jeudi 28 mars 2024
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Au service des urgences au CHU Gabriel Touré : Silence, les patients réduits à la détresse !

Les malades, dans des situations impérieuses, amenés au service des urgences du centre hospitalier universitaire (CHU) Gabriel Touré subissent la négligence des agents de santé. Même les premiers soins sont conditionnés au paiement de l’argent.

Dans les grands hôpitaux des pays voisins, le traitement des patients dans des cas urgents se fait sans tracasseries financières. C’est une fois après, au moins, les premiers soins que s’impose le paiement de la facture. C’est la santé avant tout chez eux, et la législation est bien respectée.

Contrairement au Mali, plus précisément au service des Urgences du CHU Gabriel Touré, le patient est laissé pour compte dans la douleur et parfois dans un véritable bain de sang. Car, ce sont majoritairement des personnes victimes des accidents de la circulation routière qui sont conduits au service des urgences du CHU Gabriel Touré.

En effet, ce jour du 3 octobre 2016, vers le petit soir, notre téléphone sonna. C’est un des urgentistes dudit service au bout du fil.

«Vous êtes Diakité ? Vous avez votre frère au service des urgences du CHU Gabriel Touré. Il a eu un accident de la circulation routière. On vous attend», nous informa notre agent de santé dont nous préférons volontiers de taire le nom. En fait, malgré que notre frère gémissait sous le choc de l’accident ; car, ayant eu une double fracture au tibia avec des plaies aux épaules, le bonhomme, l’agent de santé au service du jour, lui a pris notre contact afin de nous appeler. Imaginez ! Ce n’était point par pitié. Mais, c’était pour qu’on puisse venir au secours du jeune frère parce qu’il n’avait pas de sous sur lui pour prendre en charge les premiers soins. Malheureusement, on était un peu distant de l’hôpital. «Je suis au service. Il est loin du CHU Gabriel Touré », tel fut notre réponse. Et notre agent de santé de répliquer : «Ecoutez, votre frère est en train de souffrir, vous dites que vous êtes au travail ! On ne peut pas faire le traitement si vous ne venez pas payer », nous a-t-il lancé.

Surpris du comportement de notre interlocuteur et inquiet de l’état de santé de notre frère, nous nous sommes précipitamment rendus au service des urgences du CHU Gabriel Touré. Effectivement, nous avons trouvé le patient en sang après plus d’une trentaine de minutes de l’accident. Il n’avait reçu aucun traitement. Donc, il a risqué de mourir de douleurs sous les yeux des Médecins insensibles et qui conditionnent tout traitement à la perception à chaud des espèces sonnantes et trébuchantes.

Des vols de médicaments au service des urgences !

En plus de leur tentation pour l’argent, certains agents de santé du service des urgences du CHU Gabriel Touré sont doués dans le vol des produits de leurs patients. Ils ne manquent pas de stratégies pour soustraire les médicaments achetés par les malades.

En effet, quand on n’est pas victime de la discrimination au CHU Gabriel Touré, le mal du vol des médicaments prend, petit à petit, place sur les lits auprès des accidentés hospitalisés au service des urgences. Les patients à la quête de soins de santé urgents sont souvent victimes d’actes de détournement ou de vols de leurs médicaments. A notre présence, plusieurs malades se plaignaient de la disparition de leurs produits. Alors que ce sont les agents de santé seulement qui y ont accès ; car, c’est surtout lors de passage des équipes de pansement ou de contrôle des patients.

Pour notre part, ils ont disparu avec pratiquement tous nos produits. Surtout que nous ne voyions que l’état de notre malade. Nous étions contraints de nous référer à l’hôpital de Kati pour le reste des traitements du jeune. Ici, on était dans l’obligation de racheter les ordonnances.

Auparavant, lorsque nous arrivions au CHU Gabriel Touré, un malade était laissé dans la détresse déplorable à bord d’une ambulance à la devanture du service des urgences. Selon les explications, ce dernier avait duré dans cette position. Il était venu de l’intérieur du pays. On ne lui a pas accordé l’accès du service des urgences pour des raisons de manque de place. Faux ! Rétorque un interlocuteur. En tout cas, il a fallu l’intervention d’une relation bien placée, juste après un coup de fil, pour qu’on s’intéresse à son cas tout en lui permettant d’être admis au service des urgences.

C’est dire que le service des urgences du CHU Gabriel Touré est en train de devenir un mouroir. Sans ambages, c’est un lieu où même quant on n’y meurt pas, on encaisse d’autres maux qui dépassent l’entendement. Gare à celui qui en amène en urgence son parent malade dans cette structure publique de santé à Bamako. Aucune norme sociale n’y est respectée. Et la situation va de mal en pis ; cela, du jour au lendemain. Et le plus préoccupant est du fait tout se passe sous le silence coupable des plus hautes autorités du Mali.

Oumar Diakité : LE COMBAT

COULIBALY

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