Le braquage, vendredi en pleine journée et en plein centre ville, d’un client de l’Ecobank, Kissima Kéita, relève du comble, en terme d‘insécurité.. Raisonnements.
Au regard de l’immeuble imposant de la banque Ecobank sur la place de l’indépendance, la première impression qu’on cultive est que les conditions sont réunies pour la clientèle de cette banque. Hélas, cela est loin d’être le cas. Car, de ce grand bâtiment établissement bancaire, la clientèle est reléguée au second plan en termes d’accueil, de sécurité et de commodité. Elle n’a que la portion congrue, une salle moyenne au rez-de-chaussée, pendant que les six autres étages servent de bureaux luxueux pour le personnel. Cela n’est pas le problème, car ce qui est regrettable dans la disposition des services de cette banque, c’est le fait que les guichets sont ouverts (sans vitre de protection), ni l’agent de guichet encore moins le client n’est à l’abri des regards et des oreilles indiscrets. Les agents de guichets sont tout simplement derrière un bureau avec ordinateur et reçoivent les clients à tour de rôle comme chez le dentiste. Si les opérations bancaires doivent se faire dans la discrétion, cela n’est aucunement le cas à l’Ecobank, surtout à son siège-mère, au niveau de la place de l’Indépendance. Et ce, en raison de la disposition du hall réservé à la clientèle. Car des sièges réservés pour la réception des clients l’on peut saisir toutes les conversations entre l’agent de guichet et l’usager. Aucune discrétion ! Sans compter les va et viens incessants des agents et des visiteurs au niveau du centre des opérations même.
Au-delà de cet aspect, la conception du local de cette banque est faite de telle sorte qu’après un quelconque retrait d’argent, le client est obligé de faire un long parcours à pied pour aller rejoindre le parking. Dans de telles conditions, l’on peut facilement suivre un porteur d’une grosse somme, plusieurs dizaines de mètres, du guichet au parking. Un boulevard pour les braqueurs ! Ceux-ci, pourront mettre à exécution leur dessein, surtout lorsqu’ils sont en groupe.
Une banque ou caisse populaire ?
Le siège central de l’Ecobank-Mali est établi sur un espace aussi grand, que l’établissement même peine à couvrir en sécurité. Ce n’est qu’au niveau du bâtiment principal qu’un petit dispositif de sécurité, assuré par quelques éléments de la garde nationale et des agents de la société privée ‘’Securicom’’. Cependant, cela est connu de tous, depuis l’attribution à cette banque de la gestion des frais d’établissement des passeports, les agents de sécurité en faction sont plus occupés par les arrangements que l’assurance de la sécurité des personnes et de leurs biens. Aussi, cela est un secret de polichinelle, à plusieurs reprises les agences de cette banque ont fait l’objet d’attaques au même titre que ses clients. Le cas qui reste toujours dans la mémoire est celui du comptable de l’ANASER, lequel, de retour d’une opération de retrait de plus de 25 millions, le temps de changer le pneu crevé de son véhicule à quelques mètres de la banque, fut dévalisé de son sac. Que dire du cas des pauvres étudiants ? Qui sont victimes d’arnaques, de retraits indus et autres vols sur leur compte.
Un journal de la place écrivait récemment ceci à propos de l’Ecobank : « Déçus du comportement peu orthodoxe des agents, de plus en plus, nombreux sont les clients qui étaient obligés de fermer leur compte au sein de cet établissement bancaire dont le slogan est pourtant, «proche du client». Il faudrait désormais changer ce slogan par, «loin du client».
En clair, à part le fait que cette banque dispose d’un siège imposant, elle fait l’objet de méfiance chez de nombreux gros opérateurs économiques de la place. « Il n’ya aucune différence entre l’Ecobank et Orange-money », nous a déclaré un opérateur économique de la place. Lequel décrie le manque de confidentialité et de sécurité dans les transactions au niveau de cette banque.
Un braquage de trop !
Sous le choc de la gravité des faits, déroulés le jeudi, sur les réseaux sociaux, dans les lieux de causerie, les uns et les autres ont accusé le laxisme des forces de sécurité. D’autres par contre, se sont posé la question de savoir sur le rôle joué par le service de sécurité de l’Ecobank pour sécuriser et sauver ce gros client de ses bourreaux. Cette question judicieuse, restera longtemps sans réponse. Cette banque, à la différence de ses douze autres concurentes de la place, se caractérise par la faiblesse de sa communication. Elle est restée muette dans de nombreuses affaires la concernant. Pour preuve, depuis cette attaque, l’Ecobank n’a daigné faire, ne serrait-ce qu’un communiqué pour donner sa version des faits. Un quotidien de la place aurait avancé que la banque a affirmé que le retrait concerné n’a pas été effectué à son guichet. (Sic)
En tout état de cause, ce qui reste évident c’est le fait que l’attaque en question a été perpétrée dans l’enceinte de la banque (car il s’agit d’un espace aménagé en esplanade dans le cadre de la construction de son nouveau siège), ce qui dénote une défaillance sécuritaire regrettable. C’est par ce que cette banque a privilégié le confort de son personnel, même dans le stationnement des engins que ses clients n’ont d’autres choix que d’utiliser les parkings de la division de l’INPS qui occupe ses anciens locaux. Sachant cela, elle devrait mettre un dispositif sécuritaire adéquat pour assurer la sécurité de ses clients, aussi bien dans le bâtiment principal que dans la cour. C’est pourquoi, dans cette affaire de braquage en plein midi, l’Ecobank n’est pas exempt de tout reproche. Sa responsabilité est solidairement établi et son image considérablement ternie. La question que tout gros client se pose actuellement est claire : faut-il désormais éviter l’Ecobank ?
Moustapha Diawara LE SURSAUT | lecombat.fr
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