A quand la fin du bras de fer au sein de l’Association de santé communautaire de Djélibougou (Asacodjé) ? Un combat entre deux poids lourds paralyse aujourd’hui toute une Commune. D’un côté le personnel du Centre de santé amené par le médecin chef Dr. Zeinabou Yattara, une femme réputée courageuse et tenace, face au président indétrônable du conseil d’administration, Cheick Doucouré.
Les raisons de ce divorce entre le président du conseil d’administration, Cheick Doucouré, et le personnel de l’Asacodjé sont nombreuses et variées selon les sources. En effet, il faut remonter au 25 août 2015 suite à une assemblée générale tenue dans l’enceinte du stade Mali-Angers à Djélibougou.
L’équipe de Cheick Doucouré a été reconduite encore pour un autre mandat de 4 ans. Cela a surpris plus d’un en Commune I, notamment les travailleurs de l’Asacodjé qui n’ont cessé de dénoncer la gestion autocratique et discriminatoire de l’Asaco par le président du conseil d’administration.
La mairie, le Centre de santé de référence de la Commune I, le gouvernorat du district de Bamako, la direction régionale de la santé, le ministère de la Santé, les personnes de bonne volonté et même le Pôle économique ont échoué à faire ramener Cheick Doucouré à la raison, à se démarquer de la gestion du centre.
Selon des sources concordantes, après 8 années de gestion, le bilan de l’équipe dirigée par Cheick Doucouré est très décevant. Une chute vertigineuse du centre en terme de fréquentation, en terme d’entrée d’argent, en terme de soin, car un Asaco sans médicament est une coquille vide, martèle une infirmière. Et dans cette situation confuse et de procès en procès, les patients payent le lourd tribut.
La crise a atteint son paroxysme. Pour répondre aux besoins de santé des patients, le personnel a été obligé de signer un engagement pour s’endetter afin d’avoir les médicaments à la Pharmacie populaire du Mali (PPM), car la caisse de l’Asacodjé est vide.
Un agent de santé sous anonymat nous confie : « Le rêve de Doucouré est de voir Asacodjé fermée, raison pour laquelle il continue avec les coups bas et ses intimidations au niveau de la justice. Il a tout tenté ça n’a pas marché, il revient encore. On ne va pas se laisser faire. Il se considère comme un bénévole et pourtant le président du conseil d’administration Cheick Doucouré prend chaque mois 60 000 F CFA comme prix de carburant« .
Aujourd’hui, de l’avis de certains professionnels de la santé, l’Asacodjé souffre de la non application des textes qui régissent les Asaco. Par ici, d’un côté, et de l’autre côté le cumule de fonction de Cheick Doucouré. Il est le président du CA, président du comité de gestion, comptable, et trésorier. Mieux encore aux dires du personnel il s’implique même dans le plateau technique, chose qui est réservé aux médecins.
Après 8 ans de gestion, l’équipe dirigée par Cheick Doucouré n’a pas été capable de fournir un document comptable de gestion. Tout est flou, opaque. Un rapport du gouvernorat du district de Bamako sur la gestion de l’Asacodjé par l’équipe de Cheick Doucouré a révélé pour le moment un trou de 3 millions non justifiés.
Pas de prime de garde pour les médecins, un centre qui n’est plus capable aujourd’hui de faire face aux besoins de l’Assurance maladie obligatoire (Amo) et qui traine les arriérés de l’INPS de plus de 2 millions, inégalité de traitement entre les travailleurs.
Les maux sont là et le blocage se situe au niveau du conseil d’administration dirigé par Cheick Doucouré martèle une infirmière. Le samedi 25 juin 2016 au cours d’un sit-in qui s’est tenu dans les locaux du centre, la population de Djélibougou, très remontée, est montée au créneau pour exiger un audit de la gestion de l’Asacodjé.
« Hier Asacodjé faisait notre fierté aujourd’hui c’est la honte« , dixit un jeune.
Aujourd’hui plus que jamais la population de Djélibougou a décidé de prendre les choses en mains. Du côté du syndicat des médecins de la Commune I une grève illimitée est prévue dans les jours à venir pour exiger le départ de Cheick Doucouré.
Le lundi 27 juin 2016, ils étaient très nombreux les jeunes de Djélibougou à prendre d’assaut les locaux du Tribunal de première instance de la Commune I pour témoigner de leur solidarité et de leur soutien au médecin-chef Dr. Zeinabou Yattara et au comptable qui devraient répondre à une convocation de Doucouré chez le procureur.
Le problème reste donc entier aujourd’hui à l’Asacodjé. A quand la fin de cette crise ?
- Kanouté
Correspondance particulière LA SIRENE