vendredi 22 novembre 2024
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Femmes et médias : A coups de plume, de micros et de clic, elles brisent les stéréotypes

Le 3 mai, journée internationale de la presse me donne l’occasion de parler d’une couche qui  parle des autres mais dont on parle très peu malgré leurs efforts. Il s’agit des femmes journalistes.  Ces femmes qui se battent aux côtés de leurs confrères hommes sont rarement mises en exergue ; en tout cas, pour la grande majorité.  Je vous amène  dans le quotidien de ces femmes qui, malgré les difficultés, ne courbent pas l’échine.

Le monde de la presse qualifié par certains de « misogyne » n’a pas toujours fait de cadeaux aux femmes. Il a fallu de la volonté et de la foi et souvent du sacrifice de la part des femmes pour se  faire une place dans le milieu. Aujourd’hui, elles sont nombreuses à occuper des postes de responsabilités que ce soit à la presse écrite, dans les radios et à la télévision. Mais, pour y parvenir, le chemin  fut long et difficile. Salimata Fofana est la seule femme Rédactrice en Chef d’un quotidien au Mali et, ce, depuis 2013. Elle exerce au sein de votre journal « LE COMBAT » depuis sept (7) ans. Du haut de son mètre quatre vingt trois, forte stature, elle a du charisme à revendre. Une qualité qui lui permet sans nul doute de veiller scrupuleusement au respect de la ligne éditoriale du  journal.

Toutefois, elles sont nombreuses, les femmes qui se sont frayées leur chemin dans ce milieu dit « chasse gardée des hommes ».  Ainsi, à l’instar de Salimata Fofana, la télévision Liberté Tv est aujourd’hui gérée par Mme Diallo Nabou Touré qui a su faire ses preuves sur les antennes d’Africable télévision.  Togola Hawa Séméga fait partie de ces femmes qui ont su s’imposer dans le paysage médiatique malien. Passé par la Rédaction du bi hebdomadaire « L’AUBE » elle est aujourd’hui Directrice du web tv « Kunafoni.com ».

La réussite de ces braves Dames encourage de plus en plus d’autres jeunes à embrasser le métier.

Bintou vient de terminer ses études de journalisme dans un Institut de la place. Son amour pour le métier ne date pas d’hier. Le déclic, selon elle, c’est depuis l’enfance, quand elle voyait des figures féminines comme Hawoye Touré, Aïssata Ibrahim Maïga officier au journal télévisé de 20 heures sur les antennes de l’Office Radio Télévision du Mali (ORTM). « Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours voulue être journaliste. Mais cette passion pour les médias est due en grande partie à des journalistes comme Hawoye Touré, Rokia Sanogo et plus tard Aïssata Ibrahim Maïga. C’était un plaisir pour moi de les voir présenter le journal. Et ça l’est toujours. C’est pourquoi j’ai décidé, après mon Bac, de m’orienter vers le journalisme ».  Si elle exerce aujourd’hui au sein de la presse écrite pour, dit-elle, mieux se former à l’écriture, elle entend, très prochainement, faire de la télévision.

Ces exemples de réussite pour la jeune génération de femmes journalistes ont affronté des obstacles pour se hisser là où elles sont actuellement.

«Des femmes de talents ont abandonné le métier sur pression de leurs époux»

Le journalisme est un métier passionnant et prenant. Les horaires de travail ne sont pas figés. Les missions de longues durées font partie du « job ». Si pour les célibataires cela peut être moins contraignant, il n’en est pas de même pour celles qui sont mariées. La conciliation entre la vie de couple et celle professionnelle n’est pas toujours évidente. « Il faut instaurer un débat franc au sein du couple. Au début de mon mariage, ce n’était pas facile. Surtout avec  la belle famille. Mais le soutien de mon mari m’a été d’une grande aide pour dépasser ces moments. Aujourd’hui, Dieu merci, avec le temps, mes beaux parents ont appris à me connaitre et m’encouragent d’ailleurs »,  explique cette journaliste d’un grand quotidien de la place. Par contre, elle raconte le cas de certaines de ses consœurs qui ont été obligées par leurs maris de déposer  la plume et le micro pour se consacrer à leurs familles tout bonnement. « Des femmes de talents ont abandonné le métier sur pression de leurs époux », nous a-t-elle dit avec beaucoup de regrets.

Une autre difficulté à laquelle sont confrontées les femmes journalistes, et qui n’est pas propre qu’à elles seules,  est celle concernant les avances quasi permanentes des hommes. Des avances qui frisent souvent le harcèlement et le chantage.

 

Journalistes !  Pas « corps à désirer »

Au cours d’une conférence tenue à la maison de la presse de Bamako, sur la place des femmes dans les médias, Ramata Tembély, journaliste au quotidien L’INDEPENDANT a osé le mot : «Corps à désirer ». Selon elle,  il n’est pas facile pour une femme de faire ce métier, parce que la plupart du temps on ne voit pas la femme en tant que journaliste mais plutôt un « corps à désirer ».   Des témoignages comme celle de Kéïta Ramata Tembély sont à foison.  Les affirmations de cette autre journaliste qui a décidé de garder l’anonymat sur le sujet est déroutant. « Je venais de commencer le métier.  Un jour ma Rédaction m’a envoyé  couvrir une activité d’une grande structure de la place. Après la cérémonie, le Directeur  m’a approché et on a échangé quelques mots, puis il m’a demandé de passer lui remettre une copie de mon journal après parution.  Quand je suis passée à son Bureau avec l’article, au lieu de prendre connaissance du contenu du papier, il m’a fait asseoir, m’a servi un café et a commencé sans gêne à me faire des propositions indécentes. J’ai été choquée. J’ai quitté son Bureau au bout des larmes ». Elle qui avait songé quitter le métier après cette scène, s’est rendue compte avec le temps que cela ne s’arrêtait jamais. Si elle admet qu’on ne s’y habitue pas, avec le temps elle le prend avec plus de philosophie et parvient à en rire.

Le petit plus des femmes dans les médias

Il est faux de penser que les femmes valent moins que les hommes au sein des médias. Et ça, c’est un journaliste de longue carrière qui le dit. Selon Abdoul Majid Thiam, Administrateur de la maison de la presse, en plus des rôles de Directrices de publication, de Rédactrices en chef qu’elles assurent, elles vont sur le terrain et, souvent, effectuent des missions périlleuses. Il rappelle au bon souvenir, l’exemple d’Assa Sakiliba de la radio Klédu «qui est restée longtemps sur la ligne de front au plus fort de l’occupation ».   Elles ne se contentent pas des seconds rôles, mais participent à l’information saine du public. Si, selon lui, les femmes rivalisent d’ardeurs avec leurs confrères hommes dans tous les domaines, il ne reste pas moins qu’elles ont un petit plus par rapport à ces derniers. « Le charme et la délicatesse qui peuvent leur permettre d’obtenir de bonnes infos tout en gardant leurs  dignité et honneur intact ».

Malgré les avancées notables,  des stéréotypes demeurent. Elles le savent  et comptent les surmonter comme elles l’ont fait avec les défis qui semblaient il y a peu insurmontables pour elles.

Mohamed Dagnoko : LE COMBAT

Rédaction

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