Une attaque sanglante a visé une position des FAMa à Tarkint dans la région de Gao le jeudi 19 mars. Le bilan de cette attaque est de plus de 29 morts et plusieurs blessés du côté des soldats maliens. Après cette attaque, deuxième du genre au mois de mars, place est à l’indignation, à la colère et à des questionnements pertinents sur les conditions matérielles indispensables pour les soldats afin de mener à bien leurs missions régaliennes. Cette attaque d’une rare violence a suscité l’émoi en apprenant que les hélicoptères, seuls moyens efficaces pour ce genre de guerre asymétrique, n’ont pas encore volé au secours des vaillants soldats qui viennent encore une fois de plus, de payer le prix fort. Pourrait-on savoir si les avions de combat sont encore et toujours cloués au sol ? Où en est-on avec les enquêtes, qu’elles soient judiciaires ou parlementaires sur les achats des équipements militaires? Le Mali fera-t-il comme le Niger en poursuivant les responsables des détournements des fonds alloués aux forces de Défense et de Sécurité ?
Quand la nouvelle de l’attaque de la position des Forces Armées Maliennes, FAMa, a fait le tour de la toile avant d’être annoncée officiellement avec un lourd bilan, nombreux étaient les maliens à rendre hommage aux vaillants soldats tombés sur le champ d’honneur, à partager la douleur des familles endeuillées, à prier pour le repos éternel de leur âme. Mais, ils étaient aussi nombreux à s’interroger encore et toujours sur les hélicoptères cloués au sol. Tous les experts en guerre s’accordent à dire que les seuls outils efficaces pour lutter contre le terrorisme au Sahel, restent les avions de combat.
C’est pourquoi le contribuable malien a fait le sacrifice de renoncer à plus de 1230 milliards de Francs CFA dans le cadre de la loi d’orientation et de la programmation militaire, afin que les FAMa puissent être mieux équipées pour défendre vaillamment l’intégrité territoriale, la paix et la stabilité dans le pays. Malheureusement, tout porte à croire que cette faramineuse somme aurait pris une autre destination. Rien qu’à en juger par l’état des engins de guerre achetés, on peut en déduire que les 1230 milliards n’ont pas été utilisés à bon escient. Les hélicoptères achetés à prix d’or sont pour la plupart cloués au sol. Même les engins supposés être des blindés, font eux aussi l’objet de polémiques sur leur état réel et sur leur modernité eu égard à la somme annoncée pour leur acquisition. Par cette énième attaque contre les positions des FAMa sans intervention aérienne, la grande consternation a cédé la place à la colère noire, car bien que les preuves soient palpables, aucune enquête n’est jusque-là menée pour situer les responsabilités, sanctionner les coupables et récupérer les fonds volés.
Les auteurs de ces forfaits sont-ils toujours couverts par une immunité ou alors c’est toujours le fameux secret défense qui est un obstacle ? Le peuple malien attend beaucoup de son ministre de la justice, lui qui a fait de la lutte contre la corruption et la délinquance financière son cheval de bataille. Me Malick Coulibaly est fortement attendu pour sévir contre tous ceux qui ont détourné l’argent du contribuable malien. Il est surtout attendu pour enquêter sur l’affaire dite des avions cloués au sol et des équipements militaires surfacturés. Beaucoup de sang de nos militaires ont coulé au nord comme au centre, par le fait d’une minorité civilo-militaire, par une véritable mafia mue par ses intérêts sordides. Si les politiques ont échoué à faire éclater la vérité sur ces affaires ténébreuses et attentatoire à la paix sociale, il revient à la justice, la seule de mettre fin à cette gabegie, à cette corruption qui annihile tous les efforts de développement.
En définitive, le jour où le Ministre de la Justice, Garde des sceaux, Me Malick Coulibaly, comprendra que les hommes qui ont écrit leurs noms en lettres d’or dans les annales de l’histoire de leurs pays et même du monde, n’ont souvent posé qu’un seul et grandiose acte, il se résoudra à exiger que la lumière soit faite sur toutes ces rocambolesques affaires liées à notre outil de Défense et à tous les cas de corruption. Ou tout simplement, il débarquera du navire gouvernemental et restera en phase avec sa conscience. Donc, à Me Malick Coulibaly de choisir.
Youssouf Sissoko