Dans la mouvance de la célébration du 8 Mars, Journée Internationale de la Femme, nous vous proposons dans ce dossier spécial un zoom sur la carrière de Madame Sacko Aminata Kane, Gouverneure du District de Bamako. Depuis le mercredi 1er juin 2016, Madame Amy Kane, après plus de 10 ans passés à la Brigade des Mœurs et la Direction de la Police judiciaire, occupe avec brio, le prestigieux poste de Gouverneure du District de Bamako. Ainsi, après Madame Sy Kadiatou Sow, entre avril 1993 et février 1994, Madame Amy Kane est la deuxième femme à occuper ce poste dans l’histoire du Mali. Nommée Dame de fer ou Madame bulldozer, Amy Kane continue de marquer les cœurs et les esprits.
Née le 4 Mai 1955 à Bamako, Madame Sacko Aminata Kane, la foutanké plus connue sous l’affectueuse appellation d’Amy Kane, a une expérience de plus de 40 années de métier dans la Police. Tout cela commença en juillet 1976. Après avoir obtenu son Bac en Série sciences biologiques terminales (SBT) au Lycée des Jeunes filles de Bamako, Amy Kane accède sur titre à l’Ecole Nationale de Police d’où elle sort en 1978 avec le grade d’inspecteur. Au cours de sa formation initiale, Amy Kane obtient, en 1977, le Brevet militaire de parachutiste au Camp para de Djicoroni. Elle gravit vite et bien les échelons des grades de la Police en commençant par celui d’Inspecteur, puis devient Lieutenant de Police entre 1978 et 1992. A la suite de la démilitarisation de la Police en 1993, Amy Kane devient successivement Commissaire en 1994, Commissaire principal en 1997, Commissaire divisionnaire en 2003 et Contrôleur Général de Police en 2008. A quand la Direction générale de la Police ? Sur le chemin de sa longue carrière, voici quelques qualificatifs à elle collés.
La «Dame de fer »
Sur le plan des fonctions occupées, elle a été adjointe au Commissariat du 7ème Arrondissement de Bamako, adjointe à Interpol, puis adjointe au Commandant de la Brigade d’Investigation Judiciaire (BIJ). Après ces postes de responsabilités de second degré et aux bénéfices de ses actions courageuses et de son engagement pour la Police, Amy Kane est nommée enfin Commissaire en charge du 1ier, puis du 11ième Arrondissement de Bamako. A ces postes, elle réussit des hauts faits policiers en multipliant les opérations coups de poing. Lors des sorties nocturnes inopinées, elle s’attaquait avec ses éléments aux nids des bandits, pourchassait à pas de course les groupes de malfrats jusque dans leurs tanières. A travers ces opérations, elle arriva à mettre hors d’état de nuire bien des bandes de criminels. C’est là qu’elle commença réellement à marquer les esprits des citoyens qui lui collèrent le sobriquet de «Dame de fer » des commissariats de Bamako.
Toujours sur le terrain, entre 2004 à 2014, elle conduisait encore en personne les équipes de patrouilles nocturnes quand elle s’est vue porter au commandement de la Brigade chargée de la protection des mœurs et de l’enfance. En défenseur de la dignité de la femme et de la fille, ce fut dix longues années difficiles pour les adeptes de la pédophilie, du proxénétisme et de la prostitution clandestine. Sans répit, la Commissaire Amy Kane sème la terreur dans les milieux socialement dangereux.
À partir de 2014, le Contrôleur Général de Police se retrouve Commandant en chef de la Direction de la Police Judiciaire, qui englobe les 5 structures très sollicitées que sont, la Brigade des Mœurs, la BIJ, Interpol, la Brigade des stupéfiants et la Police judiciaire. C’est à ce poste que les plus hautes autorités de l’Etat ont fait appel, le mercredi 1ier juin 2016, aux compétences, à l’expertise, à l’engagement, à l’audace et surtout au patriotisme d’Amy Kane pour lui confier le gouvernorat du District de Bamako. On peut donc dire sans risque de se tromper que partout où cette amazone a servi, sa réputation d’agent de Police exemplaire n’aura fait l’ombre de doute.
«Madame bulldozer »
Depuis le 1ier juin 2016, Madame Sacko Aminata Kane occupe le poste de Gouverneur de Bamako. Ainsi, après Madame Sy Kadiatou Sow, entre avril 1993 et février 1994, c’est la deuxième fois dans l’Histoire du Mali qu’une femme occupe ce poste. A cette fonction depuis juin 2016, elle a lancé le 21 juillet 2016 une vaste opération salutaire de libération des voies publiques, critiquée à tort ou à raison selon le bord auquel on appartient. Pour les commerçants détaillants, c’est plutôt madame catastrophe, destructrice d’emplois, mais pour de nombreux citoyens avertis comme la Rédaction InfoSept, Amy Kane est tout simplement un modèle à dupliquer. Toujours comme Commandant des troupes, elle est au front, car, c’est elle-même qui donne les ordres et consignes à l’équipe conduisant les engins lourds mobilisés pour démolir les kiosques anarchiques d’infortunes et autres installations encombrant les voies publiques. Et cela avec un seul objectif, rendre à Bamako son allure d’antan de ville coquette. Mais, cette opération est diversement appréciée par les bamakois. Ainsi, en s’attaquant à ce que tout le monde reconnait comme un problème, la gouverneure aura cependant déclenché un mécontentement général des premiers fautifs. Il s’agit avant tout des commerçants détaillants qui se sont sciemment et illégalement installés confortablement sur les voies publiques avec la complicité d’agents véreux de mairie peu scrupuleux. Mais par manque d’une plus grande sensibilisation et de mesures conservatoires, certains hommes politiques ont voulu instrumentalisé cette affaire. Ils étaient en cela suivis par bien d’autres analphabètes qui ne comprenaient pas le bien-fondé d’une telle opération pourtant salvatrice. La tension montera et dégénérera le samedi 30 juillet 2016, quand des échauffourées ont éclaté entre commerçants et forces de l’ordre.
Mais avec détermination et courage, «Madame bulldozer » continue toujours l’opération, qui est, avant tout, une volonté politique des plus hautes autorités du pays comme en témoigne cette marque de soutien du président de la République lui-même à son travail : « Bravo ! Mme le Gouverneur de Bamako ! Vous avez mon soutien total et massif. Il est temps que nous sortions Bamako de cette situation de ville sale. Merci Mme le Gouverneur ! Comment ne pas vous faire confiance pour d’autres défis à relever ! ». C’est en ces termes que IBK a magnifié l’opération de démolition des installations anarchiques à Bamako en recevant les participantes au Forum économique de la Diaspora malienne, le 1ier août 2016 à Koulouba.
Une femme de réseaux et de foi
Sur le plan associatif, social, religieux et humanitaire, «Madame bulldozer » ou « Dame de fer » aura aussi marqué les cœurs. Elle est membre active de l’Association des Femmes policières et épouses de policiers, de «Cri des mères », une ONG dédiée à l’assistance aux enfants abandonnés des filles-mères et de «Danayaso», un centre d’accueil et de placement des enfants victimes des violences physiques et morales. Pour ses combats dans des actions humanitaires depuis plusieurs années, elle a reçu plusieurs distinctions honorifiques et médailles de reconnaissance pour services rendus à la Nation dont «Women Of Excellence» à elle décernée par l’Ambassade des Etats Unis au Mali.
Sur le plan religieux, Madame Sacko Aminata Kane est aussi une grande Femme de foi. Elle se serait rendue, selon nos sources, 22 fois à la Mecque pour y accomplir les rites du pèlerinage musulman dont 7 fois pour le Hadj et 15 fois pour l’Oumra. C’est pourquoi peut-être, elle incante la formule «l’Homme propose, Dieu dispose».
En somme, pour la réussite de sa mission, surtout, celle de libération des voies publiques, Amy Kane a besoin de la compréhension, de l’appui et de l’accompagnement de tous, pour le Bonheur et l’Honneur des Maliens.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com