Le marigot politique malien est en ébullition depuis le coup d’État du 18 Août 2020. La CMAS qui était jusque-là un mouvement moins ébranlé à cause du leadership de son autorité morale et parrain, l’imam Mahmoud Dicko, vient de connaître son premier véritable couac. Elle a pris sa dose de division avec le débarquement de son Coordinateur, le bouillant Issa Kaou Djim par les coordinateurs régionaux et locaux. Est-ce le début de la fin de la courte carrière politique de Kaou Djim ? Les frondeurs sont-ils de connivence avec l’imam Dicko ? A quoi doit-on s’attendre dans les jours et semaines à venir ? Est-ce le début du grand déballage ?
Comme une réponse du berger à la bergère, quelques heures seulement après le point de presse d’une dizaine de coordinateurs de la CMAS, au cours duquel une déclaration relative à l’exclusion du Coordinateur général, Issa Kaou Djim a été lu et rendu public, l’intéressé a fait savoir qu’il est et demeure le coordinateur du mouvement politico-religieux. Il a même fait savoir que le point de presse tenu par certains coordinateurs régionaux est un non-événement car, martèle-t-il, il viole les statuts et règlement de la CMAS. Faux ! rétorquent les frondeurs qui estiment qu’il n’y a pas eu d’Assemblée générale, encore moins de congrès pour élire Kaou Djim, son choix étant l’objet d’un consensus avec la bénédiction du parrain Mahmoud Dicko. Pour eux, Issa Kaou Djim ne peut pas se prévaloir d’une quelconque légitimité, en dehors de l’imam.
La position ambigüe de l’imam laisse planer le doute sur sa duplicité. En effet, si Issa Kaou Djim estime qu’il n’a jamais été désavoué par Mahmoud Dicko, les frondeurs quant à eux ont été accueillis à bras ouverts par l’imam, qui dit même avoir pris acte. Donc, l’imam souffle le chaud et le froid. A analyser de près, on aboutira à la conclusion que l’imam Dicko est de mèche avec les frondeurs. En ce moment, la rupture serait consommée et Issa Kaou Djim se réserverait le droit d’intenter un procès contre l’imam et ses complices. Pourra-t-il gagner un procès contre la personnalité puissante du moment, l’imam Mahmoud Dicko ? Sans nul doute que ses chances de gagner contre Dicko et ses complices sont minces. Cependant, à défaut de gagner le procès, à son corps défendant, Kaou Djim n’hésitera pas à déballer les actes qu’ils ont posés ensemble, et surtout les secrets les mieux cachés.
La question que bon nombre d’observateurs se posent est celle de savoir si l’imam et sa CMAS sortiront indemne de la probable saga politico-judiciaire dont Issa Kaou Djim serait l’instigateur. Ils sortiront tous affaiblis, à commencer par la CMAS qui verra sortir de ses flancs un autre mouvement, celui des partisans de Kaou Djim. Quant à l’imam, il sera lui aussi affaibli par la campagne de dénigrement, voire de diffamation qui sera menée contre lui. On donnera l’occasion aux détracteurs de l’imam de solder leur compte contre lui.
Bref, cette crise au sein de la CMAS est une véritable boîte de Pandore qui touchera tous les acteurs du mouvement.
Youssouf Sissoko