En prévision de la session extraordinaire de la nouvelle Assemblée nationale qui aura à son ordre ce lundi 11 mai, entre autres points l’élection du président de l’institution, le BPN-RPM s’est réuni le vendredi 08 mai, afin de désigner son candidat. Les assises ont donné lieu à des empoignades verbales houleuses, ponctuées d’explosions injurieuses et vexatoires.
Le parti du Tisserand, né du mouvement Alternance 2002 pour servir de tremplin à Ibrahim Boubacar Keïta, a étalé à nouveau son immaturité du haut de ses dix-huit ans de présence sur l’échiquier politique national, dont cinq sont marqués par IBK comme président de l’Assemblée nationale et maintenant sept par lui comme président de la République à compter de 2013. Pas surprenant. De mémoire de hauts responsables du RPM, on peut compter au bout des doigts les réunions et autres concertations du Bureau Politique National qui n’ont pas été des occasions à se laver ocre, tant les envolées ont toujours été au ras des pâquerettes. On comprend peut-être pourquoi Ladji Bourama n’a jamais voulu choisir dans son écurie propre un homme apte à diriger le gouvernement de la république.
Pour la présidence du Parlement nouveau, les enjeux sont très importants. Il ne s’agit plus de luttes de jactance, mais bien des coups de Jarnac à administrer au bas de la ceinture. L’Assemblée nationale qui tient ce lundi sa toute première session est la dernière de l’ère IBK dont le dernier mandat expire en 2023 alors que l’institution législative est élue pour cinq ans; ce qui fait qu’elle demeurera encore deux ans après le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta. Le futur politique du pays s’éclairera forcément à la lumière de cette réalité. Mais ceci est une préoccupation qui sera au coeur des analyses et des positionnements dans un avenir qui s’annonce trépidant. Mais d’ores et déjà, ce qui s’est passé au sein du RPM pour la désignation du candidat du parti au perchoir présage d’une désunion, voire d’une fracture gravissime qui se profile à l’horizon. En dehors de la figure tutélaire d’IBK, que vaudra demain le RPM ?
Appréhendant tout l’avenir qui doit être ménagé avec tact et haute vision, Abderahamane Niang, le président de la Haute Cour de Justice donné pour favori caché d’IBK, a pourtant, très tôt le matin, avant même l’ouverture classique des débats, retiré sa candidature. Peut-être a-t-il, par ce geste, appelé les autres protagonistes à faire preuve d’élégance politique en optant pour le choix consensuel, voire unanime, sur un seul candidat. Sa démarche ne sera malheureusement pas comprise. Cinq candidats camperont sur leurs positions initiales, tels des fauves prêts à se dévorer. En dépit des rodomontades aux accents souvent d’invectives, l’honorable Mamadou Diarassouba va se placer en tête après avec 39 voix contre 6 voix à son rival le plus approchant, en l’occurrence Me Baber Gano dont le nom est cité dans au moins une affaire judiciaire. Quant à Moussa Timbiné, dont la réélection continue à être vertement contestée, il chauffe l’atmosphère plus qu’il ne le faut en claquant la porte et en proférant des injures. Puis, il prend d’assaut les réseaux sociaux pour expliquer le bien fondé de ses prétentions au perchoir.
La nuit porte conseil, dit-on. Abdoulaye Coulibaly se ralliera finalement à la candidature de Mamadou Diarassouba pour sauver l’unité du parti. Quant à Issiaka Sidibé, le président sortant de la dernière Assemblée, il profitera aussi de la réunion du BPN-RPM tenu hier, dimanche 10 mai, pour soutenir Mamadou Diarassouba comme l’unique candidat du parti au perchoir. N’empêche que la cohésion au sein du RPM se lira ce matin entre la sage décision d’Abderahamane Niang et la tonitruante position de Moussa Timbiné. Les Tisserands demeurent dans une douloureuse épreuve.
Amadou Parvin