Cela fait deux semaines que les habitants de Farabougou, dans le centre du Mali, sont coupés du monde. Les forces du mal imposent un embargo sur ce village situé à quelque kilomètre de Diabaly, région de Ségou. Après avoir tué au moins six habitants et kidnappé neuf autres il y a deux semaines, l’impuissance de la hiérarchie militaire à combattre ces terroristes oblige aujourd’hui les autorités locales à négocier le retrait des terroristes.
Selon des témoignages locaux, les assaillants interdisent encore tout mouvement. Impossible d’entrer ni de sortir du village. Durant le week-end ces forces du mal ont sauté le pont reliant cette localité avec le reste du pays pour empêcher l’armée d’intervenir.
Ce pont était un passage obligé pour accéder à leur village. Il a été détruit dans la nuit de samedi à dimanche 18 octobre. Dimanche, c’est un autre village voisin, Korouman, qui a essuyé des tirs en début d’après-midi. Aucune victime selon des témoignages locaux. Mais le message est clair: les « jihadistes » maintiennent toujours leurs positions dans la zone. La population appelle à l’aide.
«Chers officiers, amis, connaissances mon village s’appelle Farabougou dans la commune rurale de Dogofry. Ce village est à 25 km du camp Diabaly. Les habitants dudit village sont 3000 âmes environ. Ce gros village est encerclé depuis le mardi 6 octobre 2020. Toutes les opérations de l’armée menées sur le terrain ont échoué pour libérer le village. Les chasseurs font tout pour empêcher les jihadistes de rentrer à l’intérieur, mais aujourd’hui la faim, la maladie, les enfants, les vieillards sont en train de mourir à petit feu devant le peuple du Mali. Je demande à tout le monde, une aide en partageant ces informations. Le pont qui servait la liaison entre un village de Dogofry et Farabougou a été explosé par les jihadistes hier vers 19 heures », alerte un habitant.
Selon un communiqué de l’armée, hier lundi 19 octobre 2020, pour la première fois, des vivres ont pu être largués dans le village par un avion au-dessus du village. « Une action humanitaire » qui traduit, selon l’armée malienne, « la volonté des autorités de soulager les populations.» Un habitant confirme que six caisses ont été réceptionnées, même si l’une d’elles s’est écrasée au sol: à l’intérieur 250 kilos de riz, des pâtes, de l’huile, du sucre : un réconfort, sans aucun doute, mais bien loin de suffire, selon lui, aux besoins des quelques 3 000 habitants du village.
Toutefois, une incompréhension réside au niveau de la lenteur de l’intervention militaire. Selon RFI, une tentative de médiation est en cours, menée par des notables de la zone. À en croire ce média, ladite médiation a commencé il y a près d’une semaine. Les maires, chefs traditionnels, représentants communautaires et religieux impliqués ont établi des contacts avec les hommes armés qui encerclent Farabougou, via des intermédiaires locaux. « Nous progressons, mais c’est délicat », expliquait encore hier lundi l’un des membres de cette médiation. Il précise que ces hommes armés se présentent certes eux-mêmes comme des combattants jihadistes, idéologiquement, mais qu’ils ont aussi des griefs plus spécifiques, plus locaux, à l’encontre précisément des chasseurs dozos de Farabougou.
« C’est un peu flou », reconnaît cette source, qui évite également de donner trop de détails pour préserver les discussions en cours afin d’obtenir la levée du siège.
De son côté, l’armée malienne sur place tente depuis plusieurs jours d’acheminer des vivres à Farabougou, mais les routes sont boueuses, difficilement praticables, et surtout il y a le risque des mines, d’engins explosifs qui pourraient être placés sur les pistes à emprunter. Jusqu’à présent, les soldats maliens ne sont donc, effectivement, pas parvenus jusqu’au village.
Tout ceci montre l’incapacité du CNSP qui a réclamé la part du lion dans cette transition de proposer une solution pour endiguer l’insécurité. Car, avec IBK Kidal seul était difficile d’accès, mais avec Assimi et ses compagnons c’est Ségou qui est sur le point de tomber.
La Rédaction