Pour sa 4eédition, le festival Ciné Droit Libre a décidé de faire l’état des lieux de la justice malienne. À travers des films, débats et spectacles, chacun pourra faire son diagnostic de la justice et de ses décisions pour arriver à sortir le pays de la crise. Une crise née, selon Me Moctar Mariko, de l’«impopularité» des décisions de justice.
Le Public bamakois a massivement répondu présent à l’ouverture de la 4eédition du festival Ciné Droit libre. Un festival 100% droit humain. Né à la base pour permettre la diffusion des films censurés, le festival au fil des ans s’est imposé comme un rendez-vous incontournable. Cette année, comme toutes les autres, le thème choisi colle à l’actualité.
«Je crois que ce festival est le bien venu, en ce moment difficile pour le Mali. Il va mettre l’accent sur le rôle du magistrat. Tout ce que nous vivons est parti de l’injustice. Les populations avaient un ras-le-bol des décisions de justice. L’Administration judiciaire n’était pas à la hauteur des attentes des citoyens. C’est avec tout ça que les maux que nous traversons sont nés. Donc, ce festival vient à propos. Le thème a été bien choisi. Cela ne veut pas dire que la justice était couchée, mais elle était à genoux. Maintenant, on lui demande de se mettre debout pour faire face aux défis et de combler à hauteur de souhaits tout ce que les Maliens attendent d’elle. Ce festival sera un catalyseur, il va inciter surtout les populations à remplir leur rôle, à ne pas aller corrompre les magistrats et à ne pas intervenir dans la justice. Cela va permettre aux magistrats de jouer pleinement leur rôle. Tout ce que nous voulons entreprendre a pour socle la justice», affirme Me Moctar Mariko, Président de l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) et co-parrain du festival.
De Ouagadougou à Abidjan en passant par Dakar pour arriver sur les bords du fleuve Djoliba, le festival plus qu’un outil de promotion des droits humains est un instrument au service de l’unité africaine.
«Ce festival va conscientiser le Peuple veut appeler les uns et les autres au sens de la responsabilité. L’art une voix qui parle, un esprit qui éclaire et une conscience qui avertit. Grâce à ce festival, c’est un pont que nous sommes en train de construire entre nos Peuples, nous avons toujours vécu ensemble. C’est à travers ça qu’on peut ramener la paix. Aujourd’hui, le Mali et le Burkina soufrent du terrorisme et de l’insécurité. Mais, nous avons dit que les armes ne sont pas les seules solutions, c’est à travers ce genre d’initiatives que nous pouvons mieux préparer les esprits, conscientiser les autres et développer l’esprit de fraternité et de solidarité, de cohésion et de vivre ensemble», a indiqué le Ministre de Jeunesse et de la Construction Civique, Amadou Koïta à sa sortie de la salle.
C’est le film ‘‘Mougnou ni sabali’’, qui traite de la violence faite aux femmes du réalisateur malien Kaourou Magassa qui a ouvert le bal. Victime de viol, personnage du film, Fatima Bocoum a fait le déplacement de New York pour suivre l’avant-première de ce film qui elle espère va libérer la parole des femmes victimes de viol.
«Je suis passée par un processus où j’ai développé cet amour de moi même, pour le dire, je suis une femme, je suis un être humain, je n’aurais jamais dû vivre ce qui m’est arrivé. Donc, je parle de mon expérience pour que d’autres femmes fassent la même chose. Je voudrais que les femmes maliennes arrêtent avec le concept du ‘‘Mougnou ni sabali’’ quand elles sont violées. Qu’elles prennent la parole, qu’elles n’aient pas peur de ce qui va arriver. Il faut que les hommes aussi prennent conscience que les femmes sont leurs sœurs, femmes et mères pour les respecter. Et ne pas penser qu’ils valent mieux que les femmes pour se permettre de les violer». Pendant cinq jours, le festival va sillonner les quartiers, les universités et les salles de Bamako pour diffuser des films, engagé des débats faire rire et conscientiser à travers les flots de rappeurs engagés.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT