Alors que la pandémie de Covid-19 prend de l’ampleur, le Fonds international de développement agricole (FIDA) inquiet des conséquences de l’expansion de la pandémie du Covid-19 sur le bien-être, les moyens d’existence et la sécurité alimentaire des ruraux pauvres, a créé le Mécanisme Covid-19 de relance en faveur des populations rurales pauvres (RPSF). Le fonds devrait être opérationnel le 4 mai et articulera ses interventions autour de quatre axes : la fourniture d’intrants et de moyens de production élémentaires ; la facilitation de l’accès aux marchés ; l’octroi de fonds ciblés pour les services de finance rurale et la promotion de l’utilisation des services numériques. Le FIDA alimentera ce fonds d’une dotation de 40 millions $ et appelle les autres donateurs à y contribuer en espérant lever au moins 200 millions $.
Selon le Fida, la crise sanitaire actuelle risque d’anéantir les avancées réalisées dans le monde en matière de recul de la pauvreté rurale et d’aggraver l’insécurité alimentaire. Pour tenter de l’empêcher, cette agence de l’ONU lance un fonds appelé « Mécanisme Covid-19 de relance en faveur des populations rurales pauvres ». Il s’inscrit dans le cadre de la réponse socio-économique apportée par le système des Nations unies face à la crise sanitaire actuelle.
Selon le président du Fida, Gilbert Houngbo, les ruraux « pourraient être davantage encore plongés dans la pauvreté, la faim et le désespoir, ce qui constituerait une véritable menace pour la prospérité et la stabilité mondiales ».
Pour éviter un tel scénario, « il faut, précise-t-il, prendre des mesures immédiates et donner aux populations rurales les moyens de s’adapter et de se relever plus rapidement, de façon à éviter une crise humanitaire de plus grande ampleur ».
Le Mécanisme de relance est une stratégie à court terme qui participent des objectifs de développement à long terme du FIDA. Le Mécanisme vise à améliorer la sécurité alimentaire et la résilience des populations rurales pauvres en soutenant la production, l’accès aux marchés et l’emploi. L’objectif final est d’aider les populations rurales pauvres et vulnérables à se relever plus rapidement de la crise liée à la COVID-19. Cela se fera de différentes manières: accent porté sur les groupes cibles du FIDA ayant la capacité, les actifs et la résilience nécessaires pour faire face aux chocs; intégration à l’action du FIDA des enseignements tirés de la mise en œuvre et des innovations du Mécanisme de relance; renforcement de la capacité d’appui numérique.
Les interventions prévues s’articulent autour de quatre axes principaux:
Fourniture d’intrants et de moyens de production élémentaires pour les cultures végétales, l’élevage et la pêche
Facilitation de l’accès aux marchés pour aider les petits exploitants à vendre leurs produits dans les lieux où l’ouverture des marchés a été restreinte
Octroi de fonds ciblés pour les services de finance rurale pour garantir un niveau suffisant de liquidités et pour assouplir les exigences de remboursement, de manière à préserver les services, les marchés et les emplois
Promotion de l’utilisation des services numériques pour faciliter la mise à disposition d’informations clés sur la production, la météo, les financements et les marchés
Tous les programmes de pays appuyés par le FIDA, dont les résultats en matière de développement sont mis en péril par la COVID-19 peuvent bénéficier du Mécanisme de relance. La préférence sera donnée aux pays qui présentent des capacités institutionnelles et financières limitées pour faire face à la crise. Au fur et à mesure que des fonds se dégageront, la liste des pays bénéficiaires sera progressivement élargie, de même que les éventuelles mesures de soutien aux autres populations vulnérables. Les plafonds de financement applicables aux pays et aux projets seront déterminés en fonction du montant total des financements disponibles.
Le Mécanisme de relance sera exécuté dans le cadre des projets et programmes du FIDA, ainsi que par l’intermédiaire de structures non étatiques comme les organisations paysannes, les organisations non gouvernementales ou des acteurs du secteur privé, partout où ils peuvent apporter une valeur ajoutée à la riposte.
Le FIDA est une institution financière internationale et un organisme spécialisé des Nations Unies, dont le siège est à Rome, en Italie. Le Conseil des gouverneurs est le principal organe de décision du FIDA. Il comprend tous les Etats membres du FIDA et tient une session annuelle, à laquelle participent tous les représentants officiels des Etats membres, à savoir les gouverneurs, leurs suppléants et tout conseiller désigné.
Avec les conditions climatiques extrêmes, les conflits, la fragilité et les migrations qui menacent les systèmes alimentaires, c’est pour quoi, les dirigeants devront investir davantage dans les populations rurales qui cultivent la nourriture. Ils n’ont que dix ans pour atteindre l’objectif d’éradication de l’extrême pauvreté et de la faim à l’échelle mondiale. Cela signifie qu’ils devront intensifier les investissements là où la pauvreté et la faim sont concentrées, à savoir dans les zones rurales.
Avec un soutien accru de la part des États membres, le FIDA vise à augmenter la production de plus de 200 millions de petits producteurs, à améliorer la résilience de plus de 100 millions de personnes en milieu rural et à accroître les revenus d’environ 260 millions de femmes et d’hommes en milieu rural d’au moins 20% d’ici 2030.
Il apparaît de plus en plus clairement que le chemin vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) passe par les zones rurales, où vivent 80% des personnes les plus pauvres du monde. Investir dans l’agriculture et le développement rural est le moyen le plus direct de voir s’accroître leurs revenus et leur sécurité alimentaire. Des études montrent que la croissance économique dans l’agriculture est deux à trois fois plus efficace à réduire la pauvreté que celle dans tout autre secteur.
Le FIDA étant la seule institution multilatérale exclusivement axée sur les zones rurales, il intervient dans des endroits reculés où arrivent peu d’autres projets de développement. Dans la décennie qui vient, le FIDA mettra à profit ses compétences et son expertise uniques pour concevoir et mettre en œuvre des projets d’investissement rural ciblant les groupes les plus vulnérables du monde, notamment les femmes, les jeunes et les populations autochtones dans les zones rurales.
Le FIDA agit également en tant qu’assembleur de financements et il est considéré comme un intermédiaire de bonne foi, notamment par les populations rurales et leurs organisations. En travaillant avec les gouvernements, la société civile, le secteur privé et d’autres partenaires, le FIDA mobilise des investissements croissants qui transforment les zones rurales sur le plan économique et social.
Mahamadou YATTARA