On ne cesse d’entendre parler ou de lire un peu partout « laver les mains. Ça peut vous sauver la vie et protéger vos proches ». Mais ce message est-il adressé à l’ensemble des Maliens ou à une frange de la population, les plus chanceux ?
Avant même le coronavirus, cinq personnes meurent chaque minute de suites de maladies liées à l’eau insalubre dans le monde, selon « Solidarités International ». Cette statistique nous effraie lorsqu’on sait dans quelles conditions difficiles la majorité des Maliens se procurent de l’eau potable. Donc quand on nous demande de se laver les mains plusieurs fois dans la journée avec de l’eau pour se protéger contre le coronavirus, c’est inquiétant. D’autant plus que ce liquide est un luxe dans une situation où près de la moitié des Maliens n’ont pas accès à l’eau potable. Qui dit eau potable, dit eau propre sans microbe !
Plus angoissant, on nous fait comprendre que durant la pandémie, se laver fréquemment les mains avec de l’eau et du savon fait partie des mesures les plus économiques, les plus faciles et les plus importantes pour prévenir la propagation du virus. Oh mon Dieu ! Comment allons-nous faire ? Nous, les populations qui peinent à avoir 20 litres d’eau par jour pour survivre.
Il est bien d’informer les populations sur les pratiques qui sauvent la vie, mais quand les moyens ne sont pas réunis pour faire face, à quoi bon ?
Si le gouvernement ne veut pas laisser en réalité son peuple mourir, la première chose à faire avant même de nous exposer à la télévision nationale ORTM et autres médias des seaux et du savon, c’est de ravitailler tout le monde en eau potable avec des citernes. Surtout les personnes qui ont des difficultés à avoir accès à un point d’eau en premier lieu, et après envisager de réaliser dans les quartiers en manque d’eau, des forages dans l’urgence.
Depuis belle lurette, des Maliens meurent tous les jours à cause du manque d’accès à l’eau et aux services essentiels comme l’assainissement adéquat, l’hygiène. Ô combien de fois, nous, les journalistes ont décrié cette réalité sans que le gouvernement ne réagisse ! Pourtant, des solutions simples existent, il suffisait d’une volonté politique. Ce manque d’eau dans l’étendue du Mali a créé dans les populations des carences qui tuent plus que le Coronavirus.
Peuple malien, s’il faut de l’eau pour vous protéger contre le coronavirus, alors, que le Bon Dieu nous vienne en aide ! « Sans eau il n’y a pas de vie », n’a jamais été véridique qu’aujourd’hui.
FOUINEUR