’est lui qui a voté. Et je rends hommage à tous ceux qui se sont battus pour qu’il en soit ainsi. Concernant les deux grands partis qui ont été éliminés dès le premier tour, il ne faut pas les enterrer. En analysant le score qu’ils ont obtenu, ils ont encore de beaux restes. Tout dépendra des législatives et de la suite que Macron fera. Mais, déjà, il y a quelque chose qui est semée, à savoir la graine de l’Espoir. Au Mali, on a beau critiquer les partis, après chaque élection, c’est eux qui ont le monopole du pouvoir. Quant aux jeunes du Mali, on a envie de les voir, les suivre, les soutenir, mais pourvu qu’on ait des indices. On ne va pas nous mettre derrière un jeune parce qu’il a trente ou quarante ans, non. C’est d’abord pour ses capacités et ses qualités. Ce qui s’est passé en France est un événement qui doit inspirer. Ceux qui sont dans ce clivage automatique doivent savoir que le Mali a d’abord besoin de gens honnêtes, intègres et compétents. Et c’est cette voie qu’il faut indiquer à la jeunesse.
Il n’y a pas de Gauche ou de Droite au Mali. Ici, permettez-moi de paraphraser Sékou Touré qui disait «quand vous les voyez, ils ont leur bouche à gauche et leur ventre à droite». C’est ce qui se passe. Je n’ai aucun indice aujourd’hui pour classer le RPM comme un parti de Gauche, si ce n’est l’étiquette International Socialiste. Ce qui se fait dans la pratique est incroyable. Là, je suis très sévère. On est sorti du même moule qu’est l’ADEMA. Mais, il faudrait qu’on apprenne à dire la vérité aux gens et j’aimerais reconnaitre la Gauche dans ce qu’ils posent comme actes. Avec la classification actuelle, on ne fait que tromper. Les gens ont été dupés. Sinon comment comprendre que le pouvoir en place soit un melting pot de gens venus de tous les horizons politiques, gauche, droite et centre. Même l’Opposition ne fait pas exception à cette pratique politique. Donc, le clivage au Mali est loin d’être fondé sur l’idéologie. Alors, je demande à chacun de méditer afin d’aider à décrypter pour répondre suffisamment et clairement à cette interrogation.
Infosept : Alors votre mot de la fin ?
Ibrahima N’Diaye : Pour terminer, je dirais tout simplement que le Mali est dans une situation extrêmement difficile. Il urge de revoir notre gouvernance interne. Quand j’ai lu les conclusions de la Conférence d’entente nationale, il y a des aspects qu’on ne fait pas ressortir suffisamment. Je citerais deux seulement. Dans le Rapport général, on a évité de parler de la gouvernance globale. Le second est relatif à l’ordre international qui est fait d’illégalités et d’injustices qui sont à l’origine de beaucoup de conflits. Quand on parle des causes profondes de nos crises, on ne peut ne pas évoquer cela. Pour rappel, la délimitation du Mali est un fait colonial et, nous sommes en train de vivre les conséquences de cela. Toutes les frontières autour de nous, vous avez les mêmes communautés qui sont éclatées et qui appartiennent à deux ou trois Etats. Prenons par exemple les soninkés qu’on retrouve au Mali, en Mauritanie et au Sénégal. C’est le même cas avec les arabes et les touaregs. Ainsi, quand vous allez à la frontière ivoirienne ou nigérienne, ce sont les mêmes populations de père et mère que le fait colonial à diviser. Nous devons faire un travail pour que ces communautés soient des tempos et des facteurs d’intégration.
Ce sont ces sentiments que j’ai voulu partager avec vous. Nous ne devons pas perdre de vue que nous avons besoin de nous mettre ensemble pour construire ce socle commun à l’Opposition et à la Majorité. Ce socle est là, il n’a pas disparu et comment faire en sorte que sur l’essentiel nous soyons d’accord et que nos différences ne doivent pas nous empêcher pas d’aider le Mali à aller de l’avant. Alors, que Dieu fasse en sorte que ceux qui sont à la tête du pays prennent conscience de cela.
Propos recueillis
Par Dieudonné Tembely
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