dimanche 24 novembre 2024
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Faiblesse des exportations, envolée des importations, déficit commercial…L’économie malienne en panne

Le dernier bilan semestriel dressé par les Douanes sur le commerce extérieur illustre les faiblesses de l’économie nationale. Très dépendante du métal jaune, les sociétés minières ont produit 11 millions d’once d’or en 2015 et l’État malien n’a perçu que 20% du bénéfice généré, tandis que les importations s’élèvent à plus de 100 milliards de francs CFA.
Pour les spécialistes du domaine, cette situation s’explique en réalité par le manque de compétitivité de notre économie à faire face à la concurrence étrangère, tant sur les marchés externes qu’internes.
En dépit de l’existence d’un tissu industriel composé d’entreprises publiques et privées, il n’en demeure pas moins que le poids de l’économie malienne est insignifiant et ne pèse pas sur les échanges nationaux et internationaux. Par son territoire (1.241.238 km2), le Mali est l’un des grands pays du continent africain et se classe au rang des nations les plus vastes de l’Afrique de l’Ouest. Sa superficie est deux fois plus importante que celle de la France. Mais sur le plan économique, une seule entreprise européenne fait mieux que le Mali tout entier. À titre d’exemple, on peut citer le groupe Ericsson qui réalise, à lui seul, un chiffre d’affaires de 35 milliards de dollars par an. Alors que l’économie malienne exporte, en dehors du métal jaune, à peine 30 milliards de francs CFA. Ces exportations sont composées essentiellement de l’or et du coton. Un piètre bilan qui démontre qu’il y a beaucoup à faire en la matière. Les potentialités ne manquent pas pour redresser la situation.
Le Mali dispose d’importantes réserves de pétrole, de gaz, de sites touristiques et d’un patrimoine industriel inexploité –de nombreux sites industriels hérités de l’époque coloniale et ceux réalisés durant les années 1960 sont aujourd’hui à l’abandon–. La situation financière extérieure demeure solide, avec un très faible endettement extérieur. Pour construire une économie compétitive, les spécialistes du domaine ont eu à formuler à plusieurs reprises des recommandations lors de journées d’études et de rencontres officielles. Il s’agit principalement de réduire le poids excessif du secteur public, de limiter l’intervention de l’État dans la sphère économique, de lever les freins bureaucratiques et d’améliorer le climat des affaires.
Des actions prioritaires
En parallèle, des efforts colossaux attendent les entrepreneurs et les opérateurs, notamment en termes de maîtrise de coûts de production, de ponctualité, d’organisation du travail et d’efficacité du réseau de commercialisation. La spécialisation et le choix de créneaux spécifiques et porteurs peuvent être aussi des éléments essentiels d’une politique de développement économique. Dans l’immédiat, le pays doit réduire d’abord les importations par l’encouragement de la production locale. En six mois, le Mali a importé plus de 60 milliards de francs CFA, et ce, malgré les différentes dispositions de limitation des achats à l’international (licences d’importation) et des interventions de l’espace euro pour déprécier le francs CFA dans l’objectif de laminer le pouvoir d’achat. Le gouvernement est appelé à réunir tous les importateurs nationaux et internationaux pour les écouter et les encourager à aller vers la production locale. La situation catastrophique de l’économie du pays appelle à un véritable plan Marshall et à des mesures radicales.
L’économie mondiale est telle que l’autarcie et l’isolement ne sont plus possibles, d’où la nécessité d’adopter les mécanismes de fonctionnement en vigueur. Le retour au week-end universel (samedi-dimanche), l’encouragement de la création, l’adoption d’un enseignement de qualité basé sur les langues étrangères (anglais, espagnol, arabe…) et bien d’autres actions sont indispensables pour redresser la situation. Car les principales difficultés rencontrées par l’économie nationale sont liées au manque de compétitivité, du capital productif et un enseignement de mauvaise qualité.
La vulnérabilité des finances publiques, largement dépendantes de la fiscalité aurifère, devrait inciter à opérer des réformes sans retenue, étant donné que l’impact ne sera que positif pour le pays. La grande bataille est celle de la création d’activités tous domaines confondus (agriculture, industrie, services, tourisme, artisanat, culture…) afin de créer de nouvelles ressources. La diminution des dépenses publiques et leur orientation en faveur du monde économique, notamment pour la création de zones industrielles équipées, s’impose. En un mot, il n’existe pas de tabou pour développer son économie, surtout à l’heure actuelle, caractérisée par le phénomène de la mondialisation et la disparition des frontières.
Arouna Traoré Le Nouveau Reveil| lecombat.fr

Djibril Coulibaly

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