vendredi 22 novembre 2024
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Dr Oumar Guindo va-t-il laisser les patients mourir de faim ?

Le gouvernement malien par le biais de son président a annoncé la création d’un fonds dédié à la lutte contre le coronavirus dès l’apparition de la maladie. Et que toutes les personnes atteintes du Civid-19 seront prises en charge par les Services de santé. Depuis la cagnotte a été alimentée par d’énormes sommes de la part  des sociétés privées à des coûts de centaines de millions. Au début, il a fallu que des patients qui sont à Bamako dans la capitale se battent et dénoncent leurs mauvaises conditions dans les Hôpitaux où ils étaient accueillis pour qu’enfin on s’occupe d’eux. Mais Mopti tire la sonnette d’alarme. Les patients à coronavirus de cette région n’ont même pas à manger. Quant au Directeur du Centre Oumar Guindo, il n’aurait rien reçu de Bamako, et que lui, et son unité travaillent  avec les moyens de bord.

 

À Sevaré, des tentes sont dressées dans l’hôpital pour accueillir les malades et les cas positifs du coronavirus. En Centre d’accueil, tous les patients de la région de Mopti sont dirigés vers le Docteur Oumar Guindo, directeur dudit Centre. Or, sans aucun doute, le coronavirus  n’a pas de barrière. Elle se propage partout dans le monde et de ce fait, dans toute l’étendue du Mali.

Aussi, nous avons été  surpris lorsque nous avons appris les mauvaises conditions dans lesquelles vivent les malades à coronavirus dans ce Centre. Selon notre informateur, les patients sont attroupés sous une tente et laissés ainsi pour compte. Évidemment, ils reçoivent deux comprimés par jour, mais quant à leur prise en charge totale,  c’est à désirer. C’est dans ce même Centre qu’arrivent les autres malades  des localités avoisinantes, comme Koro, Bankas ou autres…Ces personnes une fois entrées dans le Centre n’ont plus droit de sortir. Mais le problème c’est qu’ils ont du mal à avoir à manger. C’est le cas d’un homme originaire de Koro qui s’est retrouvé dans le Centre de Sevaré. Pour manger il faut qu’il envoie à une connaissance à l’extérieur du Centre de l’argent par Orange money pour que cette dernière lui apporte un repas. Et cela tous les jours. Pourra-t-il tenu ainsi ? Et si non, comment fera-t-il pour se nourrir ? Il arrive que lorsque la famille est en retard pour la nourriture, des  patients reçoivent leurs cachets sans eau et sans rien dans le ventre. Ils sont obligés de rester ainsi jusqu’au moment où les proches arrivent avec l’eau et la nourriture. Ce qui finalement perturbe l’heure de la prise de médicament et par la suite pourrait  générer son inefficacité. Plus inquiétant, c’est que les malades qui n’ont pas de famille à Mopti, appellent les siens pour les conseiller de ne pas se laisser consulter par les agents de Santé lorsqu’ils arrivent dans leurs villages. Si jamais ils prennent cela au sérieux, ils risquent de se cacher et dans ce contexte, contaminer beaucoup d’autres personnes ».

 

Joint par téléphone, un agent de la santé nous confirme que malheureusement c’est la pure et dure réalité. Ce monsieur que nous tairons le nom  nous explique : « IBK a promis à la télévision nationale ORTM que la prise en charge des malades à coronavirus seront pris en charge à 100% par l’État. Des fonds auraient été débloqués à cet effet. Mais alors, comment comprendre que les patients sans leurs familles à l’extérieur mourront de faim ? Ce qui est grave, c’est que les proches en bonne santé risquent  d’être contaminées par le seul fait d’apporter tous les jours à manger à leurs parents malades. Il est vrai que la personne ne rentre pas dans le Centre, mais les tasses dans lesquelles la nourriture se trouve sont rendues après aux familles ». Après un silence il reprend la parole « Vous savez, les repas ne devront même pas sortir de la cantine connaissant la dangerosité de cette maladie et la rapidité de sa contamination. On doit emporter le repas dans des récipients en plastiques ou en aluminium à usage unique. La seule manière de réduire la contamination. Je connais des gens qui disent qu’à Bamako, à l’Hôpital du Mali, les repas sont préparés hors de l’enceinte hospitalière dans des restaurants, puis livrés dans des trucs à usage unique. Alors pourquoi on ne fait pas la même chose ici à Mopti ? », se questionna-t-il.

 

Il soupire, puis enchaîne, « Madame, ces récipients qui vont et reviennent au Centre risquent de contaminer d’autres personnes dehors. Ils nous parlent de les désinfecter avec de l’eau de javel. Est-ce assez pour tuer le virus ? J’en doute fort !

Actuellement, dans le Centre de Sevaré, rien n’a  été fait. Aucun contrôle.  Les malades sont laissés à eux-mêmes. Les seules personnes qui font leur travail, ce sont les agents de Santé, mais qui le font dans des conditions difficultés. Ils rendent  visite aux malades et leur donnent de l’azithromycine et de la nivaquine, c’est  tout ! Pas de nourriture ni de l’eau.  Les seuls patients qui reçoivent de la nourriture sont les hommes de tenue, c’est-à-dire les militaires ou autres. Eux ont droit à l’essentiel, comme l’eau et la nourriture, mais de mauvaises qualités qu’ils ont parfois mal à avaler. Je pense qu’on isole un patient pour éviter toute contagion. Sinon à quoi bon ? Comment peut-on mettre à l’isolement des patients et ne pas respecter le protocole de leur suivi ? Je vous dis, même pas des sachets d’eau pour qu’ils puissent prendre leurs médicaments.»

 

Un court moment, puis il reprend: « A Mopti, ils (le directeur et ses hommes) ne font pas grand-chose et si on leur demande, ils jurent au nom de Dieu qu’ils offrent à manger aux patients. C’est faux et archifaux ! On ne les offre même pas des biscuits. Que feront les patients  qui ne sont pas de Mopti ou de Sevaré puisqu’ils viennent d’ailleurs et n’ont aucune attache à proximité? Ces patients sont déconnectés, ils n’ont même pas un téléviseur pour avoir les informations de l’extérieur. Rien du tout ».

Nous avons pu contacter par téléphone une patiente qui nous confirmer tout ce que cet agent de santé a pu nous relater.

Pour conclure, il nous apprend que la maladie à coronavirus s’est vraiment propagée dans la région de Mopti et de ce fait, elle est en train d’accumuler ses morts. Et que le Centre dont on parle reçoit tous les jours des malades.

Pire, les tests sont acheminés par les Bus de transports en commun de Mopti jusqu’à Bamako. En premier lieu, c’est le gardien du Centre qui s’occupe du dépôt des prélèvements. Il les prend sur sa moto dans une glacière et se rend à la Gare d’autobus de Mopti. De là,  le chauffeur  prend le relai jusqu’à Bamako où il fait la livraison après avoir terminé tout ce qu’il a à faire. Dans ces conditions, l’on se demande même si les échantillons ne sont pas détériorés avant même d’arriver au laboratoire qui doit les analyser.

Bathily Sadio

Djibril Coulibaly

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