En dépit de la propagation de la maladie à coronavirus, communément appelée COVID-19, le second tour des élections législatives aura bel et bien lieu le 19 avril 2020. Telle est l’une des décisions phares prises par le chef de l’Etat, dans son adresse à la nation le 10 avril 2020.
Si les autres mesures ont été applaudies par une écrasante majorité de la population, celle relative au maintien du second tour divise jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Selon certaines indiscrétions, le ministre de la Santé et celui des Affaires étrangères seraient favorables à un report du second tour comme la France en a fait pour les municipales, afin d’éviter la propagation du virus. Notre source indique que le Président de la République a catégoriquement refusé, avançant comme prétexte la nécessité de renouveler l’Assemblée Nationale pour éviter à notre pays une autre crise politique aux conséquences incommensurables. Il serait même dans les bonnes dispositions de mettre en place après les législatives, un gouvernement de large ouverture qui aura comme principale mission de procéder aux réformes qui sont aujourd’hui indispensables pour la bonne marche de notre République et sa démocratie.Entre le camp des adeptes du maintien du second tour et celui des fervents adversaires, qui a raison ou qui a tort ? Tous les deux certainement.
Pour le Président de la République, fervent partisan du maintien, bien que le COVID-19 se propage à un rythme accéléré, la tenue du second tour est devenue un devoir citoyen pour éviter au pays d’autres crises. Car pour lui, le Coronavirus a tapé déjà à nos portes, il revient maintenant aux populations d’observer toutes les mesures barrières, d’hygiène et de distanciation socialepour éviter la contamination. Son souci est partagé par un grand nombre de citoyens qui estiment qu’au-delà du 2 mai 2020, date de l’installation de la nouvelle Assemblée Nationale, s’il n’y a pas une nouvelle Assemblée, il faudrait redouter une certaine levée des boucliers d’une certaine classe politique, qui ne sera plus d’accord que cette Assemblée illégitime agisse au nom du peuple. Donc, le Mali ne serait pas à l’abri d’une crise politique aux conséquences graves. Les partisans du maintien de la tenue du second tour des législatives, tout en redoutant le risque de propagation du COVID-19 pensent que ce serait une bonne chose d’y aller, mais en préservant les mesures édictées par les plus hautes autorités. Il revient à ces dernières de réunir toutes les conditions pour le bon déroulement du vote.
S’agissant des opposants à la tenue du second tour des législatives, pour dit-on, éviter le risque de propagation du coronavirus. Ils ont leur raison, surtout quand on voit le nombre de morts que cette maladie a causé en Occident et en Chine. On en déduirait qu’il faille reporter pour éviter le pire. Ils ont d’autant plus raison qu’il n y a pas l’ombre d’un doute que les élections sont une occasion tout trouvée pour une contamination en masse.
Le peuple a désormais le choix entre le mal et le pire.Le mal est de tenir les élections qui occasionneraient certainement beaucoup de contaminations et le pire est de ne pas tenir le second tour. Ce second scénario provoqueraitune crise politique pouvant déboucher à une insurrection populaire. Ce schéma serait le plus dramatique pour notre démocratie et pour la République. Donc, prenons le juste milieu, celui d’aller aux urnes, en respectant les mesures barrières et en se dotant d’équipements indispensables pour le bon déroulement du scrutin.
Youssouf Sissoko