Cher COVID19,
Je ne sais pas si c’est avec plaisir ou détresse que je dois t’écrire. Certes tu as remis sévèrement toute la race humaine à sa place, mais cela n’enlève en rien l’estime que je porte pour toi. Je fais partie de cette minorité qui ne voit que du bien depuis ton arrivée en décembre dernier. Tu nous as montré que tout peut basculer en une fraction de seconde ; le plus important n’est pas ce qui nous différencie, c’est ce qui nous unit : la race humaine. Il me plaît de voir en toi ce caractère universel qui a fait que tu rendes visite à Boris, Johnson, envoies un clin d’œil à Donald Trump et Angela Merkel.
Quelle impartialité ! Pas de pauvres ni de riches. C’est la race humaine qui est dans le bateau que toi-même diriges comme tu le sens.
C’est grâce à toi que ma voisine Hawoye est heureuse ; son mari Hammey a annulé toutes ses réunions nocturnes jusqu’à ton départ. Elle te salue de passage. Mahalmoudou, le politicien d’à côté vient juste de se rendre compte que son fils est intelligent. Tonton Algrra lui, est revenu de l’Occident après trente longues années pour le bonheur de sa vieille mère Gnamoye qui ne voulait pas mourir sans lui faire ses adieux. Quant à mon frère Hassay qui avait vendu son lit, il a radicalement limité ses déplacements. Ma foi, que tu es fort, encore plus fort ! Que ton pouvoir est magique !
Des prisonniers sont libérés, des politiques investissent des sommes qu’on n’aurait jamais imaginées dans le social. Qui l’eut cru ?
Ta tactique est extraordinaire. Tu as fermé tous les lieux de culte, empêchant à l’humanité toute entière de demander le secours à son créateur. C’est encore très fort.
Ta modestie et ton calme m’ont ébranlé. Malgré tout le buzz, tu es resté toujours silencieux, tes yeux fixés sur ton objectif : corriger le comportement humain.
Tu as volé la vedette à Messi et à Ronaldo en fermant tous les stades du monde. Tu as réussi ce que l’ONU n’a jamais réussi : un cessez-le-feu dans tous les champs de bataille du monde.
Tu as instauré tes propres règles qui ont abouti à un comportement global et obligatoire : se laver les mains régulièrement, limiter ses déplacements, respecter l’espace de l’autre, s’occuper de ses proches.
Quel pouvoir ! Je jure que t’es fort.
Je t’ai tiré un grand chapeau durant ton séjour au Sénégal : « le pays des bénis ». Je ne sais pas comment tu as fait pour échapper aux commentaires de ses seize millions de virologues. Pour moi, c’est le seul test qui te restait et tu l’as réussi.
Maintenant que l’humanité toute entière a retenu la leçon, tu as choisi de retourner de là d’où tu venais. Comment ?
La Chine, l’Allemagne, les USA ont dépensé des milliards de dollars pour te trouver un moyen de transport luxueux mais tu as préféré celui du professeur Raoult qui n’est rien d’autre que la chloroquine, qui est d’ailleurs à porter de nous autres Tombouctiens, Quelle humilité !
Quelle leçon de vie mon cher ami !
C’est sur ces mots d’émerveillement que je te fais mes adieux.
N’oublie pas de transmettre mes salutations les plus respectueuses à Mahamane le boucher et de le secouer avant de partir. Car, depuis ton arrivée il a commencé à s’occuper de ses prières.
Ton fan *ABDOULAYE*: le Toumbouctien