Vouloir imposer aux véhicules de transport public en particulier les Cars qui desservent les cités éloignées de Bamako, c’est ni plus ni moins les contraindre à fermer boutique. Une finalité que personne ne semble rechercher.
Salif Sylla, fonctionnaire, n’en croit pas ses yeux. En accompagnant ses enfants en partance pour Kayes tôt ce samedi matin 18 avril, à 24 heures près des élections législatives (deuxième tour) devant se dérouler le lendemain, il constate avec effarement que l’autogare, sise au Badialan 3 est bondée de monde. À l’exception notoire de ses trois rejetons, aucune autre personne ici n’arborait la protection minimale du masque. Or, dans cette masse aux divers souffles émettant sans interruption des postillons, jeunes comme vieux, femmes et enfants étaient entremêlés comme du bétail en enclos. Il est aisé de comprendre que dans cet enchevêtrement indissociable, dehors aussi bien que dans le Car, il est impossible de respecter entre les passagers la distanciation sociale d’au moins un mètre préconisée par les pouvoirs publics dans tous les actes de la vie collective.
Monsieur Sylla n’était pourtant pas au bout de sa surprise. Dans ce lieu de rencontre de gens venant de tous les horizons et dont on ne sait rien des antécédents sanitaires des uns et des autres, il n’existait aucun dispositif de lavage des mains. Comme pour pousser l’insouciance qui confine peut-être à la foutaise, aucun numéro de téléphone des passagers n’était enregistré pour au cas où. Et, vous avez beau tourné votre visage à droite et à gauche, devant et derrière, vous n’apercevrez aucune affiche rappelant les voyageurs de l’existence de l’affreux virus.
Que se passe-t-il ? Baba Konté ancien émigré en France dira que le pays est un pays de pagaille; « on confie nos vies à Dieu et on vague à nos utilités parmi lesquelles voyager ». Seydou Diagouraga renchérit en disant que les autorités publiques n’ont aucun souci des populations ; « elles publient des mesures pour qu’on ne dise pas seulement qu’elles n’ont rien fait alors que la réalité en est qu’elles ne font justement rien ». Coumba Sow peste bruyamment en disant que les pauvres peuvent bien continuer à risquer, mais que Coronavirus se chargera lui-même de rattraper les riches à la gorge dans leurs palais, bureaux et villas climatisés.
Quant à S.S.B., travailleur dans une compagnie de transport, lui est plus posé. Pour lui, il est important de rappeler d’abord que gouverner, c’est prévoir, voire prévenir. Dès que la pandémie a été découverte dans le monde, les plus hautes autorités devraient immédiatement réfléchir à des secteurs stratégiques à prémunir. Les transports publics sont de ceux-là. Nous sommes face désormais à un dilemme : demander aux compagnies de transport public de mettre la clé sous le paillasson ou consentir des sacrifices publics pour permettre à ses sociétés de tourner en respectant les mesures préventives. Il n’y a rien d’autre à faire.
Bogodana Isidore Théra