A quoi d’autre peut aboutir le mensonge d’Etat qu’à la rupture entre le peuple et ses dirigeants ? Le mensonge et le déni de la réalité sont devenus la tasse de thé du régime actuel dont le mépris pour le peuple malien ne fait plus de doute.
Et cela au point de vouloir sacrifier notre Constitution inspirée de la lutte héroïque des martyrs 1991 pour faire plaisir à d’anciens mercenaires qui ont pris les armes contre leur pays. L’accord pour la paix et la réconciliation n’a pas force de traité ou de convention internationale d’autant plus qu’elle est supposée être signé entre des Maliens. C’est l’accord qui doit donc s’adapter à la Constitution et non le contraire.
Mais le régime et sa majorité obéissante n’en ont cure. Toutefois, ils l’apprendront à leurs dépens parce que notre génération consciente refuse le statut de moutons de Panurge dans lequel nos politiciens veulent la confiner. Le Mouvement « An tè, A banna ! Touche pas à ma Constitution » ne doit pas lâcher prise. Mieux, il doit passer outre la mauvaise foi manifeste du pouvoir qui lui a refusé l’autorisation pour le meeting du 1er juillet 2017.
L’Etat d’urgence et les autres arguments évoqués pour restreindre le droit constitutionnel de manifester et de contester les décisions politiques hypothéquant la démocratie ne sont que des prétextes fallacieux. Le gouvernement avait programmé le référendum pour le 9 juillet 2017 sachant bien que l’Etat d’urgence était en vigueur.
Malgré la propagande d’opportunistes qui ont trouvé l’occasion de leur vie pour entrer dans les grâces du pouvoir ou sauver leurs strapontins politiques, l’évidence s’impose chaque jour d’avantage : Le peuple malien est majoritairement opposé à cette révision. Et cela d’autant plus qu’il y a des priorités encore plus urgentes que le gouvernement ne parvient pas toujours à prendre en charge.
C’est quand même curieux qu’on cherche à nous faire peur avec la tête du lion que nous avons abattu au péril de notre vie alors que d’autres étaient cachés à l’abri des balles, des lance-flammes, des matraques… Par l’intimidation, on veut que la peur change de camp. Sauf que nous ne cédons pas à la provocation et à l’intimidation, car nous sommes conscients que « la seule force de la nation reste celle du peuple ».
Des boucs émissaires pour dissimiler un manque de vision criard
Le régime est tombé dans son exercice favori : accuser les autres pour ses propres faiblesses. Nous sommes des républicains attachés au respect strict des mandats électifs. Mais, quand les institutions perdent toute crédibilité, le peuple n’a d’autre choix que de s’assumer. Et cela d’autant plus que le camp d’en face, au lieu de faire son mea-culpa, persévère à nous faire avaler la couleuvre de cette révision.
« Je ne retirerai pas le projet de révision constitutionnelle », a cru bon IBK de défier le peuple malien visiblement aux anges de se retrouver aux côtés du président Emmanuel Macron de la France. Aux Maliens de lui apprendre à respecter son peuple. S’il nourrit des complexes d’infériorité face à ses parrains de l’Hexagone, nous nous battons pour reprendre destin de notre pays.
Il faut maintenant s’assumer au-delà des marches et des meetings. Il faut hausser le ton pour montrer à ce pouvoir que nous sommes loin de lâcher prise et que ses invectives nous laisse de marbre. Et que nous nous battrons autant que faire se peut pour sauver ce qui peut encore l’être pour la dignité et l’honneur de ce peuple qui n’a jamais autant été méprisé par ses dirigeants. Il faut envisager la vitesse supérieure, envisager la désobéissance civile et une grève générale illimitée jusqu’au retrait de ce hasardeux projet de révision constitutionnelle.
« La défense du Mali est un devoir pour tout citoyen », stipule l’article 22 de la Constitution du 25 février 1992. A méditer pour ceux qui pensent qu’ils sont plus patriotes que nous parce ne nous les empêchons de violer notre Loi fondamentale pour basculer le pays de la démocratie à l’autocratie !
Moussa Bolly LE REFLET