Après le mystère qui a suivi l’annonce d’une adresse à la Nation avortée le 30 novembre 2020, un silence a régné sur Koulouba depuis quelques jours laissant libre cours aux spéculations. Hier, lundi 7 décembre 2020, le Président Bah N’DAW a pris part dans l’après-midi à une visioconférence de Smart Africa.
Il s’est manifesté par un communiqué sur la page de la présidence dans lequel il a adressé une courte adresse, à l’instar de ses homologues membres du Conseil d’Administration de ladite Institution. Il a félicité SEM Paul KAGAME, Président du Rwanda, pour sa vision et son leadership. « Les résultats obtenus résultent de (sa) vision », a déclaré le Président Bah N’DAW avant de saluer les progrès accomplis par Smart Africa « auxquels le Mali adhère pleinement ».
Au-delà de cette vidéoconférence, les Maliens ont su depuis hier du moins que le Président n’est pas malade ni n’a démissionné comme les réseaux sociaux l’ont annoncé. Car depuis le boycott de son adresse à la nation sur la pandémie Covid-19, plusieurs spéculations ont été tenues sur ce silence qui pour certains, était bruissant de parole.
Toutefois, cette sortie ne clôt pas totalement le débat sur ce silence. Il convient de relever que malgré le fait que le COVID-19 s’est invité ces derniers jours dans les bureaux à Koulouba, l’on n’a pas eu écho de probable contamination d’une quelconque autorité au Palais. Cependant, selon certaines sources bien introduites, le Président Bah N’Dao est en courroux face à la manière dont les choses se sont déroulées dans la publication de la liste des membres du Conseil National de transition (CNT). L’attitude des putschistes qui n’ont daigné respecter le quota proposé aux différentes parties prenantes de cet organe dans le décret fixant les critères et la clé de répartition aurait provoqué l’ire de Bah N’Dao. Notre source a révélé que le Président aurait voulu démissionner et pour le contraindre, il était vraiment gardé pour éviter qu’il ne jette l’éponge. Nouhoum Togo, connu comme un ancien collaborateur du Président de la transition, s’est exprimé sur sa page Facebook à peine voilé.
« BAH N’DAOU, son silence si parlant. Le président de transition s’est éclipsé pour certains, il est trop silencieux pour d’autres. Des posts sur les réseaux parlent même de sa démission. Le président Ba N’Daou est aujourd’hui la grande chance qui reste pour ce pays. C’est vrai, certains veulent le voir partir, ils veulent le pousser à quitter la scène. Mais s’il partait quelle sera la configuration ? Nous n’osons même pas l’imaginer.
Le président Bah N’Daou par sa crédibilité auprès de l’opinion nationale, peut-être la seule personne qui pourrait nous rassembler, qui pourrait nous apaiser, et qui pourrait assurer des élections limpides. Plus, il pourra relancer le Mali d’espoir que nous attendons tous. », a laissé entendre le chargé de communication du Chef de file de l’opposition. Dans une série d’interrogations, Monsieur Togo, a-t-il voulu réveiller le sens de l’opinion ?
« Est-ce un silence qui nous parle ? Un silence qui nous alerte ? Un silence qui est un recul pour mieux reprendre les choses ? Un silence qui nous appelle à l’unisson ? Un silence qui nous informe d’un danger ? » ajoute Nouhoum Togo, pour qui Bah N’Daou est celui que les Maliens doivent « retrouver, pour retrouver notre transition que nous sommes en train de perdre ».
Au-delà des interrogations, cet homme, fin connaisseur de la politique malienne et de l’actuel Président, aurait apporté du moins de l’eau à notre source. La volonté de diriger le pays comme un camp ne pourra faire long feu, et le Président le sait très bien. Et sa démission aurait non seulement porter un coup dur à la transition, mais surtout l’on assisterait à un effet de boomerang contre les putschistes qui sont, faut-il le souligner en mauvaise posture avec une frange de la classe politique et de la société civile. Mais le plus inquiétant reste leurs amis d’armes mécontents aujourd’hui, d’être laissé pour compte dans cette transition devenu un butin de guerre pour les militaires.
Bruit de bottes à Kati
Jusqu’à preuve contraire, Kati continuera à faire peur à Koulouba et même à Kati. Car ces deniers jours, il y a eu bruit de bottes à Kati, révèle une source bien introduite. Selon celle-ci, certains éléments ayant participé au putsch ont tenté de prendre le vice-président, Col. Assimi Goïta en otage pour réclamer leurs parts du gâteau. Les hommes (militaires) qui ont travaillé dans l’ombre pour renverser l’ancien Président IBK sont sur leurs nerfs et avec la colère des hommes armés, l’homme n’est pas à l’abri d’un autre coup.
La Rédaction