À l’approche de l’élection présidentielle 2018, la vie politique malienne est cadencée par des peaux de banane, des pratiques boules puantes. Ambition égoïste, goût de l’argent facile, opportuniste sont le quotidien de certaines personnes sans scrupules. C’est le cas de Souma Maïga, deuxième secrétaire de l’association des Chefs de communautés coutumiers/traditionnels pour le regroupement et le développement du cercle de Gao, du moins avant de se désolidariser de l’alliance. Le samedi 24 mars, avec un groupe d’individus, cet imposteur a rendu visite au Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta au nom de la communauté Sonrhaï dans le palais de Koulouba. Remontés, les leaders sonrhaï de Gao, les vrais et authentiques chefs des différents regroupements de cette région ne veulent pas passer cette ingérence sous silence.
C’est au journal télévisé de 20h ce samedi, que les sonrhaï devant leurs télévisions ont appris par des hommes, déguisés en représentants, que leur communauté soutiendra le candidat IBK à la présidentielle 2018. Triste spectacle !
« Qui vivra verra », disait un comédien de chez nous. Pour des intérêts personnels, certaines personnes mal intentionnées sont capables d’aller jusqu’à monnayer leur famille, leur communauté.
Il n’existe aucune recette miracle pour bien diriger un pays, mais la bonne posture repose sur le bon sens et la sincérité. IBK ne peut pas ignorer en tant que gendre de cette grande famille Sonrai que ceux qui lui ont rendu visite ce jour-là ne sont que des imposteurs, car ils sont loin d’être des chefs de la communauté Sonrhaï. Selon un ressortissant de Gao, IBK le sait très bien! Mais alors, pourquoi cette mascarade?
Fermer les yeux sur les vrais problèmes de notre société, accepter à tout bout de champ ce qui est présenté comme acceptable, voilà la réalité du Mali d’aujourd’hui.
En outre, ce qui a été plus blessant dans cette histoire, c’est le fait que les Sonrhaï se sont vus pris en otage par un soi-disant soutien indéniable cautionné à leur nom pour faire plaisir à IBK.
Dans la foulée, l’Association des Chefs coutumiers et religieux, des fractions et des quartiers de Gao se disent indignés et très remontés contre ces usurpateurs. Une conduite contraire aux Statuts et tout Règlement intérieur des associations existantes. Par conséquent, depuis ce jour, les mécontents ne font que grossir le rang des associations.
Les Chefs coutumiers et religieux, les Chefs de village et de fractions et la majorité écrasante des Ressortissants de Gao ont tous, dans un communiqué R-N° 047/CG du 25 mars dernier, diffusé par toutes les radios de la place, démenti et condamne avec la dernière rigueur cette volonté politique et personnelle de Moussa Souma Maïga qui n’est autre que le 6e membre du Bureau Exécutif. L’association, selon ses Statuts et Règlements intérieurs, est apolitique et ne doit, en aucun cas, être exploitée pour des fins personnelles ou politiciennes: «L’association des Chefs coutumiers/traditionnels, Chefs de villages, de fractions et de quartiers de Gao, n’a ni désigné, ni mandaté quelqu’un pour parler ni à son nom ni à celui de la communauté Songhoy au niveau de quelle que autorité que soit », peut-on lire dans ledit communiqué.
« Un imposteur est un fourbe qui veut en imposer aux autres pour son profit »,
Jean Jacques Rousseau
En réalité, il ne figurait aucun membre fondateur ou Chefs coutumiers dans la délégation qui s’est rendue à Koulouba. Les objectifs de l’association sont clairs et précis. Elle favorise le rapprochement entre les populations par la cohésion sociale pour œuvrer au renforcement des capacités d’intervention de la chefferie traditionnelle dans le développement économique, social et culturel ; à la promotion de la paix et de la sécurité ; à la prévention et à la résolution des conflits dans la Région. Elle a aussi pour but de constituer un cadre de dialogue de concertation, de réflexion, d’échange d’idées et de contacts permanents entre les Chefs traditionnels. Enfin, il s’agit de sensibiliser les Chefs traditionnels sur leur rôle eu égard aux nouvelles mutations politiques, administratives et au développement dans le cadre de la politique nationale de Décentralisation. Donc, toutes activités hormis de ces normes n’émanent pas de l’association de Gao.
Alors, qui sont-ils réellement?
Selon nos informations, cette Délégation regroupait quelques personnes natives de Gao qui n’ont rien à voir avec ceux qui se battent nuit et jour pour le bien-être de leur communauté, des proches de la famille de la première dame Mme Kéïta Aminata Maïga et aussi d’autres personnes qui ne sont même pas Sonrhaï. Cela, pour pouvoir grossir la délégation. Encore du Pipeau. Quelle aberration !
Que veulent-ils ?
Probablement des opportunistes qui profitent de la détresse d’une communauté tout entière pour se faire apprécier par le président de la République en lui « disant tout va bien ». Et en retour, recevront éventuellement des enveloppes au détriment des populations meurtries de la région de Gao.
En fait, tout porte à croire que leur seule motivation n’est ni la sauvegarde des communautés Songhaï ni le soutien d’IBK à l’élection présidentielle. Car, non seulement, ils déshonorent cette communauté dans laquelle il y a certainement des hommes et femmes avec des opinions différentes, et que tous ne sont pas pour IBK. Mais, contribueront aussi à la perte d’IBK. En fait, ce dernier croyant pouvoir compter sur des alliés au Nord se heurtera à la dure vérité d’une communauté irritée, frustrée et en colère qui lui tournera dos. En revanche, les seuls gagnants seront ces opportunistes.
Des pratiques personnelles et politiciennes qui, non seulement hypothèquent l’avenir de nos enfants, mais, plombent l’atmosphère. Il est temps de changer. Car, une commune, une association, une nation, un groupement, chacun, a sa place et son rôle à jouer sans que les loups ne taillent la part du lion.
Il est l’heure de regarder les choses en face et de penser courageusement à nos frères et sœurs du Nord qui n’ont que trop souffert.
Seydou Konaté : LE COMBAT