Dans le but de donner sa position par rapport à l’évaluation du plan d’actions du sommet de la Valette et de partager avec les hommes de media sur les incidences de la politique migratoire de l’Union Européenne dans les pays de la CEDEAO, l’Association Malienne des Expulsés(AME) a tenu une conférence de presse à son siège sise à Djélibougou, co-animée par le son président, Ousmane Diarra et Souhad Touré chargé des questions de la Femme et de la Jeunesse. C’était le mardi 14 février dernier.
A tour de rôle, les deux conférenciers ont exposé, respectivement, sur les thématiques liées à l’évaluation du processus de la Valette, le rôle joué par la société civile dans le cadre de la lutte contre la politique migratoire de l’UE dans les pays membres de la CEDEAO et les incidences de cette politique sur ceux-ci.
D’entrée de jeu, le président Diarra a d’abord expliqué ce que c’est que le sommet de l’UE-UA tenu à la Valette les 12 et 13 novembre 2015. Il a ensuite souligné qu’il a été proposé, à l’issue de cette rencontre, l’idée d’un document de voyage européen, le ‘’laissez-passer européen’’, et la conclusion d’accords de réadmission pour faciliter le retour des migrants en situation soi-disant irrégulière, leur réinsertion dans leur pays d’origine.
Après avoir pris connaissance de ces propositions, ajoutera-t-il, les pays africains à travers l’Union Africaine(UA) ont manifesté catégoriquement leur désaccord. La quelle position n’a pas été prise en compte par l’UE, puisque, selon lui, certains de ses pays, notamment la France et la Suède, auraient procédé sans aucune hésitation à l’expulsion des ressortissants des pays tiers qui selon eux étaient en situation irrégulière. « A titre illustratif, le Mali a accueilli sur son sol deux personnes détentrices de ce document de voyage au mois d’août 2016 » a-t-il déploré, avant de préciser que ces expulsions étaient faites sur la base du laissez-passer européen.
Selon lui, ce ‘’laissez-passer européen’’ auquel tient impérieusement l’UE, permettrait d’expulser les migrants en situation irrégulière en Afrique, mais plus précisément au Niger dans un centre construit à Agadez. Ce centre a, pour rôle, d’accueillir tous les expulsés de l’UE sur la base du laissez-passer européen et de les réorienter sur les leur pays d’origine. « Avec ce laissez-passer l’UE n’est plus obligée d’expulser un migrant en situation irrégulière sur la base du laissez-passer d’aucun pays Africain » a-t-il déclaré.
Pour mieux faire avaliser ses propositions par l’UA, selon Diarra, l’UE, a décidé de refuser son aide au développement à tout pays africain qui refuserait de signer les accords de réadmission. De même, il dira que l’UE pour inciter davantage l’UA a décidé de faire passer son fond fiduciaire d’un milliard huit cent millions d’euros à plus de deux milliards d’euros. C’est cette dernière mesure, selon M. Diarra qui aurait fait pencher la balance du côté de l’UE, toute chose qui pourrait être expliquée par le changement de position de certains pays africains au regard des avantages du fond fiduciaire, regrette-t-il.
Le conférencier dira que ce changement de positions du côté des pays africains, a été constaté à l’issue d’une réunion qui s’est ténue à Malte les 12 et 13 novembre 2015. « Cette division entre pays africains traduit la non concertation alors que leurs collègues de l’UE s’étaient bien concertés » a-t-il déclaré.
A son tour, pour exposer sur la thématique relative aux incidences de la politique migratoire de l’UE sur les pays membres de la CEDEAO, Mme Doumbia Souhad Touré, mettra l’accent sur les difficultés, qu’elle aurait rencontré et constaté au cours d’une mission d’observation, sur l’axe Bamako-Gao-Niger-Ouagadougou.
Le calvaire des migrants des pays de la CEDEAO
Ainsi donc, selon elle, la libre circulation dans l’Espace CEDEAO, entre pays membres n’est qu’un slogan dans la mesure où, au Mali comme dans beaucoup d’autres pays dudit espace, les migrants sont importunés par le comportement malhonnête des agents de sécurité au niveau des postes de contrôle.
Pour preuve, selon elle, au Mali, le payement ou arrangement de poste, pour une personne qui veut se rendre à Gao, commence par le poste de contrôle de Ségou. « A Ségou, le payement d’une somme forfaitaire est obligatoire par tous les passagers non maliens, qu’ils soient en règle ou pas » a-t-elle déclaré.
Il précisera par la suite que le poste de Sévaré à Mopti est le pire des postes de contrôle. Selon elle, c’est à ce poste de contrôle, que les migrants non maliens peuvent payer à l’entrée de la ville et à la sortie un montant totale de 50 000FCFA comme frais d’arrangement de poste. « Même les Malien qui ne disposent pas de pièce d’identité n’échappent pas à ce payement illégal au niveau des postes de contrôle de cette ville » a-t-elle déploré, avant d’ajouter que de telles pratiques la règle sur tout le reste du trajet jusqu’à Gao.
S’agissant du trajet, Gao-Niger-Ouagadougou, selon elle, le payement illégal n’est pratiqué que sur les passagers non munis des papiers nécessités par un déplacement. « Mais, par contre à notre retour au Mali, à la frontière de Burkina tous les passagers non Burkinabé ont payé sans exception » a-t-elle déclaré.
Par Moïse Keïta LE SURSAUT
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