Depuis le début de cette semaine, les enseignants des écoles fondamentales des cercles de Diéma et de Nioro du Sahel observent une grève illimitée pour protester contre le non paiement de leurs arriérés de salaires et accessoires et des rappels liés à la hiérarchisation et à l’avancement. Pourtant, selon nos informations, l’ordre avait déjà été donné au Directeur régional du Budget à les payer, au plus tard le 20 septembre dernier. Sur 600 enseignants, ce n’est que le cas d’une centaine qui a pu être géré jusque-là. Et, nous précisent nos sources, tout se passe sous le silence complice du Gouverneur.
Décidément, il y a la sourde oreille au niveau du Gouvernorat de la Région de Kayes et de la Direction du Budget régional. On refuse d’appliquer une décision ministérielle pour des intérêts personnels.
En effet, depuis 2012, certains enseignants maliens vivent dans des conditions très difficiles. L’Etat leur doit des primes de hiérarchisation et d’avancement. S’y ajoute le non paiement à temps de leurs salaires et accessoires. En dépit de cette crise, les professeurs ont toujours accepté de dispenser les cours et d’attendre le Gouvernement malien. En tout cas, même si Bamako ait donné le feu vert pour régler tous les retards de payement de salaires, les autorités régionales de Kayes ne semblent pas avoir voulu s’exécuter pour le moment. Donc, c’est la goute d’eau qui est désormais en passe de faire déborder le vase. Car, les enseignants des cercles de Diéma et de Nioro du Sahel ont boycotté la rentrée scolaire de cette année.
La grève illimitée des écoles fondamentales des cercles de Diéma et de Nioro du Sahel
Dès l’ouverture des classes pour l’année 2016-2017, les enseignants des cercles de Diéma et de Nioro du Sahel ne sont pas allés avec le dos de la cuillère face au calvaire qu’ils vivent. Pour ce faire, ils ont boycotté la rentrée scolaire à travers une grève durant toute la première semaine.
Mais, à la suite de l’intervention de la société civile desdites localités, la trêve d’une semaine avait été observée. «Nous avons décidé d’observer une semaine de trêve à cause de l’intervention de nos partenaires de la société civile », précise M. Elibou, un Responsable syndical. Selon lui, malgré cette cessation d’arrêt des cours, rien n’a été fait sauf de payer quelques dizaines d’enseignants. « Ils n’ont payé qu’une centaine de personnes sur 600. Certaines n’ont même pas reçu la totalité de leurs sous. Alors qu’une décision du Ministre autorisait le Directeur régional du Budget à payer les gens au plus tard le 20 septembre 2016. Mais, il ne l’a pas fait. Donc, l’on ne va plus se laisser faire. Tout le monde sera mis dans ses droits, et à 100% sinon pas de cours », déclare notre interlocuteur.
Ainsi, le syndicat se décide de continuer avec le mot d’ordre de grève illimitée jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications.
«Le blocage se trouve au niveau des autorités régionales de Kayes. Précisément, au niveau du Gouverneur et de son Directeur régional de Budget. Car, lors d’une des dernières rencontres des CAP de la Région de Kayes, il nous a été montré une décision du Ministre autorisant le paiement total des rappels et des arriérés de salaires et accessoires de tout le monde. Mais, on ne voit rien de positif jusqu’à maintenant… », proteste un enseignant ayant requit l’anonymat. Et de pointer du doigt accusateur : « cette situation traduit la mauvaise volonté des autorités régionales, à savoir le Directeur du Budget ou même le Gouverneur de Kayes ».
Selon les syndicalistes d’enseignants des deux cercles, il n’est pas question de suspendre leur mot d’ordre de grève avant le paiement des rappels à 100%. «On ne va plus accepter les sous incomplets comme ils le faisaient en retenant les 5000 et 10000 francs CFA sur chaque paye. Personne ne va s’enrichir dans nos droits. Tout sera tiré au clair ou bien il n’y aura pas de cours cette année dans les deux cercles », dixit un membre influent du mouvement syndical.
Le syndicat dénonce que cette situation déplorable, qui perdure dans les deux cercles, a poussé bon nombre d’enseignants à démissionner ou de suspendre leurs activités. C’est dire que les autorités régionales de Kayes se soucient moins des conditions de vie de leurs enseignants. Du coup, elles mettent en péril l’avenir des enfants de leur Région.
Oumar Diakité : LECOMBAT