vendredi 22 novembre 2024
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Condamnation de Aliou Mahamane Touré à 10 ans de prison ferme : Une victoire à demi-teinte pour les victimes

Jugé le vendredi 18 août 2017 lors de la première session des assises à la Cour d’appel de Bamako, l’ex commissaire islamique du Mujao Aliou Mahamane Touré, a été condamné à dix (10) ans de prison ferme et le paiement de la somme de 50 millions FCFA, à titre de dédommagement de ses victimes. Une victoire à demi-teinte pour les victimes.
Après un premier report le mercredi 09 août pour l’absence des victimes qui constituent la partie civile, le procès de l’ex commissaire islamique Aliou Mahamane Touré du MUJAO s’est finalement tenu le vendredi 18 août dernier à la Cour d’Appel de Bamako. L’homme était accusé entre autres : d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État, détention illégale d’armes, d’association de malfaiteurs et de coups et blessures aggravés pendant l’occupation des régions du Nord du Mali par les groupes terroristes dont il fut un des éléments.
Ouvert en présence de ses nombreuses victimes hommes et femmes qui ont parcouru de longs kilomètres pour se rendre à Bamako, le procès d’Aliou Mahamane Touré a duré toute la journée, de 9h22 jusqu’à 20h40.

Malgré les nombreuses preuves, les témoins et victimes à la disposition de la partie civile, Aliou Mahamane Touré a nié à la barre tous les chefs d’inculpation retenus contre lui. Et cela, sous prétexte, qu’il s’est rallié au groupe Mujao pour sauver sa tête et protéger sa famille. Car dit-il pendant le temps de l’occupation, l’administration publique était absente, et les terroristes dictaient leurs lois.
« Je me pose la question pourquoi moi je suis jugé, je n’ai rien fait à personne.. » a déclaré Aliou Mahamane Touré. Cette interrogation de l’accusé a suscité d’intenses débats entre les conseils de l’accusé et ceux de la partie civile. Ainsi que les victimes qui ont pu s’exprimer tour à tour à la barre pour rappeler le supplice qui leur a été infligé par Aliou Mahamane Touré.

Après les plaidoiries des avocats de la partie civile à la cour, le ministère public a requis la condamnation d’Aliou Mahamane Touré, pour crimes de guerre. Mais dans sa délibération la cour n’a pas retenu ce chef d’inculpation contre l’ex-commissaire de la police islamique du MUJAO, Aliou Mahamane Touré. Qui a finalement été condamné à 10 ans de réclusion criminelle et à payer en guise de dédommagement de ses victimes la somme globale de 50 000 000 FCFA. Sur laquelle les deux victimes amputées recevront chacune 20 000 000FCFA, trois autres victimes 2 000 000FCFA chacune et une victime 3 000 000 FCFA.
Mais ce verdict n’a pas satisfait la partie civile qui espérait sur une peine plus lourde. Car selon eux, la peine infligée à Aliou Mahamane Touré ne répond pas à l’ampleur et à la gravité des crimes commis par lui à Gao.
A la sortie de la salle d’audience après la fin du procès aucun avocat de la partie civile ne s’est réjoui du verdict rendu par la cour.
« Ce soir, nous sommes satisfaits de la condamnation d’Aliou Mahamane Touré, mais la portée symbolique de ce procès est entachée par les infractions retenues, d’autant que l’ancien commissaire islamique était poursuivi pour crimes de guerre. Qualifier de coups et blessures les amputations commises à Gao est un véritable euphémisme. Ce procès montre tout le chemin qu’il nous reste à parcourir dans la lutte contre l’impunité au Mali, toutefois, nos organisations regrettent que l’infraction de crimes de guerre n’ait pas été retenue par la Cour et attendent désormais une accélération des autres procédures judiciaires en cours. Je m’attendais quand même à une peine plus lourde. Les crimes de guerre sont établis (…) Mais c’est un procès pour l’Histoire. La Cour a reconnu coupable l’accusé» a déclaré Me Moctar Mariko, président de l’AMDH et avocat de la partie civile.
Tandis que maître Tiessolo Konaré avocat de la défense déclare « Je regrette la peine infligée à mon client. On n’a pas apporté des preuves irréfutables. En outre, de gros calibres impliqués dans des crimes au nord du Mali pendant l’occupation (des jihadistes) sont à l’air libre, alors que notre client n’était qu’un second couteau, Il n’a jamais été prouvé que mon client a amputé qui que ce soit»,
Quant aux victimes elles se disent heureuses de voir leur bourreau jugé et condamné devant un tribunal. « Depuis mon amputation, j’attendais le moment où je pourrais dire, en face d’Aliou Mahamane Touré, ce que j’ai subi en 2013 et ce que je vis depuis lors. Je suis heureux d’avoir pu le faire aujourd’hui, mais je regrette que les tortures que nous avons subies n’aient pas été pleinement reconnues. C’est donc une victoire à demi-teinte pour moi, et pour les victimes de Gao» a déclaré M. X., l’une des victimes d’Aliou Mahamane Touré et partie civile.
Bokoum Abdoul Momini

Djibril Coulibaly

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