Les autorités de la transition malienne dirigent dans des conditions que l’on connait tous. Les critiques pleuvent de partout pour leur gestion solitaire de la transition. La classe politique, la société civile, etc. s’étonnent et s’inquiètent de cette posture.
Les cris retentirent de haut en bas ; le bas peuple est directement affecté jusque dans son for intérieur. Aucun changement ne s’opère comme l’on espérait après le coup de force contre le président Ibrahim Boubacar Kéïta. Des discours, des mots doux et d’espoir avaient été lancés en l’endroit d’une véritable refondation du pays. D’aucuns, après quelques mois d’attentes, minimums, soient-ils, ne sont pas satisfaits. Le président de la transition Bah Dao, après un discours emblématique et éloquent le 25 septembre 2020 lors de son investiture, avait annoncé des mots forts, de rigueurs fortes pour le redressement du Mali. Les attentes sont en effet grandes auprès des autorités de la transition dans beaucoup de domaines, notamment les défis sécuritaires, politiques, institutionnels, électoraux, etc. Face à ces enjeux, les leaders actuels ont beaucoup de mal à redresser le pays. C’est donc dire que la boussole a du mal à trouver la direction du nord, car de nombreux leaders politiques du pays désapprouvent catégoriquement leurs démarches. À l’exemple du mouvement tombeur du président IBK, le M5–RFP, qui l’a fait savoir par une correspondance ou une lettre adressée au président Bah Dao, dans laquelle il déplore la démarche solitaire des autorités de la transition sur des questions aussi essentielles pour le processus de normalisation, pendant qu’un atelier est annoncé pour cette semaine sans termes de références préalables. Cette déclaration reflète effectivement aux propos du président du comité stratégique du M5, Dr Choguel K. Maïga tenus face au secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU (Organisation des Nations Unies), Jean-Pierre Lacroix, en séjour au Mali depuis le 17 Janvier 2021 : « les autorités de la Transition ont perdu totalement la boussole qui doit les guider pour réaliser par ordre de priorité les objectifs et impératifs du changement : la sécurisation des personnes et des biens, la lutte contre le terrorisme ; la justice pour les victimes des tueries des 10, 11, 12 juillet 2020 à Bamako, ainsi que celles de Sikasso et Kayes ; les réformes politiques, institutionnelles et administratives, sur une base consensuelle et inclusive ; la création des conditions d’élections libres, transparentes et crédibles pour éviter des crises postélectorales ; la lutte contre la corruption et l’impunité ; le respect des droits et libertés consacrés dans la Constitution; la prise en charge de la problématique de la Refondation à travers l’organisation d’Assises nationales. »
L’échec de la transaction passerait par ces mêmes autorités transitoires, par leurs systèmes de gestion solitaire qui font, selon Choguel K., que la transition souffre énormément. Selon lui, « la Transition souffre principalement et fondamentalement et, de façon non exhaustive, de cinq handicaps majeurs qui, s’ils ne sont pas corrigés à temps, signeront inéluctablement son échec en fin de parcours. Les organes de la Transition souffrent d’un déficit avéré de légitimité, car ils ont tous été installés en violation des idéaux et valeurs pour lesquels le changement a été réclamé par le peuple malien. Le difficile accouchement des organes de la Transition a souffert d’absence totale d’un minimum de consensus et de confiance des forces vives de la nation. C’est pourquoi, en si peu de temps, les autorités de la Transition ont réussi à se mettre sur le dos toutes les forces vives significatives: partis politiques, syndicats, société civile, organisations professionnelles, etc. » En attendant que la boussole retrouve l’équilibre parfait, les institutions de la transition devront faire aux problèmes de confiance qui ne se consolide pas entre eux les Maliens. Une confiance perdue qu’il faut sans doute retrouver pour redresser la transition, voire du pays en général.
Moriba DIAWARA