Bamako a abrité, les 5 et 6 février 2017, le Sommet ordinaire des Chefs d’Etat du G5 Sahel sur la situation sécuritaire au Mali et son impact dans l’espace. Cette importante réunion à laquelle le Président guinéen, Alpha Condé, était l’invité spécial en sa qualité de Président en Exercice de l’Union Africaine, a adopté des Résolutions importantes dont la mise en place immédiate de la Force conjointe du G5 Sahel. A cette occasion, Idriss Déby Itno passe la main à Ibrahim Boubacar Kéïta. C’est le Centre International de Conférence de Bamako (CICB) qui a servi de cadre à l’événement.
Hier, lundi 6 février, les Chefs d’Etat du G5 Sahel, réunis en Sommet ordinaire autour de la sécurité et du développement, ont fait une analyse approfondie de la situation sécuritaire au Mali et son impact sur les autres pays de l’espace sahélien. Ils ont aussi identifié des pistes d’actions concrètes à mettre en place pour promouvoir la paix et le développement durable. C’était également une occasion pour eux de faire l’état des lieux de la mise en œuvre des promesses de contributions faites par les partenaires, dans le cadre, notamment, des instruments financiers et techniques, et de l’adéquation de la réponse onusienne aux réalités du terrain, d’une part ; et, de l’autre, les engagements pris par rapport à la Force conjointe, les opérations militaires transfrontalières, la Plateforme de coopération en matière de sécurité, et la montée en puissance du Collège de défense du Sahel.
Lors de la cérémonie d’ouverture officielle des travaux, le Chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Kéïta, le tout nouveau Président en exercice du G5 Sahel, a rappelé que lancée en 2014 à Nouakchott, en Mauritanie, leur institution commune, le G5 Sahel, traduit leur volonté ferme d’affronter conjointement et de façon coordonnée les nombreux défis transfrontaliers dans les domaines de la sécurité et du développement. Pour IBK, le G5 Sahel constitue un instrument pour renforcer les liens humains, culturels, politiques, économiques et séculaires.
«Aujourd’hui encore, face à la montée de l’extrémisme religieux et du terrorisme, nos pays s’efforcent d’apporter une réponse appropriée en vue de bâtir un espace stable et paisible. Ceci est d’autant plus nécessaire que nous partageons les mêmes problématiques face aux enjeux sécuritaires liés au terrorisme et aux trafics de tout genre. Aussi, la mutualisation des efforts et des énergies pour répondre aux nombreux défis de notre Région relève-t-elle de notre Responsabilité commune», soutient le Président Ibrahim Boubacar Kéïta. La Région du Sahel se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins où les groupes terroristes représentent de plus en plus une menace complexe qui ne cesse d’évoluer dans sa forme, son envergure et ses méthodes. Cette fragilité sécuritaire dans la Région est davantage aggravée par la dimension transnationale du terrorisme et des défis liés à la situation en Libye, d’une part, ainsi que la radicalisation, l’extrémisme violent et les effets des changements climatiques, d’autre part.
Aller plus loin dans la mutualisation des actions
Selon le nouveau Président du G5 Sahel, Ibrahim Boubacar Kéïta, la Résolution 2295 (2016) du Conseil de sécurité tarde à se matérialiser sur le terrain, entravant ainsi la mise en œuvre effective du processus de cantonnement, de désarmement, démobilisation et de réintégration (DDR). Il précise que de nombreux cas d’insuffisances du côté de la MINUSMA en matière de capacités, de soutien logistique et de protection de ses forces persistent au Nord du Mali.
«La MINUSMA devrait se doter d’urgence des moyens adéquats pour accompagner le Gouvernement du Mali dans le rétablissement progressif de son autorité sur la totalité du territoire national. Nous devons aller plus loin dans la mutualisation de nos capacités et le développement des complémentarités de nos outils de défense et de sécurité…», a fait savoir Ibrahim Boubacar Kéïta.
Idriss Déby Itno prône la fermeté face au terrorisme
Idriss Déby Itno du Tchad, Président sortant du G5 Sahel, dira que la tenue de ce sommet extraordinaire intervient dans un contexte sécuritaire fortement critique. «Nous assistons, ces derniers mois, à une recrudescence inquiétante des actes terroristes dans notre espace commun, comme l’attestent les attaques à répétition dans le Nord du Mali et au Niger. Cette multiplication des attaques terroristes nous montre, si besoin en était, l’ampleur de la menace. Cette situation nous met devant notre Responsabilité et nous rappelle l’urgence de la lutte. Je voudrais plutôt dire la permanence de la lutte», a-t-il expliqué. Et d’ajouter que ces attaques qui visent les camps et casernes militaires ont pour seul but de saper le moral des forces de défense et de sécurité et de briser la psychologie des populations. Se donner les moyens et les ressources nécessaires pour livrer une guerre sans merci contre ces obscurantistes qui veulent ramener la Région au moyen-âge est une des mesures alternatives qui s’imposent. A cet effet, le Président tchadien met l’accent sur le renforcement du dispositif de défense et de sécurité du G5 Sahel.
Ainsi, l’heure est assurément à l’action, à l’engagement et à l’obligation d’investir davantage pour mettre hors d’état de nuire tous les groupes terroristes qui écument la bande sahélo-saharienne. «Si nous n’agissons pas vite et de manière vigoureuse à la dimension de la menace, notre espace deviendra inéluctablement un sanctuaire terroriste. La vigilance, la mobilisation et la détermination sont les seules armes pour assurer la sécurité des populations et garantir la stabilité dans la Région Sahélienne», déclara Idriss Déby Itno avant d’insister sur l’appui, le soutien des efforts du Comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye qui a adopté lors de sa dernière réunion de Brazzaville une feuille de route dans l’optique d’un dialogue global et inclusif.
Auparavant, notons que, le dimanche 5 février, se sont tenus les travaux de la deuxième Réunion annuelle des Ministres en charge de la Défense et de la Sécurité, élargie aux Ministres des Affaires étrangères du G5 Sahel.
A l’issue des travaux du huis clos, les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont adopté des résolutions fortes. Parmi lesquelles : «La mise en place immédiate de la Force conjointe du G5 Sahel conformément à l’option I, à court terme, et l’option II à moyen et long terme, en prenant en compte les facteurs suivants : un mandat clair de l’Union Africaine et de l’Organisation des Nations-Unies ; le financement soutenu de la Force conjointe , des règles d’engagements clairs en vue de combattre le terrorisme, le trafic de drogue et l’immigration clandestine ; la suppression sans délai des visas pour tous les types de passeports, conformément aux dispositions légales en vigueur dans chaque pays et l’approfondissement de la réflexion sur les modalités de création d’un Fonds de financement des activités de défense et de sécurité ».
Le G5 Sahel est composé du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad.
Le prochain Sommet du G5 Sahel se tiendra à Niamey, au Niger.
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