Deux formations, Les Mamans du Congo et les Béninoises du Star Feminine Band, publient leur premier album.
Des chanteuses qui prennent la parole pour prôner l’émancipation des femmes sur le continent africain, cela ne date pas d’hier. Femmes debout, résistantes, nombreuses sont celles qui ont fait bouger les mentalités. Dans le sillage de leurs « grandes sœurs », d’autres reprennent le flambeau avec la même ardeur.
Deux formations féminines dont le premier album (sans nom) paraît simultanément, témoignent de la pérennité de cet activisme féministe exprimé en musique : à Brazzaville, capitale de la République du Congo, le quintette vocal Les Mamans du Congo, associé au beatmaker et producteur français Rrobin, et puis, à plus de 2 000 kilomètres à vol d’oiseau, le Star Feminine Band, réunissant sept jeunes filles chanteuses et musiciennes âgées de 10 à 16 ans, créé à Natitingou, quatrième ville du Bénin.
« Je suis une militante infatigable pour la cause des femmes, je m’insurge contre la maltraitance qu’elles subissent dans le foyer où à peine mariées les jeunes filles doivent tout faire, y compris prendre soin de la belle-mère. Je me sens profondément féministe. » Depuis sa maison, située près de la rivière Djoue, au cœur de Brazzaville, Gladys Samba, dite Maman Glad’, chanteuse et percussionniste leader du groupe Les Mamans du Congo, mais aussi professeure d’arts plastiques, cuisinière, mère quadragénaire de quatre enfants, nous parle de la flamme qui l’anime et qu’elle chante.
Il est 16 heures, la pluie s’est calmée en ce dimanche 15 novembre. Elle avait tout à l’heure interrompu notre échange téléphonique. « Je veux aussi dire aux femmes qu’elles peuvent travailler, monter de petites entreprises », poursuit Maman Glad’.
Berceuses traditionnelles
Elle-même a créé à Brazza l’Espace Kudia en 2010, un genre de cabaret-restaurant où les artistes peuvent se retrouver, actuellement fermé pour cause de Covid-19, explique la chanteuse. Après différentes expériences musicales et un premier album (Absence), elle a réuni autour d’elle en 2018 quatre chanteuses pour créer Les Mamans du Congo.
A l’initiative de l’Institut français du Congo, de la Coopérative de Mai (salle de concerts de la métropole auvergnate Clermont-Ferrand) et du label lyonnais Jarring Effects, la rencontre organisée à Brazzaville avec le beatmaker Rrobin a débouché sur un album dont Maman Glad’ a écrit tous les textes, adaptant parfois des berceuses traditionnelles (« que les mères d’aujourd’hui ont tendance malheureusement à oublier »).