vendredi 22 novembre 2024
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Le secteur santé abandonné dans sa grève : Les Gouvernants sacrifient les gouvernés sur l’autel de la quiétude sociale

Contrairement aux espoirs qu’ils nourrissaient en entreprenant, il y a de cela deux semaines déjà, l’observation de leur mot d’ordre de grève, les syndicats du secteur de la santé publique ont plutôt trouvé du répondant dans un silence radio qui n’est pas fortuit en soi. Le Gouvernement, s’étant rendu compte qu’il aurait du mal à mettre fin à la spirale qui se déroule après qu’il ait satisfait les Magistrats, a choisi de montrer  les muscles pour prétendre rechercher un lendemain meilleur. La quiétude sociale sur ce front en agitation est en jeu. Ce silence peut passer comme cela peut casser.

S’il y a une chose qui est évidente, c’est que ce n’est pas pour rien que le Gouvernement a décidé de se montrer passif face à cette situation ô combien alarmante. Ce n’est encore moins pas pour le plaisir que les syndicats grévistes du secteur de la santé sont indirectement appelés à se rendre compte de l’évidence selon laquelle ils n’auront pas gain de cause dans leurs réclamations, du moins pas dans la quasi totalité de ce qu’ils recherchent.

Assumer ses responsabilités vis-à-vis des pertes de vies humaines et des agonies auxquelles l’on assiste par ces temps-ci dans nos hôpitaux et nos centres de santé, pour les décideurs, le jeu de ce sacrifice doit bien en valoir la chandelle. C’est pour mettre un terme définitif à ce que le Gouvernement semble désigner par un feu couvant qu’il a décidé de sévir. Il fait ainsi des syndicats de la santé des boucs émissaires sur ce front social en ébullition. Médecins, Docteurs, Professeurs, Sages-femmes, Infirmiers, Garde-malades, tous ceux qui travaillent pour le compte de l’Etat, sont, par ricochet, involontairement réduits à servir de cobaye dans cette flambée de mouvements d’humeurs traduite par les grèves déjà observées et celles en gestation. Mais, l’on se demande si le Gouvernement a bien choisi sa cible, d’autant plus que la grève des syndicats de la santé a plus d’impact néfaste sur la population malienne que toute autre grève d’une quelconque autre corporation. Le mot d’ordre de grève, dans son ensemble, ne saurait être à l’avantage de l’Etat, quel que soit le secteur dans lequel il est observé, certes, mais un petit sondage au sein des Gouvernés et l’on se rendra compte que les populations préféreraient ces abandons de poste à tous les niveaux sauf celui sensible de la santé.

En décidant de rester campé sur sa position, celle qui consiste à ne pas enclencher de dialogue avec les grévistes, le Gouvernement pourrait, éventuellement, réussir à casser des œufs de la témérité pour faire des omelettes d’une accalmie sur le front social. Cependant, il ignore que le vin de la négligence a été déjà tiré à l’occasion de la grève des Magistrats et qu’il se devait de le boire jusqu’à la lie. Pour qui reconnaît avoir déclenché une situation conflictuelle à la suite d’une erreur commise, l’usage de la force ne devrait pas lui constituer une porte de sortie ; car, il n’y a rien qui radicalise très vite les syndicalistes que quand ils ont le sentiment de n’être pas pris au sérieux, ou que la légitimité de leurs revendications n’est pas reconnue. Toute chose qui pourrait s’avérer fatale à nos caciques de Gouvernants.

En effet, outre l’option heureuse, selon laquelle les syndicats de la santé, las de ne pas avoir gain de cause des semaines durant, décident de reprendre le travail, ce qui semble d’ailleurs peu plausible ; un autre cas de figure est envisageable. Cette grève peut aussi perdurer dans le temps au grand dam des pauvres citoyens déjà abonnés à la désolation par manque de soins sanitaires. Et, plus ce bras de fer se poursuivra, plus l’éventualité du déclenchement des autres grèves en gestation, ne serait pas à écarter. On ne serait, donc, pas surpris de voir les enseignants du fondamental maintenir la clé des salles de classe sous les paillassons tandis que ceux de l’enseignement supérieur pourraient descendre dans l’arène ; quoique les agents de la santé n’aient pas été satisfaits. Et pour qui sait que bien d’autres couches de la fonction publique n’attendent qu’un déclic pour virer sur le chemin de la grève, il y a de quoi entrevoir une débandade totale susceptible de déboucher sur un soulèvement populaire dans les jours à venir. En cela, Koulouba et la cité administrative réaliseront qu’ils avaient déjà ouvert la boite de Pandore lorsqu’ils pliaient sous la pression des Magistrats. N’est-ce pas là une bonne raison pour nos Gouvernants de faire profil bas dans une posture de mea culpa?

Katito WADADA : LE COMBAT

Rédaction

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