Une mission d’escorte du Groupement d’Intervention (G.I) de la Garde nationale du Mali a déjoué une embuscade fomentée par des hommes armés sur l’axe Gossi-Hombori. Elle a fait deux morts et six prisonniers parmi les assaillants qui seraient tous des éléments incontrôlés du Groupe Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA), selon des sources militaires.
Depuis plusieurs mois, des équipes de missions ou d’escortes des Forces Armées du Mali (FAMA) sont victimes d’attaques à répétition sur les axes routiers reliant les Régions et localités du Nord. C’est le cas, principalement, de l’axe Sévaré-Gao. Leurs véhicules font l’objet de cibles potentielles. Presque, chaque deux semaines, on déplore des actes de violence inouïes et de tueries des militaires maliens dont les véhicules sautent sur des mines à fabrication artisanale téléguidées à distance.
Le GATIA mis à nu !
Ce jour, dimanche 25 décembre 2016, de retour d’une mission d’escorte, un convoi du G.I (Groupement d’Intervention) de la Garde nationale est tombé sur une embuscade entre Gossi et Hombori. L’unité spéciale de la Garde nationale a réussi, avec professionnalisme, à échapper du guet-apens de ces bandits armés. Elle a enregistré, tout de même, quelques cas blessés moins graves dans ses rangs. Contre deux morts et six assaillants capturés, et amenés à Bamako. Cela, malgré que la Garde nationale ne soit que faiblement équipée par rapport aux autres corps des FAMA.
En effet, selon nos informations, les deux assaillants tués et ceux tenus prisonniers seraient des membres du Groupe d’Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA).
«Les deux éléments tués ont d’abord dépassé le convoi du GI de la Garde nationale à bord d’un véhicule estampillé GATIA. Ils étaient habillés en treillis militaires. C’est après avoir rejoint leurs complices dans leurs abris, qu’ils ont tendu l’embuscade. Les six autres bandits armés qui ont été faits prisonniers possédaient le détonateur à distance de l’explosif. Donc, en position d’attaque derrière une dune… », nous confirma une source proche du dossier.
Selon nos informations, c’est le scénario similaire érigé en système tactique. Avant chaque attaque ou saut d’un véhicule de l’armée malienne sur une mine anti-personnel, c’est un véhicule du GATIA qui dépasse l’escorte sécuritaire des FAMA. Ces éléments, apprend-on d’une source bien informée, brandissent toujours un ordre de mission signé par le GATIA.
Historique du GATIA
Pourtant, le GATIA est un mouvement reconnu comme loyaliste, opposé à l’indépendance voire à toute autonomie du Nord du Mali. Le jour de l’officialisation de la création du mouvement, son secrétaire général, Fahad Ag Almahmoud, avait déclaré : «Nous venons de créer le Groupe autodéfense touareg imghad et alliés (GATIA) pour défendre les intérêts de notre communauté dans le Nord du Mali ; notamment contre le MNLA. Nous sommes pour le processus de paix, nous reconnaissons l’intégrité territoriale du Mali et nous ne réclamons pas d’autonomie. Nous voulons travailler avec le gouvernement malien pour ramener la stabilité du pays».
Rappelons que le GATIA est crée le 14 août 2014. Sa création est une conséquence de la défaite de l’Armée malienne lors de la bataille de Kidal du 21 mai 2014, ayant permis aux forces rebelles du MNLA, du HCUA et du MAA de prendre le contrôle de la ville ainsi que celle d’Anéfis, abandonnée par les militaires maliens.
De mai à juillet 2014, des affrontements éclatent dans les environs de Tabankort et Anéfis, dans la Région de Gao, entre, d’un côté, les groupes rebelles du MNLA, du HCUA, de la branche autonomiste du MAA, et, de l’autre, une alliance de groupe armés pro-Mali, avec une fraction loyaliste du MAA, composée d’Arabes de la tribu des Lam-Har, une milice de jeunes touarègues de la tribu des Imghad et des Songhaï de la Coordination des mouvements et front patriotique de résistance (CM-FPR). C’est à la suite des combats que les loyalistes de la tribu des Imghad annoncent la création du GATIA le 14 août 2014.
Et, pourtant, dès le 24 août 2014, la Plateforme des cadres et leaders touaregs, présidée par l’ancien Premier Ahmed Mohamed Ag Hamani, avait condamné la création du GATIA qu’elle qualifie d’une «milice ethnique» et est allée jusqu’à exclure Fahad Ag Almahmoud de la Plateforme.
Oumar Diakité : LE COMBAT