Les protestations post-électorales sont loin de s’essouffler. Bien au contraire, elles vont en s’amplifiant, prenant des tournures inattendues, voire dramatiques.
Partout dans le pays, les résultats définitifs des dernières législatives proclamés par la Cour constitutionnelle ont été accueillis avec circonspection. Ça va bien au-delà, leur rejet est même systématique, provoquant çà et là des heurts terribles.
À Kayes, à Koutiala et à Sébénikoro (quartier où réside IBK), les commissariats de police ont été les cibles des jeunes furieux, qui ont distribué le feu sur leur passage. Des véhicules flambant neufs du commissariat ont été sérieusement endommagés à Koutiala. À Kati, les manifestants en furie ont brûlé les pneus sur les artères principales et attaqué quelques administrations. Bamako, la capitale, n’est pas demeurée en reste. Toutes les communes ont connu des moments d’embrasement, avec des pertes en vies humaines occasionnées par les forces de l’ordre. Même les domiciles privés n’ont pas été épargnés. Quid de Moribabougou sur la route de Koulikoro, de Bougouni et de Niéna. Dans la ville de Sikasso, la route nationale n°7 a été coupée à la circulation. La ville a organisé un meeting géant pour dénoncer la perfidie des résultats proclamés par la Cour constitutionnelle. Le député sortant déclaré vaincu à Kolondiéba, le charismatique Dr. Oumar Mariko, y a été la vedette en décochant contre IBK et son régime des philippiques d’une rare virulence.
Mais Dr. Mariko prône surtout l’utilisation par le peuple de l’article 121 de la constitution, qui donne au peuple le droit à la désobéissance civile quand la forme républicaine de l’État est menacée. À ses yeux, les dérives autocratiques en cours sont de cet ordre. Son mot est désormais, avec la certitude de la victoire du peuple lésé : « Désobéissance civile, refus du couvre-feu comme à Kita et demain le sit-in à Kayes. Le bateau du pouvoir prend de l’eau et les arrestations n’arrangeront rien. IBK n’a pas l’étoffe d’homme d’État pour faire face à cette crise. Il n’a aucune réponse. Vous ne me croyez pas ? Alors, wait and see… la réponse est politique, elle n’est ni dans le droit ni dans la répression. Comme IBK ne connaît que la violence comme mode de gestion, alors il va s’engouffrer ». L’histoire est en train de s’accélérer.
Joseph Podiougou