Et si toutes les annonces faites en fanfare par IBK et son gouvernement comme moyens de lutte contre le Coronavirus n’étaient que de la communication cosmétique destinée seulement à tromper l’opinion nationale et internationale ? Les malheurs que vit l’hôpital Foussény N’Daou de Kayes, éclairent en tout cas dramatiquement la différence entre ce que proclament les plus hautes autorités et ce qu’elles font en réalité.
Attention aux effets d’annonce! Si ce qui est communiqué haut et fort n’est pas suivi de réelles mesures effectives, les mensonges reviennent vite comme un boomerang sur le visage de l’annonceur. C’est ce qui arrive aujourd’hui à IBK totalement mis à nu sur la question brûlante de la riposte contre la pandémie du Coronavirus. En trois adresses à la nation, il a annoncé d’importants moyens de guerre contre l’ennemi invisible, mais il n’en a presque rien déployé sur les vrais champs de bataille que l’on puisse avec évidence attester honnêtement. En témoigne le cri de coeur de Guéladio Traoré, secrétaire général de l’hôpital Foussény N’Daou de Kayes où les premiers cas suspects au Covid-19 ont été signalés et où la virulence de la pandémie défraie désormais la chronique.
Selon le responsable sanitaire susnommé, plus de 45 jours après les premiers tests, non seulement l’institution hospitalière manque de tout, mais en plus les médecins viennent juste de commencer leur première séance de formation relativement à la pandémie. Or, qui dit médecins, qui plus est en période de grande crise épidémiologique, doit nécessairement donner la priorité à la formation du personnel soignant. Qu’à cela ne tienne, Kayes, région d’où partent les plus gros contingents d’immigrés, devait mériter une attention particulière dans le dispositif national de riposte. Mais rien, Kayes est tout simplement abandonné à son triste sort.
Guéladio Traoré signale, avec amertume, on le comprend, qu’au départ, même avec les nouvelles venant d’autres pays, « nous n’étions pas préparés à faire face au mal. Et quand il a pointé le nez chez nous, nous avons donc été comme surpris…Ni équipements ni produits de soin. Il s’y ajoute que les équipements existants, très peu d’ailleurs, n’ont pas été mis en mouvement. Par exemple, nous n’avons que deux respirateurs dont on ne sait pas s’ils sont bons ou pas puisque leur opérationnalité n’a pas été éprouvée, car n’ayant jamais, été branchés à un malade pour savoir s’ils sont bons ou pas. » Dans cette situation de manque et d’incertitudes, aucun autre équipement n’a été acheminé de Bamako à Kayes, comme on pouvait légitimement s’y attendre après les mirobolantes annonces faites par les plus hautes, le président de la République en particulier. C’est tout simplement le désarroi, voire le désespoir dans la cité des rails.
En ce qui concerne les tests, c’est l’impératif le plus dramatique. Les prélèvements réalisés à Kayes sont obligatoirement transportés à Bamako, à plus de 600 kilomètres de là, et peuvent mettre deux à trois jours sans arriver en plus, les délais de traitement sont soumis aux caprices des techniciens destinataires. Il arrive d’attendre un minimum de trois jours pour obtenir les résultats, pour ensuite reprendre le trajet retour. Une situation agaçante qui décourage nombre de citoyens soucieux de se faire tester, mais contre qui les longs délais d’attente jouent de mauvais tours. Les gens ne sont d’ailleurs pas loin de se laisser convaincre que tout cela semble être fait sciemment. Comment ne pas penser ainsi quand le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé, s’est vite rendu dans les zones frontière, mais jamais à Kayes où le premier signalement au fameux virus a été réalisé et qui fait même figure d’épicentre au Covid-19 ?
En attendant, l’hôpital Foussény N’Daou continue de gémir. Tout manque ici. Même la nourriture qui est prise en charge par les maigres recettes de céans et dont la qualité dégringole de jour en jour. Les malades du centre d’isolement ne peuvent plus manger à cause justement de cela. Cette situation provoque une autre pénurie. Avec les dépenses extraordinaires, l’hôpital ne parviendra certainement pas à payer les salaires de son personnel à la fin du mois d’avril. À cela s’ajoute le drame que les combinaisons blanches à usage unique, indispensables à porter pour pouvoir visiter les malades, à raison de quatre par jour, arrivent à saturation. Qui pourra alors dire que l’hécatombe sera évitable dans quelques jours? Personne.
Il faut rappeler que le 17 mars, Ibrahim Boubacar Keïta a réuni une réunion extraordinaire du Conseil Supérieur de la Défense Nationale consacrée à la pandémie du Coronavirus. Au cours de ces assises, il a déclaré, le plus officiellement du monde, la mise à disposition d’une enveloppe initiale de 6,3 milliards. À quoi aura servi ce pactole 50 jours plus tard? Alors qu’on n’a encore pas reçu la moindre réponse à cette question, il a annoncé à nouveau qu’il mobilisait 500 milliards de francs CFA et d’autres mesures sociales portant sur l’eau, l’électricité, les mesures fiscales et celles relatives à la distribution généreuse de denrées alimentaires. Dans l’intervalle, ne l’oublions pas, la société civile, individus comme organisations, a mis la main à la poche. Pourtant, de moyens efficaces pour vaincre la pandémie, point; rien ne vient significativement des autorités. À quoi jouent celles-ci ?
Tourading Sissoko