samedi 14 décembre 2024
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Affaire Karim-Mariam et le marabout : Ras Bath porte plainte contre le procureur de la commune IV, Dramane Diarra

Hier, aux  environs de 08 heures 30 minutes, Rast Bath s’est rendu à la cour d’appel de Bamako pour déposer une plainte contre le procureur de la commune IV du district de Bamako dans l’affaire de mariage qui oppose le Médecin Karim Traoré au marabout. Nous vous proposons in-extenso le contenu de la plainte.

«Monsieur le Procureur Général de la République

Objet: Dénonciation de faits pouvant constituer l’infraction de séquestration et de détention arbitraire !

Monsieur le Procureur de la République;

Par la présente, nous portons à votre connaissance l’existence de faits pouvant constituer les infractions citées en objet.

En effet, Monsieur Karim Traoré, Médecin de son état, a fin 2015 célébré un mariage religieux à la mosquée de Kanadjiguila avec Madame Mariam Kéïta qui, suite à une dispute, a abandonné le domicile conjugal courant 2016. Après une laborieuse conciliation initiée par les deux familles, les époux Traoré ont décidé de célébrer leur mariage civil pour fixer définitivement leur union le 13 octobre 2017 au centre d’État civil secondaire de l’Hippodrome. Le 24 octobre 2017, soit dix jours après ce mariage, les époux Traoré ont été convoqués devant le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune IV du District de Bamako par Monsieur Moulaye Haïdara qui prétend être l’époux de Madame Traoré. Au cours de l’examination  de cette affaire, le Procureur de la Commune IV a instruit à la Brigade Territoriale d’entendre les protagonistes sur procès verbal et de garder à vue les époux Traoré qui ont passé 24 heures, à cet effet, malgré la production de leur acte de mariage pour attester la légalité de leur union. Conduits, le lendemain devant le Procureur, celui-là s’est mis à les menacer en leur disant que l’acte de mariage dont ils disposent est un faux acte et qu’ils sont poursuivables au même titre que l’Officier d’état civil qui l’a établi. Fermant les yeux et le cœur, le Procureur a immédiatement fait injonction à Madame Traoré de suivre le plaignant Monsieur Haïdara en présence de son époux légal qu’il a envoyé directement en prison. Effrayée, Madame Traoré s’exécuta et elle se trouve à ce jour chez Monsieur Haïdara pendant que son mari est en prison.

Monsieur le Procureur Généra ;

Nous ne comprenons pas cette attitude du Procureur de la Commune IV qui, manifestement, s’est immiscé dans une affaire qui ne relève nullement de sa compétence ; car, le mariage a été célébré en Commune 2, les époux Traoré habitent cette commune et le plaignant habite à Niamana-Sirakoro. Nous voulons comprendre pourquoi le Procureur de la Commune IV s’est saisi de cette affaire qui échappe à sa compétence territoriale. À cette première interrogation, s’ajoute une seconde qui est relative au pouvoir d’annulation d’un acte de mariage par un Procureur ainsi que de la pertinence de la détention d’un citoyen pour des faits aussi simples. La liberté étant le principe en matière pénale, nous sommes inquiets de cette pratique nouvelle du parquet qui expédie des citoyens en prison sur une simple humeur.

Monsieur le Procureur Général ;

Nos inquiétudes sur cette ténébreuse affaire se transforment en inquiétude lorsqu’un dépositaire de l’autorité publique se rend complice d’une séquestration en obligeant une femme mariée à suivre un autre homme qui la retient chez lui contre sa volonté.  Cette chosification de la femme et sa transformation en objet sexuel est moralement inadmissible et juridiquement prohibé.

Monsieur le Procureur Général ;

Nous sommes dans un cas typique d’esclavage sexuel par voie judiciaire alors même que notre pays s’est engagé à éradiquer ces pratiques d’un autre temps. Nous ne saurons rester indifférents à cet esclavage sexuel et cette détention arbitraire de Monsieur Traoré. C’est pourquoi nous dénonçons auprès de vous ces pratiques du parquet afin que vous y mettiez fin immédiatement tout en sanctionnant le Procureur de la Commune IV et toute autre personne impliquée dans cette violation des droits et libertés des citoyens.

En vous remerciant pour l’attention que vous porterez à cette dénonciation, je vous prie d’agréer Monsieur le Procureur Général de la République, nos salutations distinguées».

Mohamed Dagnoko : LE COMBAT

 

Rédaction

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