L’ex-Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, et l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, ont été inculpés et incarcérés à la prison centrale de Bamako depuis le jeudi, 26 août 2021. Ils sont accusés dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires sous le régime IBK. L’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) dénonce une instrumentalisation de la justice. Des propos que le SAM et le SYLIMA ont condamnés fermement, considérant que ce sont des attaques multiformes et gratuites contre l’institution judiciaire.
L’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, est toujours à la prison centrale de Bamako. De même que l’ex-ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, écrouée, elle aussi, au centre de détention pour femmes et mineurs de Bolé. Ces deux anciens dignitaires du régime IBK sont cités dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires.
Ils sont inculpés de faux et usage de faux, de trafic d’influence et de favoritisme. Si des Maliens saluent ces arrestations, l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP), dénonce une instrumentalisation de la justice. Son Président Cheick Mohammed Cherif Koné, premier avocat général au parquet de la Cour suprême affirme “ne pas être au courant de cette affaire’’.
“La Cour Suprême n’est pas habilitée à rouvrir un dossier déjà classé sans suite par une instance judiciaire’’. C’est ce que pensent certains magistrats. Pour eux, c’est la Haute Cour de justice qui doit statuer sur cette affaire.
Contrairement à l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP), Le SAM et le SYLIMA ont condamné “fermement ces attaques multiformes et gratuites contre l’institution judiciaire’’. Les deux syndicats constatent avec ahurissement certaines réactions et commentaires particulièrement sévères contre la Cour Suprême du Mali, juridiction la plus haute au compte des ordres judiciaire, administratif et des comptes dans notre pays dans le traitement desdites affaires.
Le SAM et le SYLIMA estiment que “le temps où l’on pouvait imaginer « une justice aux ordres » est révolu depuis l’avènement de la démocratie en République du Mali avec son corollaire de séparation des pouvoirs ainsi que d’indépendance du Pouvoir Judiciaire’’.
SAM et SYLIMA sont très remontés au sujet des propos de leur confrère alors que la justice ne fait que son travail. “SAM et SYLIMA trouvent plus qu’osé qu’un magistrat, avocat général de surcroit au Parquet Général de la plus haute juridiction, se donne maladroitement et publiquement en spectacle dans le seul dessein de tenter de charmer l’opinion publique alors même que le Peuple meurtri en a plus qu’assez de l’impunité et de ses artisans dans un pays mis à genou par une élite en manque total de repère moral’’. Et pour ces magistrats, “cette violation intolérable de l’obligation de réserve et de délicatesse de la part dudit magistrat ne restera pas impunie’’. Dans le même communiqué, les deux syndicats interpellent le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux aux fins de saisine du Conseil Supérieur de la Magistrature, en sa formation disciplinaire sur ce comportement inadmissible.
Pour les magistrats, la Cour suprême, animée par des magistrats ayant blanchi sous le harnais, n’a fait qu’une saine et judicieuse application de la Loi dans le cas d’espèce en pourvoyant judicieusement à la carence, soigneusement entretenue il y a belle lurette, de la Haute Cour de Justice par la mise en œuvre des dispositions pertinentes de l’article 206 de la loi n 2016-046 du 23 septembre 2016 portant Loi organique fixant l’organisation, les règles de fonctionnement de la Cour Suprême.
Au regard de la division au sein de la magistrature dans cette affaire, il est clair que les têtes vont tomber dans les prochains jours.
Bourama Keïta LE COMBAT