À l’heure où la plupart des pays développés ont fait du traitement des ordures une priorité environnementale, politique et économique, notre pays, à l’instar de ses frères africains, n’arrive pas à tenir le rythme et croule sous les montagnes de détritus. En effet, selon le magazine Forbes, le Mali fait figure de mauvais élève parmi les 16 pays africains des 25 de la planète les plus dépassés par ce phénomène d’ordures ménagères envahissantes. Il s’agit là d’une position qui ne surprend guère quand on sait que, dans nos rues et lieux publics, les décharges sont pleines à craquer tandis que des matériaux toxiques, des équipements électroniques et chimiques se mélangent à ces ordures ménagères.
Désirer, acheter, consommer avant de jeter et de recommencer, voici un processus simple que nous reproduisons tous les jours sans même nous en rendre compte. Parmi les pays africains les plus touchés par ces actes qui caractérisent nos quotidiens figurent le Mali, le Niger, l’Éthiopie, le Congo, le Tchad, la Tanzanie, le Burkina Faso, le Mozambique ou encore le Nigéria.
À Bamako, faute de ramassage régulier des déchets, les Riverains les abandonnent en pleine rue au lieu de les brûler. Impuissants, face à cette situation, ils sont les premiers à en subir les conséquences: entassement des détritus, fumées récurrentes, odeurs nauséabondes, de plus en plus de rats, cafards, mouches et moustiques prospérant autour des décharges sauvages, contamination ainsi, des ressources hydriques, des terres, l’Agriculture, le bétail. Cela augmente la pollution de l’air, provocant des maladies dangereuses pour ces populations contraintes à vivre dans des “quartiers poubelles”. En témoignent les amoncellements monstres des quartiers de Lafiabougou et Magnambougou, Diandjiguila pour ne citer que ceux-là.
Face à cette réalité, décidée à se faire entendre par le reste du monde, la jeunesse africaine, la jeunesse du monde de demain, proteste, manifeste, témoigne, diffuse des informations sur les réseaux sociaux et prend la parole dans des conférences, forums et autres sommets internationaux “verts” organisés pour trouver des solutions à ces problèmes qui nous concernent tous. Et cette persévérance fonctionne.
Depuis quelques années, des investissements colossaux ont permis aux Africains, entre autres, de mettre en place en un temps record de réels projets de valorisation des déchets, des systèmes performants de collecte et de tri, de construire de nouvelles infrastructures, de moderniser certaines anciennes, de sensibiliser les populations aux bienfaits du recyclage, de créer des emplois dans le secteur de l’hygiène et de la propreté, etc.
Le défi de l’Afrique est clair désormais: réussir à donner une deuxième vie aux déchets.
En effet, les ordures ne doivent plus être considérées comme des matériaux sans aucune valeur, mais comme une ressource à valoriser pour en tirer des bénéfices économiques et sanitaires utiles pour tous.
Si, depuis peu, certains pays, notamment dans le Nord du continent, commencent déjà à constater les bienfaits du recyclage, d’autres, comme le Mali, n’arrivent pas à voir le bout du tunnel. De trop nombreux problèmes de gestion des Budgets, des ressources humaines et techniques, de corruption politique et de communication, freinent le développement de cette activité dans bien de zones du pays.
À l’heure où le traitement des ordures est devenu un business grandissant qui draine plusieurs milliards de nos francs, la responsabilité sociale des Gouvernants et entreprises doit être une priorité. Au cas échéant, c’est la santé de tous qui risque d’en payer le prix fort.
Katito WADADA : LE COMBAT