L’annonce faite le week-end dernier par les Responsables de l’Alliance Nationale pour la Sauvegarde de l’Identité Peulh et la Restauration de la Justice (ANSIPRJ), au sujet de leur ralliement au processus de paix en cours dans notre pays, doit produire un double effet chez le gouvernement de la République du Mali. Si cette allégeance est apriori bien accueillie par Bamako en ce sens qu’elle fait un de moins au rang de ses adversaires sur la scène politico-militaire, elle n’exclut pas pour autant une montée d’adrénaline chez les caïds d’Ançar-dine qui pourraient, partant de là, multiplier d’ardeurs dans leurs velléités belliqueuses.
Le Gouvernement malien vient, certes, d’enregistrer une avancée significative dans sa démarche vers la paix, lorsque le mouvement politico-militaire, né il y a de cela six mois pour la défense de la communauté peulh, dit avoir déposé les armes. L’équation, qui était à plusieurs inconnus avant ce revirement, se réduit d’une unité quand on sait que l’ANSIPRJ prenait elle aussi l’armée malienne pour cible tout comme les groupes djihadistes exclus du processus de paix. On débouche ainsi sur une situation favorable aux autorités maliennes qui vont désormais focaliser leurs efforts sur la seule mise en œuvre des clauses de l’accord de paix ; car, n’ayant plus pratiquement d’interlocuteurs de taille à persuader.
Mais, force est de constater que le bonheur que procure cette nouvelle donne connaitrait sa plénitude si cette intégration de l’ANSIPRJ au processus de paix avait pris la forme d’un compromis tenu secret entre les acteurs qui auraient eu des discussions pour en arriver là.
En effet, en annonçant tout haut cette information et à qui veut l’entendre via les ondes de la radio Studio Tamani, Oumar Aldjana, le Président du mouvement ANSIPRJ, pourrait involontairement narguer ainsi les ennemis de la paix au Mali. « On veut passer ce message, dire que, pour le moment, l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice a déposé les armes, et qu’elle s’inscrit dans la logique de la paix. Notre alliance est dans le processus d’Alger. Elle est pour la stabilité du Mali, elle est pour l’intégrité territoriale du Mali», a-t-il déclaré. Toute chose qui est de nature à inciter à la révolte dans le camp des mouvements djihadistes se considérant comme des marginalisés de l’accord, lesquels se font déjà entendre par des attaques à répétitions contre l’armée malienne.
Ces mouvements djihadistes notamment Ançar-Dine de Iyad Ag Ghaly et Al Mourabitoune de Moctar Bel Moctar, ont plus à gagner dans la belligérance d’ANSIPRJ que dans son revirement spectaculaire à se ranger du côté de l’Etat malien. Se sachant désormais seuls dans leurs ébats, délaissés par la division interne au Mali qui faisait indirectement leurs affaires, ces mouvements pourraient être amenés à passer à une vitesse supérieure dans le rythme des attaques. Lorsque celui qui disposait des mêmes cibles que soi retourne sa veste pour se ranger aux côtés de l’adversaire commun d’hier, il y a de quoi s’attendre à une fureur de la part de la victime de cette nouvelle alliance. En cela, ANSIPRJ et son Président Oumar Aldjana auront peut-être péché par la médiatisation de leur changement de fusil d’épaule. Ils exposent involontairement aussi bien le sud du Mali que leur fief (Région de Mopti) à d’éventuelles représailles djihadistes.
Katito WADADA : LE COMBAT