D’Est en Ouest, du Sud au Nord, nul Malien n’est indifférent quant à la crise politique qui secoue le pays. Ibrahim Boubacar Keïta doit rendre le tablier sans conditions, crient les uns, l’écrasante majorité du peuple. Pour les autres, une infime frange de la société, si le président de la République est chassé du pouvoir, ce serait le chaos.
Mais force est de constater que c’est le Mouvement du 5 juin devenu le Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali qui a le vent en poupe. Depuis la réussite de sa gigantesque mobilisation du vendredi dernier, ses rangs ne font que grossir. Partis politiques, syndicats, nombreuses organisations de la société y adhèrent avec un enthousiaste guerrier qui s’amplifie au fil des heures. Ferveur politique galvanisante qui lui permet de renouveler chaque instant son objectif final : la démission d’IBK qui ne peut être négociée. L’imam Mahmoud Dicko a fermement tenu ce discours aux représentants de la communauté internationale qui sont allés le voir pour lui arracher une solution de sortie de crise qui préserve le président dans sa fonction. Dans la même veine, l’ancien ministre Cheick Oumar Sissoko, le leader du mouvement Espoir Mali Koura, a sans ambiguïté porté le même message sur les antennes des médias internationaux. Advienne que pourra, IBK doit se démettre au plus vite ou c’est le peuple qui le délogera : tel est le message immuable porté dans les régions. Singulièrement au nord du pays, à Tombouctou et à Gao surtout, les populations, malmenées par l’anxiété de voir la grande patrie commune voler en éclats, sont surexcitées et pressantes de nettoyer au plus vite les écuries d’IBK. Même veillée d’armes au centre et aussi dans les régions de Ségou et Sikasso. Les citoyens attendent frénétiquement le prochain mot d’ordre de mobilisation du Mouvement du 5 juin pour se lancer à l’assaut du président de la République et de son régime.
En face, ceux qui ont déclaré vouloir défendre le président font figure d’une armée mal préparée, hésitante et certainement sans troupes indispensables à leur réussite. Malgré tout, ils se sont nommés « NOUS LE PEUPLE » et ont tenu, de manière abracadabrantesque, quelques réunions pour déclarer à l’opinion publique nationale et internationale qu’ils sortiront le vendredi prochain 12 juin, en faisant battre le pavé par trois millions de Maliens, un chiffre vertigineux qui a provoqué des rires contre eux. Ils sont observés depuis avec un sarcasme délirant. Leurs adversaires estiment qu’ils sont juste en agitations désespérées. Pour causes. N’est-ce pas les mêmes personnes qui ont ameuté les oreilles durant une semaine, menaçant de s’opposer au rassemblement du 5 juin? N’est-ce pas encore ces mêmes individus qui ont affirmé haut et fort qu’ils avaient les preuves que des centaines de camions bondés de djihadistes et de mercenaires allaient déferler sur Bamako pour déstabiliser la République ? Alors que rien n’y fut.
Au lieu de tout cela, de jour en jour, ceux qui étaient supposés constituer leurs lieutenants les abandonnent à leur sort. Harouna Sankaré, Hamady Sangaré dit Zé, entre autres, ont tenu ainsi à se démarquer d’eux tout en le faisant savoir sur les réseaux. Au rythme où vont les défections, leur mobilisation prévue pour le vendredi prochain risque d’être avortée. Et ce serait un désaveu qui pourrait précipiter ce qu’ils cherchaient à éviter.
Bogodana Isidore Théra