La Direction générale de Laïco Hôtel de l’Amitié a boudé les « négociations tripartites » prévues le 8 septembre dernier par la Direction régionale de l’Inspection du travail pour trouver un consensus entre elle et les employés (entre 71 et 76 agents) qu’elle a décidé de licencier de leurs postes. Sans compter qu’elle n’a pas respecté la législation en vigueur entraînant du coup la « nullité » de sa décision aux yeux de la loi.
Dans une lettre adressée à la Direction générale de Laïco Hôtel de l’Amitié de Bamako (le 09 septembre 2020), la Direction régionale de l’Inspection du travail déplore avoir constaté qu’elle a décidé de se mettre « en marge de la légalité » par son refus de participer « aux négociations tripartites ». Cette procédure avait pour but de « trouver des solutions au différend » qui l’oppose à ses employés dans le cadre d’un « licenciement à motif économique ».
Cette médiation acceptée par les employés menacés de perdre leurs emplois aurait permis sans doute « d’adoucir la mesure dans un cadre consensuel » et, du coup, apaiser aussi « le climat social fortement écorné » de cet hôtel géré par le groupe tunisien « Granada » depuis le 1er mars 2020. Depuis le 1er septembre 2020, il a pris la décision de se débarrasser de 76 agents pour des raisons économiques.
Déjà, le 1er Avril 2020, les nouveaux gérants ont mis 101 personnes en congés techniques pour 3 mois sans assistance. « Nous avons tous repris le 1er juillet. Le 2 juillet, ils ont mis presque 64 personnes en congés de 10 jours pour certains et 7 jours pour d’autres », a déclaré l’un des employés visés par le licenciement.
L’absence de la direction aux négociations tripartites n’a pas surpris les employés. « Son motif ne tient pas la route. Elle sait pertinemment que sa motivation n’est pas économique, mais raciale et raciste », commente l’un d’entre eux.
En tout cas, la Direction régionale de l’Inspection du travail a attiré son attention sur le fait que la procédure de licenciement, telle qu’édictée à l’article I.48 nouveau du Code du travail, n’avait pas été respecté en son alinéa 3. Ce qui la rend « irrégulière ».
Elle a aussi rappelé à la direction de l’hôtel que « le contrat de travail des salariés bénéficiaires d’une protection sociale spéciale ne peut être rompu à l’initiative de l’employeur sans l’autorisation préalable de l’Inspecteur du travail en vertu de l’article I.277 du Code du travail, quand bien même vous avez entrepris des démarches dans ce sens tout en vous dérobant au débat contradictoire… ».
La décision de la Direction générale du Laïco Hôtel de l’Amitié est « frappée de nullité ». Elle doit donc se conformer à la législation du travail en procédant à la « réintégration des travailleurs ou, à défaut, à respecter les prescriptions des articles sus indiqués ».
Selon des sources proches du dossier, la Direction a deux options : revenir sur sa décision ou déposer le bilan puisqu’elle évoque des raisons économiques pour justifier le licenciement envisagé. « Ils n’ont plus le choix. Ils vont renoncer au licenciement ou ils déposeront le bilan ». Au sein de l’hôtel, c’est le dépôt de bilan qui est le scénario le plus plausible. Et cela d’autant plus que, depuis quelques jours, deux experts comptables sont dans leurs murs. Ce qui ne surprend pas puisque, selon nos investigations le PDG (un Libyen) envisage de quitter le Mali.
L’Etat peut-il et doit-il encore reprendre l’hôtel ? Est-ce qu’il a la capacité de gérer ? « L’Etat peut reprendre et donner la gestion à une grande chaîne hôtelière (Groupe Accor, Méridien Radisson ou Hilton). Cela est possible dans le cadre du partenariat public-privé (PPP) aussi », souligne un spécialiste du domaine.
Ce qui est sûr, l’avenir est loin d’être assuré pour les travailleurs du Laïco Hôtel de l’Amitié.
Hamady Tamba