La date du 22 septembre a toujours entretenu notre curiosité comme un souffle animerait un brasier. Mais ne gonflons pas si vite nos poitrines pour rien… Comme une montagne mythique, comme un chemin pas toujours droit, le 22 septembre a eu ses heures de gloire et ses jours de doute. La fête était portée dans les cœurs des Maliens. La fête a changé au-delà de toutes les prévisions. La couverture médiatique s’est brodée de mille fils nouveaux.
On dit bien qu’il n’y a pas d’ambition politique à crédit. La politique restant toujours aux commandes. Une image revient ici, ce jour du 22 septembre 2016, sur le monument de l’Indépendance où le Président de la République recevait, dans ce matin frais, les rangs des médaillés de l’Indépendance, hommes et femmes qui nous rappellent en Romain de jadis qu’ont tout donné à Rome, jusqu’au dernier bien. D‘une voix qui se perd, à cet âge avancé, l’ancien Gouverneur du temps de la 1re République, a remis au Président IBK un portrait de leur grand homme, pour magnifier et faire graver dans les mémoires tout ce qu’il avait entrepris pour la réhabilitation de F. le Président Modibo Kéïta. Les hommes et les femmes seront-ils encore les témoins d’une autre célébration au monument de l’Indépendance ? Hâtons-nous de le souhaiter et de leur dire ô combien nous les aimons ! Aujourd’hui, nous revenons à ce diagnostic initial : il s’agit de la synergie d’une action civique qui ne prend plus tout à fait. Il ne s’agit plus de témoignages de celui qui a vu les premières années de la geste de l’Indépendance pour informer la multitude de ceux qui n’ont pas vu comment était vécue la fête. Désormais, nos compatriotes voient presque tout, tout de suite. L’autre soir, sur les plateaux de l’ORTM, le Professeur Konaré, un éminent Historien, nous fit revivre ces folles particularités des moments de fête en 1958 dans la Région de Sikasso quand on marchait déjà vers l’Indépendance. Désormais, la maturité des Maliens a pris place et le scepticisme général … Aujourd’hui, le prêt à porter (nous dirons le prêt à penser) du civisme est au degré zéro. Avez-vous compté, en ce 22 septembre 2016, comme le disait un Reporteur d’une radio de proximité, le nombre de drapeaux maliens aux fenêtres, dans les rues, sur les grands bâtiments et les édifices officiels ?
Il nous racontait que le grand marché était ouvert ce 22 septembre 2016 comme à l’accoutumée
Le Mali de 2016 se regarde mieux dans ce «Kaléidoscope». Cette année, les autorités nationales ont animé les festivités sans essayer de l’accaparer. Elles ne peuvent pas faire autrement, nous direz-vous. Mais elles aiguisent ainsi l’esprit critique. Les populations ignorent tout du soliloque vertical de ceux qu’ont succédé au premier Président du Mali, Modibo Kéïta. Nous disons cela, mais nous ne serons pas exempt de fautes. Nous ne sommes que des supplétifs- serviteurs du papier journal à l’usage des gens déjà convaincus. Si nous colorons nos articles de passions, est-ce pour confesser la fragilité de nos jugements dans des articles ? Nous n’avons, pour nous défendre, qu’une seule ligne : choisir ce que l’on lit afin de savoir ce qu’on vit… Comprendre son temps, oui et non le subir ! Tout a changé sauf l’essentiel. Nous continuons d’éteindre nos poitrines quand on entend le chiffre 22 de chaque mois de septembre.
KONE : LE COMBAT