Le Mali post 22 mars 2012 continue de se chercher. Si sur le plan institutionnel, de relatifs progrès sont constatés, sur celui sécuritaire, le chantier reste immense. Les FAMa et leurs alliés n’arrivent pas à anéantir la vague meurtrière terroriste. Et de plus en plus, l’idée de négocier fait son bonhomme de chemin au sein de l’opinion malienne, avec une proposition étonnante : pourquoi pas la charia si c’est le prix de la paix ?
L’idée a de quoi choquer l’opinion nationale et internationale. Et si le Mali, pour son salut sécuritaire, optait pour la Charia, ne serait-ce que sur une partie de son territoire ? Bien évidemment, une telle idée ne peut être concrétisée en un claquement de doigts. Mais le seul fait de l’envisager, illustre à quel point les Maliens en ont assez de la crise sécuritaire qui plombe le développement du pays. De plus, jamais dans l’histoire du pays, autant de victimes n’ont trouvé la mort en un laps de temps si court.
Dans les faits, le chef terroriste Iyad Ag Ghaly pose comme préalable à toute négociation le départ des troupes étrangères (Barkhane et MINUSMA). Ce dernier sait pertinemment qu’il s’agit d’une exigence difficile à obtenir. Mais peut-être veut-il surfer sur la vague anti-française du moment au sein de l’opinion publique malienne pour s’attirer un certain capital sympathie ? Si cela était fondé, celui-ci ajouterait une autre corde à son arc en plus de sa fibre terroriste exacerbée : il s’agit de celle politique. Une telle demande dénote aussi de la crainte qu’il voue à la force Barkhane qui, très contrairement à la MINUSMA, pèse lourd sur le théâtre des opérations et qui a fait subir plusieurs revers aux éléments terroristes.
Et même si des négociations étaient entamées entre les groupes terroristes et l’Etat, ce sera sur quelle base ? Bien malin qui peut le dire. Car en l’état, le Mali est un Etat laïque et toujours unitaire. Dans ce cas de figure, faudra-t-il encore une fois amender la constitution ? Et pour quelle proposition ? La solution la plus probable, c’est la charia sur une partie du territoire malien, dont la zone sera à définir. Le Mali deviendrait alors un Etat fédéral, mélange entre charia et droit positif malien, dont le gain essentiel sera la paix.
Les partenaires l’entendront-ils de cette oreille ? Déjà, la France n’a pas « gobé » l’initiative malienne de proposer le dialogue avec les terroristes. Pour l’Elysée, les terroristes, on les combat. De plus, dans l’imaginaire collectif mondial, la charia a une connotation fort négative due surtout à la mauvaise image véhiculée par le conglomérat de l’extrémisme violent armé à travers le monde. Le scénario cité plus haut n’aurait de chance de voir le jour que si l’Etat malien s’assumait entièrement sans aucune interférence étrangère.
In fine, le terrorisme au Mali et au Sahel de manière générale est loin de son épilogue. Quel que soit les options privilégiées, entre négociation, charia ou autre, l’Etat devra s’armer pour construire sa paix. Car il est bien connu de tous que, qui veut la paix prépare la guerre.
Ahmed M. Thiam