Les familles endeuillées des officiers Ibrahima Nama Dembélé et Moussa Siaka Koné ont du mal à comprendre le locataire de Koulouba qui n’avait pas hésité à faire plus de 6000 km pour aller se déclarer Charlie à Paris. Les spectres de ces deux fils du pays hanteraient moins celui qui s’était empressé de saluer partout la mémoire de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon de RFI si une place posthume était reconnue à leur amour de la patrie.
Outre, pour l’heure, la modique somme de 100.000 francs CFA et le sac de riz remis par une délégation de l’armée à la famille du Lieutenant, le Maliba est resté ingrat et muet envers ses braves jeunes qui ont versé leur sang pour sa grandeur.
Ils étaient des enfants du Mali. Désormais, ce sont des héros du monde libre. Des hommes à qui il va falloir réserver des places au panthéon des grands Hommes de l’Afrique. Deux jeunes soldats dont l’Histoire doit être enseignée aux enfants et leur œuvre perpétuée à jamais. Ibrahima Nama Dembélé et Moussa Siaka Koné. Deux gamins, deux officiers amis pour l’éternité que seule la mort a cru pouvoir séparer, en les emportant en trois mois d’intervalle.
Ils ont tout partagé: l’entrée sous les couleurs, le commandement, les moments marquant de leur vie de famille. Et, maintenant, ils ont gouté ensemble à la mort. Celle d’être tué pour un idéal. Ils avaient tout pour réussir individuellement. Mais leur amour pour le Mali, la chère patrie, était plus fort que tout ; au point qu’ils aient accepté de porter l’uniforme militaire. Le premier était intrépide Lieutenant et promis à un avenir et le second était un vaillant Capitaine adulé par ses hommes. A eux deux, leurs destins résument la tragédie du Mali.
Chef d’unité intrépide, c’est ce Chef émérite qui avait tenu en échec les djihadistes ayant pris en otage des dizaines de personnes dans un hôtel de Sévaré, qui est tombé un an plus tard, dans une embuscade tendue par les terroristes entre Sévaré et Diafarabé alors qu’il était à la tête d’un convoi qui allait ravitailler le camp de Tenenkou.
Le Lieutenant Ibrahima Nana Dembélé, Commandant de l’ETIA 42 avait 31 ans et était père d’un enfant de 2 ans.
Son corps et ceux de quatre autres soldats qui l’accompagnaient ont été retrouvés dans le fleuve, le mardi 9 août 2016. Inhumés dans la précipitation, la famille du Lieutenant comme celle de ses subalternes n’avaient jamais eu le temps de leur rendre ni les hommages militaires encore moins la reconnaissance de la nation.
Désormais seul, le Capitaine Moussa Siaka Koné, le fils d’un autre célèbre officier supérieur de l’armée malienne, le Général Moussa Siaka Koné, a prié pour son frère. Sans le savoir, sa séparation d’avec son ami de toujours ne serait que de courte durée.
Comme le Lieutenant Dembélé, ces mêmes fous d’Allah ont remis ça. A des centaines de kilomètres de Sévaré, les barbus sont venus éliminer l’autre élément du binôme. Ce dimanche 20 novembre, revenu d’une opération de sécurisation de bureaux de votes, le Capitaine est tombé avec 9 de ses hommes prés d’Inadiatafane, au nord de Bony. C’est l’histoire extraordinaire de deux officiers de notre pays qui venait ainsi de s’achever. Et si on pensait ne serait-ce qu’une seule fois à leur mémoire ?
Katito WADADA : LE COMBAT