Le M5-RFP a donné le ton pour la démission de l’ex-président Ibrahim Boubacar Kéïta avant l’immixtion des miliaires pour le renverser. Ce processus a commencé le 05 juin 2020 ; d’où la naissance du Rassemblement des Forces Patriotiques. Le M5 est-il la cheville ouvrière de cette transition militaro-politique en cours ?
« Ce que les gens du M5 disaient, c’était la vérité ; mais ça ne veut pas dire qu’on est avec eux, » avait déclaré le Colonel-Major Ismaël Wagué, porte-parole du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), dans une interview au lendemain du coup d’État. Le CNSP a donné raison au M5 sans hésiter. Raison ou pas, le CNSP serait pris au piège cette fois-ci ; toutes les cartes vont contre eux dans la présidence de la transition. Leurs chances sont minimes pour garder le pouvoir. Tout porte à croire que les concertations nationales pour la circonstance iront sans l’ombre d’un doute, en leur défaveur. La Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a, à travers le sommet ordinaire lundi dernier à Niamey, lancé un ultimatum de huit (08) jours à la Junte pour désigner un président de Transition. Cet ultimatum expire le 15 septembre prochain. Sinon, à défaut elle (CEDEAO) renforcera ses sanctions contre le Mali. Le Colonel Assimi Goïta a le couteau au coude. « La Junte doit nous aider à aider le Mali, » a martelé Mahamadou Issoufou, président Nigérien et président en exercice de la CEDEAO.
Lors de ces concertations nationales, le M5-RFP sera l’élément influent dans le processus d’organisation de la Transition. Le CNSP et le M5-RFP ne vont pas dans la même direction dans ce sens. L’un veut diriger la Transition, l’autre espère un civil ou civil au sein de leur mouvement, l’on suppose. Le président du comité stratégique du M5-RFP, non moins président du Mouvement Patriotique pour Renouveau (MPR) n’en dira pas moins ; il a décliné sa position et celle du M5 par rapport à la situation actuelle : « Le M5-RFP a été clair avec les membres du CNSP, en leur disant qu’ils ne peuvent pas gérer la présidence de la transition ; car leur mission n’est pas de faire la politique, mais plutôt de défendre le Mali et de sécuriser sa population. Le monde a changé : un militaire ne peut faire un coup d’État et rester à la tête du pays. C’était possible il y a une vingtaine d’années, mais aujourd’hui c’est impossible, » a-t-il martelé. Face aux tournures qu’ont prises les événements, on dira sans risque de se tromper que le M5–RFP est la cheville ouvrière de cette transition militaro-civile en gestation.
Moriba DIAWARA