jeudi 21 novembre 2024
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Communales du 20 novembre : Du cafouillage au tripatouillage !

Le gouvernement, à travers le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat a fait un véritable forcing électoral, à travers la tenue du scrutin d’hier dimanche 20 novembre. Cela sur la base d’une loi électorale abrogée, mais aussi en connaissance de cause de l’état d’insécurité criarde dans de nombreuses parties du pays. Surtout après la menace de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Une menace fondée sur le report de la mise en place des autorités intérimaires. C’est une véritable mascarade électorale que le pays a vécu hier.
La tension était vive hier, jour des élections communales. Même dans la capitale, Bamako, les forces de sécurité, notamment les FORSAT (Forces spéciales anti terroristes) étaient sur le qui vive. Des patrouilles se faisaient sur les alentours des différents centres de vote. A Bamako si la menace sur le scrutin était d’ordre politique (car l’on soupçonnait le pouvoir d’une fraude pour faire passer les listes RPM), dans les autres localités il y’avait une situation d’impréparation généralisée, mêlée à la crise sécuritaire. Mais au-delà de tous, on notait un véritable manque d’engouement chez les populations, du matin à la fermeture des bureaux de vote.
Le ministre Ag Erlaf à l’index !
Au niveau des différents centres, les discussions étaient chaudes sur l’interprétation des textes devant régir le scrutin. Cependant, on affirme que le cafouillage émane du département chargé de l’organisation des élections, le MATDRE, géré par Mohamed Ag Erlaf. Le ministre, hors du territoire national le jour d’une consultation si cruciale, est accusé d’avoir saboté le scrutin sur toute la ligne. Pour preuve, l’un des facteurs déroutants fut le changement brusque de textes de loi devant régir le scrutin. Car, à la convocation du collège électoral, le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat avait notifié, à travers le communiqué du Conseil des ministres que les élections sont organisées avec la nouvelle loi électorale votée en Octobre 2016. Les listes de candidatures ont été constituées conformément aux dispositions de cette nouvelle loi, au même titre que l’ouverture de la campagne électorale. Mais à la surprise générale, à la veille même du scrutin (4 jours avant la date butoire) le ministre, à travers une correspondance adressée aux partis politiques, informe les formations politiques de la tenue du scrutin, à partir de l’ancienne loi électorale, c’est-à-dire celle du 4 septembre 2006. Celle qui était abrogée dans toutes ses dispositions à la faveur de la promulgation de la nouvelle loi. Cependant, les partis de l’opposition n’ont pas gardé le silence sur cette situation conflictuelle. Selon eux cette confusion autour de la loi électorale a été sciemment créée et entretenue par les autorités afin de mieux tricher au profit du parti au pouvoir. Malgré des protestations, le puissant ministre, chargé de l’organisation des élections n’a pas daigné reculer.
Et l’histoire finira par donner raison à ceux qui doutaient de la bonne foi du pouvoir public, car dans plusieurs localités à travers le pays , l’on a découvert des fausses cartes Nina, des bulletins mal confectionnés et des transformation des logos, ou l’emplacement des logos de certains partis politiques. Cela fut le cas à Koutiala, où dans toutes les circonscriptions électorales, les bulletins de vote établis ne portaient pas le logo du parti MPR. Il a fallu, aux responsables de cette formation politique d’alerter le département de tutelle afin que cette situation d’injustice puisse être réparée à la veille même du scrutin.
En outre, à cause de la précipitation dans laquelle le scrutin fut organisé, de nombreuses circonscriptions électorales du centre et du nord du pays n’ont pas reçu de matériels électoraux..
Quand la crise sécuritaire s’invite à la fête !
En plus de ce coup porté à la tenue du scrutin, par la seule volonté du ministre Ag Erlaf, l’autre facteur qui a entaché ces communales d’hier concerne l’insécurité dans le pays. Comme si l’on voulait amener les paisibles citoyens à la boucherie, les autorités publiques ont maintenu la tenue du scrutin dans presque toutes les localités, qui sont sous la coupe de la CMA et de ses acolytes narcoterroristes. Partant, dans de nombreuses localités le scrutin fut interrompu par des hommes armés. Lesquels ne se sont pas fait prier pour faire irruption avec armes dans des centres de vote, avant de mettre le feu aux matériels électoraux. Ainsi ce même scénario s’est produit entre autres à Menaka, Tessalit, dans les communes de N’Tilit, de Tessit et de Talaye (Asongo). D’autres communes comme Ber (Tombouctou) Douékeré (Goundam), Séréré et Hanzacoma (Gourma Rharous) ont vu leur matériel électoral incendié par des hommes armés, de la CMA (selon des témoignages)/
Pourtant depuis le 11 novembre dernier, la CMA à travers un communiqué signé d’Illad Ag Mohamed a exprimé des inquiétudes par rapport à ce qu’elle appelle ‘’l’insistance du gouvernement malien’’ à organiser les élections communales à la date du 20 novembre 2016. Selon elle, ce sont les autorités intérimaires qui devraient tenir ces élections dans certaines localités. Or la mise en place de ces autorités intérimaires, initialement prévue pour le 15 novembre, fut reportée par la Commission pour la paix et la sécurité (CPS). D’ailleurs depuis cette date les accrochages en repris entre les groupes armés de la CMA et du Gattia, notamment dans la localité de Tinzawaten.
En clair les conditions adéquates pour la tenue du scrutin d’hier n’étaient aucunement réunies. D’aucuns affirment que le pays, depuis son avènement à la démocratie aurait vécu sa plus mauvaise élection de proximité, ce 20 novembre. Doit-on toujours se plier à la volonté d’une seule personne ?
Moustapha Diawara LE SURSAUT ||| lecombat.fr

Djibril Coulibaly

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