C’est le jeudi 13 février 2020 que l’Armée malienne reconstituée a foulé le sol de la capitale de l’Adrar des Ifoghas. Elle y est désormais après plus de cinq ans d’absence, consécutive à la visite inopportune de Moussa Mara, alors Premier Ministre et surtout après la débâcle des FAMA dans leur tentative de récupérer par la voie des armes cette ville aux mains des séparato- djihadistes. Le Mali y est par la volonté de la France, de la Communauté internationale et surtout conformément à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Nombreux sont les maliens à se réjouir du retour des forces armées et de sécurité sur cette partie du territoire qui a longtemps échappé au contrôle de l’Etat central. Certes l’armée reconstituée est à Kidal, mais des questions légitimes méritent d’être posées, parmi lesquelles il y a le rôle que cette armée reconstituée devra jouer dans une région où les groupes armés, les groupes djihadistes, les forces barkhanes et la MINUSMA ont pignon sur rue. Ne va-t-elle pas être cantonnée et soigneusement gardée par les forces étrangères qui vont être des forces tampon entre le Mali et la CMA ? Cette dernière acceptera-t-elle de jouer le second rôle, à partir du moment où l’armée malienne est présente ? Les forces françaises ces et la MINUSMA mettront-elles tout en œuvre pour que Kidal soit véritablement dans le giron de la République du Mali comme Kayes, Koulikoro, Tombouctou et Gao ? En attendant des réponses à ces questions, le citoyen lambda continue à être animé par un double sentiment, celui de la joie mêlé à un sentiment de suspicion quant à la bonne foi de tous les acteurs.
Nonobstant ces craintes légitimes, Kidal est devenue aujourd’hui la ville symbole de l’intégrité territoriale du Mali retrouvée, de l’unité nationale reconquise, de la cohésion sociale regagnée et de l’espoir d’un début de processus de réconciliation entre sud et le nord. Ce flambeau qui vient d’être allumé au Mali doit être entretenu pour que vive enfin dans la paix et la concorde les populations du nord en général et celles de Kidal en particulier qui ont souffert le martyre pendant des longues années. Que tous les acteurs impliqués dans la résolution de la sempiternelle crise fassent preuve d’engagement et surtout de respect de la parole donnée.
Comme un bonheur n’arrive pas tout seul, l’idée de dialoguer avec les leaders religieux maliens que sont Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa, a également prospéré. C’est le Président de la République lui-même qui a confirmé cette option, celle de prendre langue avec les Djihadistes maliens après que l’annonce ait été faite par l’ancien Président de la Transition Dioncounda Traoré lors d’une conférence de presse.
En somme, il ne manque plus qu’une certaine union sacrée de toutes les filles et de tous les fils autour de la patrie mère qui est le Mali, pour éviter que le Bateau qui a longtemps tangué ne chavire pas.
Youssouf Sissoko