De la chute du régime d’IBK à la mise en œuvre des organes ou à l’installation des autorités de la transition, les colonels qui ont pris le pouvoir partaient neutres aux yeux du monde et des citoyens du pays ; alors qu’en réalité, c’était tout autre chose.
Leur neutralité s’est avérée sans valeur depuis un certain nombre de temps ; sinon depuis qu’ils ont pris le contrôle des affaires, et qu’ils ont décidé d’ensemencer l’administration de l’État. Douleurs qui ne s’amenuisent pas, mais des frustrations s’intensifient. Le Mali fait face à des tournures d’événements qui ne lui sourient absolument pas, de sales événements qui ne l’honorent pas, de sa ‘’malinité’’ vraie à son avenir qu’on croyait radieux, mais qui s’effrite clairement et peu à peu. Ce pays a besoin de quoi se relever, de vrais hommes valables, de patriotes capables de le remettre sur pied. C’est en tout cas ce qu’on espérait de ces colonels bureaucrates qui nous soufflaient un véritable vent de changement ; mais finalement qui auraient mis en lapin leurs vaillants partisans.
De la concertation nationale à la prestation de serment du président de la transition Bah Dao, choisi par le CNSP avec une supposée consultation, tout part et s’obscurcit dans le dos des premiers acteurs de ce changement, le M5–RFP. Même si récemment une délégation du gouvernement leur a rendu une visite de courtoisie. Mais cela n’enlève en rien cette volonté des putschistes à vouloir se méfier des politiciens et d’immerger intégralement l’administration de l’État. D’où cette pléiade de nominations des colonels au conseil des ministres. Chose qui sous-entend que la supposée neutralité des putschistes depuis de leur début des événements ne serait autre que pour masquer leur méfiance. « On n’est pas manipulé par un parti politique. On n’a aucun lien avec le M5. Ce que les gens du M5 disaient, c’était la vérité ; mais ça ne veut pas dire qu’on est avec eux,» disait le colonel Ismaël Wagué, alors porte-parole du comité national pour le salut du peuple. D’où cette question de méfiance des politiques qui seraient selon eux des obstacles à bannir hors de leur chemin. Mais à cette époque, l’on pensait que ce nouveau Mali qu’ils scandaient allait devenir une référence désormais. Mais ça n’est pas l’impression que donnent ces militaires vachement attachés aux fauteuils ou aux postes stratégiques.
Moriba DIAWARA