samedi 23 novembre 2024
Accueil | Société | FILIERE DES AGRUMES AU MALI: Une absence quasi-totale de coordination nationale et de réflexion globale sur le secteur
38615687 - citrus background - lime, lemon, orange, grapefruit

FILIERE DES AGRUMES AU MALI: Une absence quasi-totale de coordination nationale et de réflexion globale sur le secteur

Les agrumes contribuent de manière forte à l’équilibre nutritionnel des populations de par ses teneurs élevées en vitamine C, mais également en caroténoïdes et polyphénols qui contribuent à la santé humaine en particulier par leur pouvoir antioxydant.

Au Mali, la filière d’agrumes est riche de quatre espèces d’agrumes : oranger, mandarinier, citronnier et pamplemoussier. Mais la tendance actuelle de production d’agrumes s’oriente vers la production de tangelo qui est issu de l’hybridation entre le mandarinier et le pamplemoussier. Depuis ces 5 dernières années, les nouvelles plantations d’agrumes sont constituées surtout de plants de tangelo. En effet, d’après les planteurs d’agrumes rencontrés le tangelo produit deux fois plus que l’oranger et ses fruits sont juteux, sucrés et doux comparativement à l’orange. 1 Kg de tangelo est vendu au double du prix du kilogramme d’orange. Ils se positionnent mieux sur le marché avec des prix plus compétitifs. D’après les planteurs, la lutte contre l’importation massive des clémentines (ou mandarines) marocaines sur le marché malien ne réussira qu’avec le tangelo malien qui est aussi très appréciés par les consommateurs.

Contrairement aux deux filières échalote/oignon et mangue, la filière des agrumes n’est pas organisée. Il n’existe pas encore de coopératives de pépiniéristes, de producteurs, de transformateurs, de commerçants, ni de fédération des acteurs de la filière des agrumes. Les acteurs de cette filière d’agrumes sont entre autres les pépiniéristes, les producteurs d’agrumes et les commerçantes d’agrumes.

Au total, les superficies productives et les productions d’agrumes toutes espèces confondues s’élèvent respectivement à : 7270 ha et 141874 tonnes. Les proportions de production des espèces d’agrumes se présentent comme suit : Orange (Citrus sinensis Osbeck) 65%, Mandarine (Citrus paradisi) : 9%, Citronnier (Citrus Lemon ): 26%. La production des pamplemoussiers (Citrus reticulata) est faible. L’oranger est la variété d’agrumes la plus produite, suivie du citronnier. Mais comme dit plus haut, c’est le tangelo (une variété hybride15 entre Citrus paradisi x Citrus reticulata) qui est beaucoup plus produit ces derniers temps par les producteurs au détriment des autres espèces d’agrumes notamment l’orange. Les rendements sont :  Oranger : 19 mille 229 Kg/ha ;  Mandarinier : 12 mille 478 Kg/ha ;  Citronnier : 26 mille 007 kg/ha ;  Pamplemoussier : 14 mille 652 Kg/ha.

La filière transformation des agrumes est pour le moment essentiellement domestique et artisanale. La production malienne d’agrumes ne permet pas encore d’auto-suffire la population en ces produits, ce qui explique en partie l’aisance des clémentines dans les centres urbains du pays.

Les transformations d’orange, de citron en jus sont pour l’instant quasiment artisanales et domestiques. L’essentiel de la production d’agrumes est destiné à la vente des fruits frais d’agrumes. Les principaux clients sont constitués par des femmes et les transactions ont lieu soit au champ soit au marché des centres urbains. Les déficits en fruits d’agrumes sont compensés par des exportations marocaines de clémentine vers le Mali. La production marocaine d’orange a été de 922 mille  tonnes  en 2015/16, selon les estimations de (l’USDA  Foreign Agricultural Service, Morocco 2016 Citrus Semi-Annual Report), en hausse de 6% sur la saison précédente. La consommation nationale est élevée, de l’ordre de 777 000 t en 2015/16, la part destiné à l’export étant ainsi relativement faible. Au Maroc, on consomme 19 kg d’orange par tête d’habitant.

L’Union européenne et la Russie captent 63% des exportations d’orange du Maroc, une part croissante de ces ventes marocaines sont à destination de l’Afrique de l’Ouest. Le Mali a consommé 2% de la production des oranges marocaines en 2014/2015. Cette exportation des oranges marocaines est en augmentation chaque année. En effet, entre 2012/13 et 2014/15, les volumes à destination du Sénégal (4ème marché du Maroc pour ses oranges) ont fait un bond de 87%, de 71% vers la Côte d’Ivoire et de 66% vers le Mali, selon le rapport du département américain de l’Agriculture (USDA) Morocco 2016 Citrus semi-annual Report. Les oranges marocaines écoulées sur les marchés maliens sont des « mandarine valencia » et communément appelées « clémentines ». Elles proviennent en majorité de la région entourant la ville d’Agadir, celle-ci étant connu comme la plus importante productrice d’oranges au monde après Jaffa, en Israël. Les prix de vente de ces oranges auprès des détaillantes de Bamako tournent autour de 1200 F/Kg contre 600F/Kg pour le tangelo malien (soit le double du prix de l’orange marocaine). Pour corriger cette situation, il faut une production nationale d’agrumes en quantité et qualité étalée dans le temps.

 

La filière des agrumes est insuffisamment organisée au niveau local, régional et national. Il n’existe pas encore une organisation au niveau national qui prend en charge les questions liées aux agrumes. Toutefois, quelques coopératives locales de mangues ont inscrit aussi les agrumes dans la liste des cultures qu’elles développent. C’est le cas de la Coopérative Faso Yiriwaton de Sikasso. Mais, on note une absence quasi-totale de coordination nationale et de réflexion globale sur la filière agrume au Mali, contrairement aux deux filières échalote/oignon et mangue où nous avons l’IFEO et l’IFM qui fonctionnent et alimentent les réflexions pour leur développement.

 

Les principaux acteurs de la commercialisation d’agrumes sont : les collecteurs, les grossistes et les détaillantes. Elles sont en général des femmes. Parfois, le producteur joue le rôle de collecteur et amène directement les fruits sur les marchés pour les livrer aux grossistes. Les prix d’achat bord champs des tangelos par les collecteurs sont de 400 F/Kg. Ils sont rachetés par les grossistes qui les revendent aux détaillantes à 500 F/Kg et ces dernières revendent le tangelo à 600 F/Kg aux consommateurs urbains. Il arrive que le kilogramme de tangelo soit vendu à 1000 F/Kg. Cela dépend de sa grosseur et de la période de vente. Au mois de mars 2018, le tangelo était vendu par les détaillantes ambulantes de Ségou à 1000 F/Kg. Mais à Bamako, il était vendu à 600 F/Kg, tandis que l’orange marocaine était vendue à 1250 F/Kg par les mêmes détaillantes.

Mamadou DOLO

                                                                                                                doloyabara@yahoo.f: 

Djibril Coulibaly

Voir aussi

TRANSPORTS PUBLICS AU MALI: De nouvelles mesures adoptées pour faire face à la recrudescence des accidents de la circulation routière

  Le ministre des Transports et des Infrastructures et son homologue de la Sécurité et …

Laisser un commentaire

Aller à la barre d’outils