L’ONG Human Rights Watch (HRW) a demandé hier jeudi 21 janvier 2021 une enquête « rapide et impartiale » sur une frappe aérienne française dans le village de Bounti, centre du Mali qui a coûté la vie à au moins une vingtaine de personnes. Des villageois et une association peule affirment que cette frappe a tué une vingtaine d’habitants lors d’un mariage le 3 janvier dernier et non des terroristes.
Après une association peule, FIDH, AMDH et d’autres organisations, l’ONG Human Rights Watch (HRW) vient une fois encore demander une enquête indépendante sur cette frappe qui crée la polémique depuis le début du mois.
Et pourtant, les autorités françaises et maliennes ont laissé entendre que les avions de chasse français ont visé et éliminé des dizaines de djihadistes et qu’il n’y avait ni mariage, ni femmes, ni enfants. Les « graves allégations selon lesquelles des civils auraient été tués dans des frappes aériennes doivent faire l’objet d’une enquête rapide afin de déterminer la légalité des frappes au regard des lois de la guerre », avait déclaré Jonathan Pedneault, chercheur auprès de la division crises et conflits à HRW, cité dans un communiqué.
L’ONG affirme s’être entretenue avec trois habitants de Bounti, qui ont chacun indiqué qu’un mariage avait eu lieu, et que « les hommes s’étaient réunis séparément des femmes et des enfants en raison des mesures de ségrégation entre les hommes et les femmes imposées par les groupes islamistes armés actifs dans la région ». « Ils ont expliqué que le mariage avait été planifié plus d’un mois auparavant et que des personnes étaient venues d’autres villes et villages pour y assister », dit l’ONG, ajoutant qu’« un mouton avait été abattu et préparé dans le village et les femmes étaient sur le point de livrer le repas lorsque l’attaque a eu lieu ». La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) ont déjà demandé l’ouverture d’une enquête indépendante. La coordinatrice au Mali du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Amy Martin, a également estimé « important que toute la lumière soit faite sur cet événement ». Une enquête a déjà été ouverte par la Mission de l’ONU au Mali, la MINUSMA. Cette frappe a eu lieu dans le cadre d’une opération antijihadiste menée depuis début janvier dans le centre du Mali par la France, l’armée malienne et la Force conjointe de l’organisation régionale G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad). Avec cette énième demande, la polémique s’enfle davantage et la question mérite des clarifications sur les circonstances réelles.
Bourama Kéïta